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Archives d'Écolos !

Table des Matières



Archives d'Écolos, c'est quoi ?


Qui se souvient-il que dès la fin des "années "soixante", les bambins des classes de sixième du collège de Luzarches ont été les premiers à bénéficier de l'étude de l'écologie enseignée au cœur même des lisières du Valois? A l'époque, une enquête avait montré que 90% des enfants de la région n'avaient pas une seule fois, l'an passé, excursionné en forêt de Chantilly! "SOS Sylvies", qui se souvient-il que ce n'était pas un club des fans de la belle Sylvie Vartan? Mais des poupons qui  savaient déjà -Michel Hervé Julien, du Museum d'His Nat l'avait écrit- que l'Anemona nemorosa dit "Anémone Sylvie" - dans le coin, on l'appelle "Pâquette"- disparaissait sous le piétinement des sous-bois de Fontainebleau.

Qui se souvient-il que dès le début des "années soixante-dix" était née l'Association d'adultes "SOS Sylvies", bientôt transformée -c'était avec l'accord de Brice Lalonde, leur fondateur en France- en un groupe local des Amis de la Terre? Les AT de la Vallée de l'Ysieux contracté en ATVY: AT du "Val d'Ysieux"? Tope là! La micro-région est baptisée!

Qui se souvient-il des immenses tournées de distribution de tracts des militants dans les villages surpeuplés ou les hameaux distants? Du militant mordu par le chien de Villiers-le-Sec? Des insultes collectionnées par nos distributeurs? Des affiches arrachées aux panneaux des élections? Des lazzis des esprits forts raillant virilement les amateurs de fleurettes et de p'tits zozios? "Eh! Va donc! Tu t'ballades!" Longues heures à rédiger, imprimer, alerter de la pollution pétrolière de L.? Des dangers de saccage du Val d'Ysieux par les "déviations" (l'Avenue de Beaumont, de Survilliers à Thimécourt; le Bois de Beauvilliers: saccagé, le sentier de Grande Randonnée GR1: volé(1-1)  au Champ des Martyrs, Le Bois du Tremblay: coupé du Bois de Champlâtreux au sud et de la forêt de Coye au nord, la Francilienne au travers des champs de poiriers... «Oh! Ça n'a pas beaucoup changé! », disent-ils, le cul rivé d'vant la télé à longueur d'existence...

Qui se souvient-il des journées passées à entretenir les chemins ruraux: cavée du Plessis, cavée de Bellefontaine, chemin des Vignes de L... Et des barbecues du midi, à grignoter trois merguez dans l'air glacé... Et des journées d'entretien du Bois de la Garenne de B. racheté en ratissant nos livrets de caisse d'épargne pour le soustraire aux lotisseurs. Et des plantations d'arbres pour remplacer les haies mortes de la graphiose de l'orme dans les années soixante-dix?

Qui se souvient-il des centaines d'affiches collées dans la région pour inviter les citoyens à se révolter (par des manifestations pacifistes!) contre la transformation de la France en première cible mondiale pour les avions détournés par un fou mystique? Aujourd'hui que vous avez eu Tchernobyl plus les Twin Towers, n'allez pas croire que tout le monde a compris l'incroyable danger de la construction d'un Superphénix, centrale surgénératrice de plutonium, bien plus dangereuse que la centrale ukrainienne! N'allez pas imaginer qu'ils auraient compris qu'un avion de ligne envolé de Lyon et jeté sur Malville, ça serait (Tchernobyl + Twin Towers) multiplié par mille, et la planète polluée définitivement par le poison cancérigène éternel: le Plutonium. Nous, on a fait trois fois le voyage: 3 juillet 1976, 31 juillet 1977 (jour de la mort de Vital Michalon, notre ami) et la "kermesse de la nostalgie", après construction.

Qui se souvient-il que Le Plessis-des-Vallées a été, dans les années soixante, le noyau d'où a germé le mot "écologie", alors inconnu des aborigènes val d'oisiens? Que ce Plessis, avec son premier panneau solaire de la région, sa visite par deux ministres de l'écologie: Brice Lalonde et Yves Cochet, son association des Amis de la Terre présidée par le journaliste fondateur de l'AJPNE: Pierre Pellerin (1-2)  (Les journalistes-écrivains pour la nature et l'écologie), a eu l'honneur d'accueillir la fleur française des "combattants de l'Arc-en-Ciel"?

Qui se souvient-il que Pascal J., de 1989 à 91 a peaufiné une enquête qui l'a amené à cotoyer le fondateur historique de l'aménagement de la région Ile-de-France: Paul Delouvrier? Qu'il a, par ce mémoire de maîtrise, posé les premières pierres du classement "Loi 2 mai 1930" des dernières parcelles de verdure du Val d'Ysieux? Que ce mémoire a été racheté pour les grands syndicats intercommunaux par le Conseiller B.M et distribué dans les communes et près des élus? Qu'il a inspiré bien des chapitres des études réalisées depuis (à grands frais) par des cabinets d'étude professionnels? (1-3)

Qui se souvient-il qu'à la suite d'un changement dans la gouvernance de l'association, son orientation pédagogique voulue par son créateur a évolué, sous la présidence dévouée de Mme Arlette Noël et grâce à une compétence juridique affûtée acquise à force d'un travail personnel acharné par Mr Etienne Böhler, l'association a gagné de nombreux procès contre des avocats professionnels pourtant spécialisés dans le droit de l'environnement? Qui a-t-il su qu'un certain Mr X., propriétaire d'une maison isolée, désireux d'y construire une usine à pain, ou un élevage à cochons, ou un hôtel à touristes de luxe... après avoir traîné les ATVY (1-4) jusqu'en Conseil d'État et avoir perdu, ne doit qu'à la générosité des écologistes qu'ils n'aient pas exigé la démolition de son immeuble? De même qu'un établissement sportif qui avait construit son bâtiment d'exploitation sur un chemin rural... etc!

Qui se souvient-il de tout ce travail de militantisme effectué bénévolement, souvent sans résultat immédiat, mais qui a participé, aujourd'hui que le Groenland vous fond au nez, que la banquise polaire s'entrouvre pour libérer le "passage du nord" des anciens navigateurs, à la prise de conscience écologique? Tardive? "Trop" tardive? Peut-être; mais nous, les Écolos, nous savions que nous avions raison et notre combat a fait de nous, au lieu de blaireaux repus des catéchismes de "pensée unique" devant leur télé, des idéalistes aux vies illuminées par leur combat: la bataille des "Combattants de l'Arc en Ciel".

Qui se souvient-il de tout ce travail de militantisme effectué bénévolement, souvent sans résultat immédiat, mais qui a participé, aujourd'hui que le Groenland vous fond au nez, que la banquise polaire s'entrouvre pour libérer le "passage du nord" des anciens navigateurs, à la prise de conscience écologique? Tardive? "Trop" tardive? Peut-être; mais nous, les Écolos, nous savions que nous avions raison et notre combat a fait de nous, au lieu de blaireaux repus de catéchismes de "pensée unique" devant leur télé, des idéalistes aux vies illuminées par leur combat: la bataille des "Combattants de l'Arc en Ciel".

Cette page contiendra des témoignages des actions écologistes réalisées.

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Notes section 1:   ( Sauter les notes de section 1 )
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1-1.-↑ Bien entendu, un correspondant nous objecte que c'était un "vol légalisé", gracieuse nuance! La municipalité concernée a entériné, ainsi que les associatifs concernés qui se sont aplatis sans combattre! Mais le renard qui s'est enfui sous le nez du "Club SOS Sylvies", dans un thalweg du flanc nord du Champ des Martyrs, le jour où nous visitions, avec les 4èmes, les strates calcaires de la tranchée de Seugy, il n'y est plus. Interdit, entre Champlâtreux et Baillon, le passage des hardes sauvages. Interdit le point de vue (le seul) sur le Val d'Ysieux, au Sud-Est et, au Nord, la vue qui s'étendait jusqu'à la vallée de l'Oise et la forêt d'Halatte. Et je me demande si ce cas de spoliation ne constituerait pas une illustration flagrante de la célèbre phrase de Proudhon: "La propriété, c'est le vol!".
1-2.-↑ JNE - Association des Journalistes-écrivains pour la nature et l'écologie (France): Les JNE regroupent aujourd’hui 290 professionnels de la presse écrite ou audiovisuelle, de l'information ou de l'écriture, tous spécialisés dans l'environnement, l'écologie, l'éco-tourisme, la protection de la nature, le cadre de vie ou l'énergie.
— Site des Journalistes-écrivains pour la nature et l'écologie
1-3.-↑ Référence: La Vallée de l'Ysieux. Milieux et Enjeux d'aménagement. Pascal Jodon 1991 (Cf le cartouche en haut de la colonne gauche).
1-4.-↑ ATVY:Les Amis de la Terre du Val d'Ysieux

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La Vallée de l'Ysieux. Milieux et Enjeux d'aménagement
Pascal J - 1991

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SOMMAIRE

Conclusion Générale 238
Notes: Fichier VYPJ.TXT/RTF

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Malville 1977: mort de Vital Michalon.


Nous, les Ecologistes des Amis de la Terre du Val d'Ysieux, nous l'avions compris dès 1976... :

 Twin Towers + Tchernobyl = Malville Superphenix

Cf: MALVILLE77-MA2.TXT

26 avril 1986: le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait.
11 septembre 2001. Quatre avions de ligne sont détournés, trois d'entre eux sont projetés contre des immeubles hautement symboliques : les tours jumelles du World Trade Center à Manhattan, à New York, et le Pentagone, siège du département de la Défense des États-Unis, à Washington.


En hérissant la France de centrales nucléaires, le Lobby Nucléaire la désigne comme une cible au terrorisme fanatique allant jusqu'au sacrifice suicidaire... Nous, les Ecologistes des Amis de la Terre du Val d'Ysieux, nous l'avions compris dès 1976... Twin Towers + Tchernobyl = Malville SuperPhenix !

Réflexions de deux manifestants: pourquoi nous étions à Malville le 31 juillet 1977.


Article paru dans "La Baleine", journal des Amis de la Terre de France; 1977.
Par Christian Jodon, fondateur des Amis de la Terre du Val d'Ysieux et Madeleine A., co-animatrice.
(Version 2008).

1.- Première réflexion

Comme Vital Michalon, nous sommes enseignants. Comme Vital Michalon, nous enseignons les sciences et nous ne pouvons passer pour des personnes sous-informées. Comme Vital Michalon, nous sommes allés à Malville en manifestants non-violents, ni casqués ni armés. Comme lui, nous aurions pu trouver la mort dans les fangeuses collines de Faverges.

Comme lui nous avons agi par pur idéalisme. Quel avantage matériel tirerions-nous en effet de l'abandon du nucléaire, nous qui sommes si heureux d'être chauffés par le fuel ou l'électricité ? Quel bénéfice aurions-nous à consacrer nos vacances à casser du bois dans les forêts voisines ? Quel bénéfice aurions-nous à réduire chez nous l'éclairage, à modérer l'utilisation de notre véhicule ? (À noter cependant que nous avons joint Le Val d'Oise à Morestel par le train et à bicyclette, histoire de montrer que, le cas échéant, nous pourrions bien abandonner la voiture.)

Nous avons une vie quasi-bourgeoise, confortable, nous avons chacun une maison, la télé, une voiture, un poste radio, un électrophone... Par quel masochisme pourrions-nous œuvrer à perdre cela, un jour, peut-être ? Et un beau métier que nous aimons... Dame! Galilée n'a-t-il pas été contraint de dire que le Soleil tournait autour de la Terre... sous peine de perdre son métier en divulguant une vérité pas bonne à dire... Pour l'époque!

Mais nous sommes venus.
Parce que nous avons chacun deux enfants.
Parce que par amour de la Vie nous avons contribué à mettre au monde quatre enfants.
Parce qu'ayant appris à onze ans, le 6 août 1945, qu'Hiroshima était survenu et que nous avons néanmoins commis le geste d'espoir de donner la Vie.
Parce que nous avons chacun deux enfants mis sur la Terre qui en 1977 tourne désormais sans inquiéter personne autour du Soleil, mais en portant assez d'ogives nucléaires pour détruire cinq fois l'Humanité ! ( Sean Mac Bride, ORTF, le 6 mars 1977). Les seuls Russes et Américains ont entassé 24.387 ogives nucléaires valant chacune au moins cinquante Nagasaki... ( SIPRI, Stockholm, 1976 ). Personne ne s'en inquiète davantage...
(3-1)

Nous sommes venus, parce que nous sommes atterrés par la responsabilité que nous avons prise en jetant quatre innocents que nous adorons dans ce monde furieux où des gouvernants mégalomanes ne rêvent que d'assurer leur domination par la possession de l'ultime violence: le nucléaire.

1.- Deuxième réflexion

Le Monde, 26 juillet 1977, page 9: un entrefilet: " Plus de 100 kilos de plutonium ont "disparu" en Grande-Bretagne". En 23 lignes on lénifie: on ne fera pas de bombes avec ces 100 kilos qui sont perdus dans les déchets des centrales nucléaires.

Un homme de la rue ne saurait réagir à une telle information, surtout présentée dans un coin de bas de page.

Mais nous, nous savons: alors nous décryptons! Nous savons que ce Plutonium perdu est d'autant plus dangereux qu'il "ne servira pas" à fabriquer la bombe. Car précisément, il ne sera pas "confiné" dans des ogives nucléaires. Car s'il ne sert pas à faire 15 ou 16 bombes ''Nagasaki'', c'est qu'il a été ou sera, a échéance, dispersé dans la biosphère.

Avec Donald Geesaman, ce savant américain qui dit: « La dispersion de 20 à 100 kilos de plutonium par an est un désastre complet pour l'espèce humaine. » Avec John Gofman et Arthur Tamplin, René Dubos (savant américain né près de chez nous, dans l'Oise), avec Georges Wald, Christian Anfinsen (Prix Nobel), André Cournand (Prix Nobel), Max Delbruck (Nobel), Paul Flory (Nobel), Polykarp Kush (Nobel), Severo Ochoa (Nobel), William Stein (Nobel), Albert Szent-Gyorgyi (Nobel), Harold Urey (Nobel), avec Barry Commoner, notre maître-à-penser l'Écologie...
Avec James Watson, prix Nobel de Médecine, notre maître-à.-penser la Biologie...
Avec Linus Pauling, prix Nobel de Chimie et antinucléaire...
Avec Hannes Alfven, prix Nobel, maître-à-penser de la physique et antinucléaire...
Avec Carl J. Hocevar, responsable de la Sécurité de l'A.E.C. ( le CEA américain), démissionnaire de son poste le 22 septembre 1973...
Avec Dale Bridenbaugh, Gregory Minor, Richard Hubbard, trois ingénieurs de la seconde compagnie nucléaire du monde: "General Electric" où ils gagnaient 15.000F par mois, qui ont démissionné le 4 février 1976 en déclarant: " Nous devons arrêter toute nouvelle construction et ré-examiner sérieusement celles qui existent. Un vigoureux programme d'économie d'énergie donnerait plus de résultats que le programme nucléaire"...

Avec Lew Kowarski, un des fondateurs du CEA et qui l'a rappelé l'année dernière, nous savons surtout qu'un millionième de gramme* de plutonium suffit à tuer un homme".

Avec Jean Rostand.
Avec Haroun Tazieff qui a démontré dans un rapport sur l'énergie géothermique qu'on pourrait chauffer avec les calories terrestres presque tous les logements français. Il y a de ça presque 20 ans: c'était en 1959. L'usine nucléaire de Marcoule débutait à la même époque...
Avec Jean-Yves Cousteau qui vient de dire:
Les promoteurs du nucléaire sont des idiots technocrates qui jouent au Meccano avec la vie humaine"...
Avec Alain Bombard qui a dit: " La France est le seul pays au monde pensant seulement au nucléaire dans la diversité des ressources d'énergie"...
Avec Hermann Kahn de l'Institut polytechnique du Massachussett qui a dit: "La pollution et la surpopulation feront de l'an 2000 une catastrophe"...
Avec Alfred Kastler, Prix Nobel français de Physique qui a dit: " L'espèce humaine court à son suicide"...
Avec tous les savants qui ont stigmatisé le danger nucléaire: nous savons!

Nous savons que les cent kilos de plutonium perdus dans la biosphère par les Anglais égalent cent milliards de doses létales virtuelles. Cent milliards de morts humaines potentielles.
Nous savons que dans 24.390 ans (période ou temps de demi-vie du plutonium), ce même transuranien égaré représentera encore 50 MILLIARDS de morts humaines potentielles.
Dans 50 000 ans (25 fois de Jésus-Christ jusqu'à nous soit une éternité à l'échelle humaine) cet isotope perdu par les Grands-Bretons (et les autres ne font pas mieux!) sera encore capable de tuer 25 milliards d'hommes. Et si à cette époque les hommes ne sont pas plus nombreux qu'aujourd'hui (4 milliards en mars 1976) chacun aura de quoi contracter 6 fois le cancer avec cette seule perte anglaise qualifiée de "disparition liée à des incertitudes de calculs"! Et si les Hommes pullulent jusqu'à 12 milliards et davantage, même posologie avec le Plutonium produit d'ici là... sur une planète exsangue...
Alors, comme ça, nous devrions faire confiance à des technocrates qui basent leur pari nucléaire sur des "incertitudes de calcul" ... comme le dit plus loin, le Monde du 26 juillet 1977, même article, mais cette fois en caractères de moins d'un millimètre de corps! Quelle importance l'homme de la rue peut-il accorder à un texte écrit si petit!. Nos journalistes d'opinion le savent bien qui titraient en manchette les jours suivant la Manif de Malville:
France-Soir: "La dramatique journée de Malville" sur 68 mm de hauteur;
Le Parisien: "Ecologie: OUI, Violence: NON " sur 80 mm de hauteur...

Donc Le Monde du 26 juillet nous apprend à voix basse que "ce n'est pas le première fois que des pertes de matières fissiles sont signalées: les Américains en ont reconnues plusieurs d'importance.." Pays Anglo-saxons: tout se sait; pays latins: tout se tait! Omerta institutionnalisée! Presse monopolisée…

Et le plutonium des milliers d'ogives russo-américaines (dont la demi-vie est de 24.387ans ), où sera-t-il passé dans cinquante mille ans? En fait, nous devrions dire dans 243.900 ans car on estime qu'il faut dix périodes pour qu'un radio-isotope devienne inactif. Mais nous voyons bien que tous ces braves gens ont déjà bien de la peine à accorder 50 000 ans de survie à l'espèce humaine! "Après moi le déluge !", comme disait le Bien-Aimé**. Le calcul est simple et pourrait être fait par des élèves du cours préparatoire: c'est la biosphère empoisonnée par le poison universel pour toujours! L'homme de la rue, vue sa répugnance à compter des opérations, ne fait pas ce calcul et c'est pourquoi nous redouterions tellement les résultats d'un référendum nucléaire !

Et le plutonium de la Bombe d'Ali Bhutto (ou successeurs) qui a dit: "Nous mangerons de l'herbe mais nous aurons la bombe". Et la bombe de Bokhassa Ier, Empereur ?
Leprince-Ringuet, savant nucléaire (et pro-nucléaire) écrit:
" Je ne sais pas ce qui se passera dans les vingt ans qui viennent. Amin Dada aura-t-il sa bombe atomique? Ceux qui placent des charges de plastic dans des valises à l'intérieur des consignes des gares le remplaceront-ils par de petites bombes atomiques ?"

Vous savez mieux que nous qu'il n'est pas besoin de ces bricolages, M. Leprince-Ringuet: n'importe quel sel d'un radioélément déversé dans la Seine ou dans le réservoir de (...) ferait bien mieux l'affaire. La nappe de Grenoble était déjà contaminée cet automne dernier. Leprince-Ringuet dit encore:" ...nous savons qu'il y a des risques et je vous redis ma conviction: on ne peut progresser si on n'accepte pas certains risques. ... Non, les risques ne peuvent pas être tous calculés."

Nietzsche disait: "Il faut vivre dangereusement." Qu'on lui livre Leprince-Ringuet!

Mais nous , pauvres petits écologistes militants, nous ne savons qu'une chose: même si nous avions le droit de choisir pour nous et nos contemporains le dangereux nucléaire, nous n'avons, de toute façon, pas le droit de l'imposer à nos enfants ni aux enfants de nos enfants... !

NB: * D'aucuns disent: 1 milligramme
** Louis XV (au début de son règne; mais son corbillard est parti sous les jets de pierres…)


1.- Troisième réflexion

Perdus dans la multitude, face à l'armée suréquipée du Superphénix, nous pensons à cela.

Nous disons "la multitude" et voulons redresser ici une fausse information officielle reprise par les journalistes d'opinion. Dimanche 31 juillet 1977, nous sommes partis de Courtenay à 10h30. Nous avions choisi, de marcher en fin de colonne parce que nous emmenions, malgré l'interdiction des organisateurs, nos enfants. Les imbéciles nous disent déjà que ça n'était pas leur place! Et les enfants de Seveso, c'était leur place? Et les tendrons d'Hiroshima le 6 août 1945, c'était leur place? Et les poupons de Genève, Chambéry, Grenoble, de Lyon en 1982, à 50 ou 60 km du Superphénix, ça sera leur place?

A 10h30, la tête de cortège piétinait dans la boue de Faverges. Là-haut, à Courtenay, les organisateurs "tassaient" les manifestants par crainte que le cortège ne soit scindé par les CRS. Il y avait donc devant nous un cortège continu sur 9 kilomètres de route. Neuf mille mètres. Une photo publiée en première page du "Dauphiné libéré" du 1er août montre ce que le journaliste appelle "l'un des cortèges en marche près de Courtenay"; en fait, une minime portion, 100 mètres de cortège, un centième de la procession. On peut y estimer a cinq les manifestants par mètre linéaire. On reste à coup sûr au-dessous de la vérité.

Calcul: 9000 fois 5 = 45 000 personnes. Les 45000 qui marchaient devant nous lorsque nous avons quitté Courtenay. Ajoutez ceux qui suivaient, à perte de vue lorsque nous avions bien marché. Ajoutez ceux qui venaient de Montalieu et ceux qui s'étaient entassés au Devin de Faverges, face aux CRS. ceux qui coupaient à travers champs, à travers bois, hors des chemins... C'est arithmétiquement à un minimum de 50.000 qu'il faut chiffrer les manifestants. Alors pourquoi les rapports officiels minimisent-ils les chiffres, suivis par les journalistes d'opinion. Qui veut-on rassurer? A-t-on peur que les Français sachent l'ampleur des dangers nucléaires? l'ampleur de la contestation antinucléaire en France ?

En France, non ! en Europe. Autour de nous, nous l'attestons: sans arme ni casque (à part quelque poignée maigre et inorganisée d'excités banals), que de Belges, d'Anglais, de Hollandais; que de Suisses, de Danois, d'ltaliens, de Suédois, d'Espagnols !... En majorité des intellectuels sans doute? Étudiants et enseignants: l'internationale spontanée de l'intelligence anti-nucléaire. Nous le prétendons sans fausse modestie, face à ce journaliste d'opinion qui nous a traités "d'idéalistes de rencontre", de "pauvres belles âmes", de "chiens dévorants du fanatisme", de "pauvres apprentis sorciers"... Beau métier que celui de l'Information !

Parlons-en des apprentis-sorciers: de ceux qui fondent leurs centrales sur des "incertitudes de calcul" et des "risques incalculables" acceptés pour nos descendants, pour vos descendants innocents dont tout le monde se moque... hormis nous, les manifestants!

Au passage, rendons un hommage. Depuis 1940, nous gardions une vieille haine pour "le Boche". "Boche" qui a dispersé nos familles de Londres à Koenigsberg pendant cinq ans. " Boche" par qui nous avions failli mourir étant enfants, périr de faim, de froid, de peur, dans les exodes et les bombardements... Eh bien ! Nous ne dirons plus jamais "les Boches". Tandis que nos lycéens se doraient la couenne sur les plages d'Italie, de belles jeunes filles blondes et leurs idéalistes compagnons d'Outre-Rhin sont venus prendre leur place dans la manif de Malville. Ils nous ont réconciliés avec l'Allemagne.

1.- Quatrième réflexion

Chaque fois que nous vendons une centrale nucléaire à l'étranger, nous lui vendons aussi ses déchets, donc le Plutonium, donc la bombe.
U238/92 + 1 neutron: N1/0 U239/92 + Gamma + Bêta- Np239/93 + Bêta- Pu239/94
En simplifiant (notamment l'écriture), c'est la suite de réactions nucléaires montrant comment l'Uranium se transforme en Plutonium dans les piles atomiques et le cœur de centrales nucléaires.


Aucune Agence de Vienne ne saurait contrôler avec exactitude la production de plutonium. Le Monde du 26 juillet 1977 nous l'a involontairement démontré. Avec Georges Rathjens, Professeur à l'Institut technologique du Massachussett qui a dit: " Avec la meilleure supervision qui soit vous ne pourrez jamais contrôler avec certitude tout le plutonium. Une partie pourra toujours être détournée clandestinement pour la fabrication des bombes." Nous le savions déjà.
(3-2)

Avec Harry Truman, Président des Etats-Unis et commanditaire d'Hiroshima, qui a dit en 1945:" Le problème numéro un du monde sera désormais la prolifération de la bombe atomique. "

Avec Vital Michalon, Professeur de Physique et Officier de réserve donc bien placé pour le savoir lorsqu'il lui est échu, le 31 juillet 1977, d'être, sur la colline de Faverges, le premier martyr de l'Écologisme, le premier mort de l'autoritarisme nucléaire... civil !

Nu-tête et les mains nues.
Nous savions déjà tout ça quand nous cheminions, l'angoisse au cœur et nos fils à la main...
Nous le savions déjà mais nous continuions de marcher dans cette Babel serpentiforme qui criait au monde ce vers de Shakespeare:
" Contre la faux du temps, rien ne peut te défendre, que ta lignée. "

© Christian Jodon, Enseignant et Madeleine A., Enseignante
Les Amis de la Terre du Val d'Ysieux
Reproduction autorisée avec la mention:
"© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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Notes section 3:   ( Sauter les notes de section 3 )
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Texte formaté: "Malville 1977"

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«ESPACE VERT 95»
Contre ceux qui disent: «On n'y peut rien !»


J'étais un enfant du pays. Des paysans d'Orry-la-Ville.

Nous avons eu des parents à Luzarches. À l'entrée du bourg, ils avaient placé sur le trottoir, pour attirer les chalands, un mannequin de taille nature: "le grenadier". Ce qui est devenu par la suite un restaurant était alors tenu par les R., père et fils, déjà propriétaires d'une boutique d'antiquaires à Paris qui avaient établi là une échoppe "provinciale". Si bien que lorsqu'après avoir été parisiens nous avons choisi de nous rapprocher de la famille pour vivre dans un milieu agreste, c'est ici que nous sommes venus construire le nid familial.

On conçoit que les albums jaunis des photographies du XIXème siècle nous aient légué une image différente de ce qu'est devenue la lisière sud des massifs des "Trois-Forêts". Voilà pourquoi il nous incombait de défendre ce cadre privilégié malgré les dégradations… Pour nos enfants, pour les vôtres.

Combien de fois n'avons-nous pas entendu des mollassons se lamenter: «Bien sûr, ça change; ça se couvre de béton, mais qu'est-ce qu'on peut y faire ? Rien !» Eh bien si ! On a pu. On a été courageux. On a travaillé; on "s'est bougé"; on a payé de sa personne et de son salaire: on a fait visiter à deux ministres de l'Environnement ce que dans notre région vous ne connaissez pas vous-même: les bois, les haies, les chemins ruraux, les champs bien ratissés, les friches aimées des faunes des bois, les poiriers centenaires, les ravins remplis de jacinthes... Brice Lalonde a déjeûné place des Tilleuls, à l'auberge du Marin. Anne Boudou, l'attachée parlementaire d'Yves Cochet, a logé dans la mairie du Plessis. Ils ont aimé défendre ce petit coin de nature resté vert sous les pistes d'envol du Concorde comme un vestige du Valois de Nerval.

Et tout d'un coup, voilà: « Journal Officiel de la République Française; 6 avril 2002, page 6120. Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'environnement:
Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'environnement: Décret du 29 mars 2002 portant classement d'un site.

Décret du 29 mars 2002 portant classement d'un site

  Par décret en date du 29 mars 2002, est classé parmi les sites du département du Val-d'Oise l'ensemble formé par la vallée de l'Ysieux et de la Thève, sur le territoire des communes d'Asnières-sur-Oise, Bellefontaine, Chaumontel, Epinay-Champlâtreux, Fosses, Jagny-sous-Bois, Lassy, Luzarches, Mareil-en-France, Marly-la-Ville, Le Plessis-Luzarches, Puiseux-en-France, Seugy et Viarmes (1)

(1)- Le texte intégral de ce décret et les plans annexés pourront être consultés à la préfecture du Val-d'Oise et aux mairies d'Asnières-surOise, Bellefontaine, Chaumontel, Epinay, Champlâtreux, Fosses, Jagny-sous-Bois, Lassy, Luzarches, Mareil-en-France, Marly-la-Ville, Le Plessis-Luzarches, Puiseux-en-France, Seugy et Viarmes…

C'était lorsqu' Yves Cochet était ministre de l'Environnement avec son Attachée parlementaire Anne Boudou. Bravo ! Merci Monsieur le Ministre ! Pour tous les enfants nés et à naître dans le Val d(Ysieux;… si leurs parents font le nécessaire pour ne pas laisser gâcher ça.

Je vous ai mis, ci-dessous, les vingt-cinq pages de ma déposition au Cahier d'enquête pour le Classement. Non, non, non ! Ne vous découragez pas: c'est pas moi qui l'ai écrite: je l'ai conçue comme un ensemble d'extraits (brefs) de textes d'auteurs classiques tous très importants: une vraie "mine culturelle" qui vous donnera envie d'acheter et de lire les bouquins originaux. Mais si, si,si... je suis bien certain que Monsieur le Préfet (à qui c'était adressé) s'en est délecté sans en laisser perdre une goutte. Ah! la Culture: « Ce qui reste lorqu'on n'a rien oublié » pour paraphraser un maire de grande banlieue (*) .
Convention d'écriture: mes textes personnels (rares) seront en noir. Les citations en bleu. Vous pourrez importer un fichier .PDF facile à imprimer (choisissez le recto-verso: il y a quand même... 25 pages). Télécharger le texte en fichier .PDF; cliquer ici

ESPACE VERT 95

Une philosophie écologiste pour l'aménagement des  zones rurales péri-urbaines. L’exemple du Val d’Ysieux.
Recueil de citations d’auteurs classiques
Edition Septembre 2000 v.2009 - 1ère édition 26 janvier 1978
Avertissement aux Lecteurs
Monsieur, Madame, chers Lecteurs;
La rédaction, les démarches pour autorisations, la dactylographie, l'impression, la diffusion de ce bulletin ont demandé plusieurs semaines. Le rédacteur y a sacrifié de nombreuses journées de loisirs et l'Association une partie de son budget. C'était par idéal , pourservir la collectivité. La lecture attentive ne demande qu'une demi-heure. Les textes, extraits d'auteurs connus, parfois célèbres vous en garantissent la valeur culturelle. Consacrez-leur une demi-heure d'attention. Soyez indulgents pour la présentation matérielle, pour le style, hétérogène et pour les propos... militants des héros de Jules Romains. Nous avons naïvement voulu servir l'Ecologie, l'Humanité, "vous” servir.
Le Courrier de la baleine (1)
Amis de la Terre du Val d'Ysieux
1) Avec l’autorisation de Pierre Samuel, alors Président, cette notice était parue en 1978 sous-forme d’un bulletin de “La Baleine” et au nom des Amis de la Terre, groupe du Val d’Ysieux.)

I. Espace Vert 95: Un avenir pour notre région le refus d’une fausse fatalité. Le Val d’Ysieux: définition géographique.

Sortant de la conurbation parisienne vers le nord, le voyageur, quelle que soit la route qu'il emprunte, doit, au moment de pénétrer au royaume onirique de Nerval - le Valois sylvestre et brumeux, franchir le “ Val d'Ysieux". Vallon sec descendant à l’Est de la butte-témoin de Saint-Witz, mouillé du ru d'Ysieux depuis les “Abîmes” de Fosses, il se jette dans l’Oise à l’Ouest, en aval de Royaumont. elief inespéré avant d’entrer sous la couronne forestière, il distrait le voyageur des platitudes de la Plaine de France dans un panorama de bocage ruisselant d’eau . Il surgit comme l’espoir de l’imagination et du rêve triomphant de l’abjection des métastases urbaines…“Le rêve est une seconde vie…”

“Quelle triste route, la nuit, que cette route de Flandre, qui ne devient belle qu’en atteignant la zone des forêts ! Toujours ces deux files d’arbres monotones qui grimacent des formes vagues au-delà, des carrés de verdure et des terres remuées, bornées à gauche par les collines de Montmorency, d’Ecouen, de Luzarches. (...) Plus loin que Louvres est un chemin bordé de pommiers dont j’ai vu bien des fois les fleurs éclater dans la nuit, comme des étoiles de la terre c’était le plus court pour gagner les hameaux.”
Ainsi, quittant à Champlâtreux le bitume démentiel de la RN16, Célénie pouvait-  elle découvrir, encore il y a peu d’années, les chemins paisibles bordés de pommiers  conduisant aux “bords marneux des étangs de Commelle” , aux “grottes perdues dans les bois, les ruines des vieux châteaux, les temples écroulés aux colonnes festonnées de lierre, le foyer des bûcherons où elle chantait et racontait les vieilles légendes du pays ”.

Nous n’irons plus au bois, les pommiers sont coupés et les maisons des bûcherons sont désormais crépies de tyrolien. Des autoroutes que les biches ne peuvent plus franchir découpent “en habit d’arlequin” les marches du Valois; et si l’on entend encore, en l’an 2000, le brame des cerfs depuis les villages des bois de Jagny, c’est un chant d’agonie d’animaux esseulés condamnés par l’isolement génétique à une fatale dégénérescence.

C'est notre seule génération qui porte la responsabilité de cette perte culturelle , de cette liquidation, sous une immense diarrhée de béton, du Val d'Ysieux traditionnel. Qu’en reste-t-il ? Qu’en peut-on sauver ? Pour ses habitants, pour les citadins, pour nos générations futures ?

  C’est ce que je crie depuis trente ans.
  C’est ce que crie depuis trente ans une association.

© Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
"© Christian Jodon-SGDL, 27 septembre 2000;
http://www.sos-valdysieux.fr "
Co-fondateur Association SOS SYLVIES
et Les Amis de la Terre du Val d’Ysieux

II. L’urbanisation, phénomène historique. 1830: premier milliard !
An 2000, six milliards dépassés ! Pendant des millions d’années, la courbe de croissance de l’humanité avait rampé laborieusement, limace collée à l’axe des “x”, disputant aux espèces quelques lambeaux de planète; et voilà qu’à l’aube du XIXème siècle la courbe se dressait comme un crotale lové autour de l’axe des “y” ! Déjà, génie précurseur de l’Ecologie qui ne serait baptisée qu’en 1866, Malthus publiait le “Principe de population”  . Bientôt, Friederich Engels décrivait l’immense détresse des paysans arrachés à leur glèbe et enchaînés aux machines industrielles . Aujourd’hui, arasant les forêts tropicales, aspirant jusqu’aux tréfonds les réserves de pétrole et dispersant avec inconscience le plutonium des centrales sur les plaines nourricières, pullulant avec insouciance sur des montagnes de déchets, l’Humanité prépare activement la réalisation d’un des scénarios de Paul Ehrlich la famine, la pandémie sidaïque ou la troisième guerre mondiale.

“La Bombe P”, par Paul Ehrlich.

“On a estimé-que, six mille ans avant Jésus-Christ, la population mondiale se situait aux alentours de 5 millions d'hommes et qu'il lui avait fallu environ un million d'années pour passer de 2 millions et demi à ce chiffre. Elle n'a atteint 500 millions d'hommes que huit mille ans plus tard, soit vers 1650 après Jésus-Christ il lui avait donc fallu à peu près mille ans pour doubler. Elle atteignit le milliard aux environs de 1850, doublant alors son chiffre en quelque deux cents ans. Quatre-vingts ans ont suffi pour que la population mondiale doublât encore, atteignant les 2 milliards d'hommes aux environs de 1930. Nous n'avons pas encore atteint le moment où elle va doubler à nouveau pour en arriver aux 4 milliards, mais elle a déjà largement dépassé les 3 milliards et demi. Le temps de doublement à l'heure actuelle semble être de trente-sept ans environ, c'est-à-dire qu'il y a eu dans ce processus de doublement démographique une réduction du temps impressionnante 1.000.000 d'années, 1000 ans, 200 ans, 80 ans , 37 ans. Peut-être la signification d'un temps de doublement réduit à trente-sept ans sera-t-elle mieux comprise par un petit exercice théorique. Considérons, en effet, ce qui se passerait dans l'absurde hypothèse où la population continuerait de doubler tous les trente-sept ans d'une manière indéfinie. Si la croissance continuait à ce taux pendant neuf cents ans environ, il y aurait quelque 60 000 000 000 000 (60 millions de milliards) d'hommes sur la terre, soit environ 120 personnes au mètre carré sur toute la surface de la planète, mers et océans compris. Un physicien britannique, J. H. Fremlin, a imaginé qu'une telle foule pourrait être logée dans un bâtiment unique de 2000 étages qui couvrirait toute la surface du globe. Les 1000 étages supérieurs…"

“Les 40000 heures”, par Jean Fourastié.

“Jusqu'à nos temps, l'homme était rare sur la terre, il sera abondant dans l'avenir. Les hommes que nous appelons préhistoriques devaient être peu nombreux; on avance, pour le début du quatrième millénaire avant Jésus-Christ et pour la planète entière, le chiffre de 10 millions d'humains c'est aujourd'hui, à très peu près, la population de la commune de Tokyo.”

  “Les 100 millions furent atteints, pense-t-on, au temps du Christ; à ce moment donc encore, c'est-à-dire tout récemment dans l’histoire de notre espèce, Français plus Italiens d'aujourd'hui eussent à eux seuls peuplé les cinq continents. Le milliard fut compté vers 1830. En 1962, nous étions 3 135 000 000. L'évolution présente implique que les six milliards seront dépassés en 2000.
Il faudrait une assez improbable chute du taux de fécondité pour que les douze milliards ne soient pas approchés en 2050 ou 2060. “

“Les densités qui résultent de ces nombres sont les suivantes les terres immergées forment 140 millions de km2 environ; jusqu'à l'ère chrétienne, il y eut plus d'1 km2 par être humain; en 1860, la moyenne générale fut déjà de 10 habitants au kilomètre carré; en l'an 2000, ce sera 50 et en 2050, 100. “

  “Si on exclut les terres a priori peu agréables à habiter par des hommes qui n'y sont pas poussés par une rigoureuse nécessité (et l'homme moyen du XXIe siècle devrait être affranchi de ces nécessités), pôles et déserts glacés ou brûlants, sommets montagneux, il faut majorer ces chiffres d'un minimum de 100%. Cela donne 35 habitants par km2 aujourd'hui; 100, en 2000; 200, en 2050. La densité de la République fédérale allemande est aujourd'hui de 220; celle de la Belgique de 302; celle de l'Italie de 167; celle de la France de 86. Par contraste, la densité de la France au début du XVIIIe siècle était de 40 habitants au kilomètre carré; le monde n'avait jamais eu une telle densité sur un si grand territoire.”

  “On sait que ces accroissements de densité s'accompagnent d'une concentration urbaine. Le phénomène urbain est récent dans l'humanité. En 1801, Paris ne comptait que 547 000 habitants; la France, pays alors le plus dense d'Europe, n'avait que deux autres villes dépassant (de très peu) les cent mille habitants; cinq autres se situaient entre 50000 et 100000; vingt-deux entre 20 et 50000. Au total moins de 2 millions d'habitants sur 30 habitaient des centres de plus de 20 000 habitants. Jusqu'à une date récente, moins de 10% de l'humanité habitait des villes. Ce quotient s'accroît si vite aujourd'hui qu'il est possible qu'au XXIe siècle, la différence entre ville et campagne cesse d'être significative, l'habitat se répartissant en «nébuleuses» continues. “

  “L'abondance et la richesse de l'homme moyen a pour corollaire la rareté et le rationnement de l’espace. Dès aujourd'hui, le Français moyen ne peut posséder plus d'un hectare de terre française, et l'Allemand moyen plus d'un demi-hectare. “

Jean Fourastié, “Les 40000 heures” ; p.152.153 - Bibliothèque Médiations Denoël-Gonthier - autorisation Editions Robert Laffont
  L’urbanisation est due également au développement de l’économie de marché, à l’industrialisation de l’agriculture et à l’exode rural.

“Nous n’avons qu’une Terre”, par Barbara Ward et René Dubos.

“Durant des millénaires l'homme a surtout travaillé la terre; l'extension du peuplement était modeste, les relations sociales fondées surtout sur le voisinage et limitées en grande partie par les distances qu'on pouvait parcourir à pied. En 1790 encore, 95 % des Américains vivaient dans des villages de 2 500 habitants ou moins Deux villes seulement, Philadelphie et New York, atteignaient le chiffre de 35 000 habitants. Dans presque tous les groupements humains primitifs - villages ou petites villes - les hommes occupaient des maisons pour eux et leurs familles et s'adonnaient à l'agriculture en petites collectivités. Toutefois, dans certains pays (nous pensons à de vieilles capitales comme Rome dans l'Antiquité ou Londres au XVIIe siècle) le peuplement urbain était parvenu à un échelon supérieur et quelques villes avaient un million d'habitants ou davantage. Mais avant que l'industrie ne déplaçât les ouvriers des champs vers les usines et n'amorçât l'expansion démographique du XIXe siècle, personne n'aurait pu prévoir le rythme auquel s'amplifierait le peuplement urbain. A l'heure actuelle on considère une collectivité de 20 000 habitants comme le premier degré de l'échelle de croissance urbaine; plus de la moitié des habitants des pays économiquement développés constituent déjà des collectivités urbaines plus étendues et plus de la moitié d'entre eux vivent dans de grandes villes de plus d'un million d'habitants. En outre, les plus imposantes concentrations urbaines - des métropoles de la taille de New York, Tokyo, Paris, Moscou, Calcutta ou Buenos Aires - où sont rassemblés 7 millions et plus de citadins, se développent deux fois plus vite que des villes de moindre importance. L'extrapolation de ces tendances jusqu'en l'an 2000 aboutirait à ce que plus de 80 % de la population des pays développés résident dans le secteur urbain. Au nombre des plus imposantes conurbations, Londres couvrirait alors la plus grande partie du Sud-Est de l'Angleterre, Paris irait de Rouen à Orléans; Boston atteindrait Washington en englobant New-York, et Tokyo, formant à elle seule une mégapole de 30 millions d'habitants par absorption de Yokohama, investirait la baie de Tokyo en totalité. En outre, les relations entre pays et régions, entre différentes communautés d'étude et d'intérêt, entre professions et groupes financiers, en liaison les uns avec les autres grâce aux communications terrestres et aux transports aériens, sont en voie de constituer sur de larges portions du globe une sorte de collectivité à l'échelle planétaire ou « écouménopole » dans laquelle, quelle que soit la distance spatiale, le contact est si immédiat, les activités si interdépendantes, l'interdépendance tellement étroite que l'on commence à parler de « village global ». “

  “Ce type d'univers, uniformisé et urbanisé, est dû en grande partie à la création aux XVIIIe et XIXe siècle de l'économie de marché. Mais il s'en faut que les besoins et les décisions économiques sur quoi elle était fondée aient constitué la meilleure infrastructure par la construction d'un environnement urbain postindustriel digne de ce nom! Nous en avons déjà envisagé une raison: la notion de coûts industriels, qui laisse de côté les « frais supplémentaires » principaux dus à la pollution et aux déchets, a abouti à surcharger les grandes villes d'un amas de détritus et d'ordures qui ont encore aggravé le problème préexistant de l'évacuation des eaux d'égouts. Il y a à cet état de choses deux raisons plus complexes. La première découle du coût des constructions considérables nécessaires pour donner abri à un accroissement énorme de la main-d'œuvre qui s'urbanise. Tous les types d'économies (qu'elles soient de marché, centralisées ou mixtes) ont eu à faire face à cette urgence. Que les frais soient assumés à titre privé ou public, la seule réponse aux exigences du développement urbain à ses débuts est la concentration, de façon à réaliser une économie d'espace et de matériaux. Au XIXe siècle, ce besoin eut pour résultat les rangées de maisons uniformes de Londres ou du vieux New York. Mais lorsque les procédés de construction échappèrent aux petites entreprises et ne dépendirent plus seulement du travail manuel, lorsque les matériaux industriels - béton, acier - commencèrent à remplacer le bois et la brique, lorsque l'infrastructure des eaux usées et de l'énergie devint plus chère, ce fut le début de l'ère de la maison de rapport et de la construction d'immeubles de huit à dix étages d'appartements individuels souvent empilés dans le minimum de place, avec le minimum de commodités. “
Barbara Ward et René Dubos - “Nous n’avons qu’une Terre” - J’ai lu - Documents n°D38 p.175 - Exclusivité Flammarion


Comment cette urbanisation s’est-elle faite ?,

Mal ! Anarchiquement. Sans harmonie. Telle un cancer. C’est le “désurbanisme” de la société industrielle du XXe siècle, ère de la médiocrité des urbanistes qui n’ont pas su inventer une suite logique aux bourgs harmonieux des siècles passés; qui n’ont su que laisser bâtir au hasard des amoncellements de bâtisses prétentieuses et hétéroclites; qui ont laissé s’écrouler les cœurs sublimes de village et déféquer à leur périphérie une banlieue stéréotypée de béton; qui ont défiguré les villes en posant avec arrogance des pompidoliums et des bibliothèques d’Offense face à des Notre-Dame !


“Colère au-dessus de la banlieue”, par Jules Romain.

“L'avion approchait de la région parisienne. Comme il volait assez bas, l'on voyait aisément, dans la campagne, les premières maisons, les premiers paquets et traînées de maisons qui annonçaient la banlieue. Les pensées de Haverkamp en reçurent une brusque diversion, qu'il avait tout motif d'accueillir. Comme à chacun, ou presque, de ses départs ou de ses retours il sentit naître la même colère désintéressée. Loin de l'écarter cette fois, il s'y complut « Ah ! les salauds ! Jamais je ne leur pardonnerai ça. De si beaux environs, autour d'une si belle ville ! Les avoir laissé défigurer, saboter à ce point ! Depuis dix ans, il ne s'est fait que des ignominies, et des ignominies mesquines. Pas de grandes sorties, pas de belles routes, pas d'avenues circulaires, pas d'ensembles résidentiels, pas de parcs, pas de ces jolies villes satellites comme en Hollande ! Non ! De l'ignominie ! Du vidage de poubelles ! De l'excrément de chiffonnier et de concierge. Des lotissements tracés n'importe comment et n'importe où par de petits bandits.

  Là-dessus, de miteuses constructions posées au petit bonheur, le long, de chemins défoncés. Plus hautes que larges, à cause du manque de place, et pour que ce soit encore plus laid. Une silhouette qui rappelle celle du cabinet d'aisances au fond d'une cour de campagne. Ces pauvres toits à une seule pente, comme pour des lapins. Les matériaux les plus infects des parpaings en papier buvard, de la brique creuse de huit centimètres, cuite au rabais, du bois blanc encore tout vert, de la tôle ondulée ! Dans un pays pareil ! Pour un peuple qui avait un passé pareil !  Ah ! les cochons ! Je voudrais les aligner contre un mur, et promener une mitrailleuse; les aligner tous les margoulins qui ont monté ces coups-là, qui ont collé à plus d'un million de pauvres diables ces terrains et ces matériaux; les conseillers municipaux qui leur ont servi de complices; les fonctionnaires qui ont assisté à tout sans pousser des cris d'indignation, Ies députés et les gouvernants qui n'ont pas daigné s'apercevoir qu'on saccageait, qu'on étranglait Paris, plus qu'aucune guerre ne l'a jamais saccagé, qu'aucun siège ne l'a jamais étranglé. Salauds ! Salauds ! Et menteurs par-dessus le marché ! Tout ce qu'ils nous ont raconté et promis au lendemain de la guerre ! Les deux ceintures de Paris ! Le grand boulevard des collines ! Les chapelets de parcs, de terrains de sport ! ... Les autodromes !... Sales petits bandits. »

Jules ROMAINS - Agrégé de philosophie; Licencié ès sciences; Membre de l’Académie française - “Les hommes de bonne volonté - Comparutions” - Le livre de Poche n°3693, p.35; Autorisation des Editions Flammarion

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III. L’urbanisation. mécanique de la spéculation foncière.

A. En France.

“36000 Maires en Procès”, par Louis Bériot.

“ Il faut souvent des associations ou des citoyens vigilants pour détecter les anomalies des gestions municipales.”

“ Nous avons vu qu'un grand nombre de maires étaient propriétaires exploitants. Pour ceux qui ont leur commune dans des zones de rayonnement des grandes villes, le lotissement est une formule de gestion attrayante. Comme le conseil se compose souvent de plusieurs propriétaires, il est tentant de dessiner le plan d'urbanisme en fonction des possibilités de chacun. Le conseil municipal se transforme alors en un véritable groupement d'intérêts économiques. ”

  “ Les maires sont souvent des notables locaux et l'administration est toujours soucieuse de ne pas froisser l'élu; elle en fait un complexe qui la conduit parfois à fermer les yeux sur certaines irrégularités. A Brindas, en bordure de la communauté urbaine de Lyon, l'administration avait ainsi laissé passer un P.O.S. douteux voté par le conseil municipal et dans lequel le maire agriculteur avait oublié les paysans. Bien que plus des deux tiers de la commune soient cultivés, aucune zone n'était réservée sur le P.O.S. à l'agriculture. La proximité de Lyon a probablement dû inciter le maire, un notable du coin, M. Alexandre B., plusieurs fois président d'organismes para-agricoles, à mettre toute sa commune en zone d'urbanisation, en particulier sa propriété, le Domaine des Plateaux, qu'il a pu vendre 6,6 millions à une société de construction dans laquelle il conservait des parts. ”

  “ Tout cela est très classique et très courant. Dans mon village de l'Eure, le maire, gros exploitant agricole, notable départemental, est aussi un important propriétaire foncier dans la commune. Le plan d'urbanisme est rédigé de telle façon qu'une partie des lotissements autorisés le sont sur ses propres terres. Cet état de choses ne choque personne, semble-t-il, puisque, pour rendre tout à fait normales et officielles ces autorisations de lotir, le préfet qui les a accordées s'est rendu lui-même propriétaire d'un terrain sur l'un des lotissements. Est-il souhaitable qu'un maire puisse réaliser des transactions foncières et immobilières dans sa commune sur ses terres, sans que celle-ci entachent sa fonction d'élu de quelque suspicion ? Est-il acceptable qu'un maire délivre les permis de construire pour des terrains qu'il a lotis ? N'est-il pas trop juge et partie ? Il semble que le législateur devrait se pencher sur cette question qui va devenir de plus en plus à l'ordre du jour, lui qui il y a peu a refusé à tout parlementaire le droit d'être aussi promoteur. ” pages 92/93

  “ Il n'y a pas d'exemple égal à celui du foncier où le risque de corruption est aussi grand. Le changement d'une virgule et d'une conjonction dans un arrêté municipal ou dans un règlement d'urbanisme peut rendre un propriétaire ou riche ou misérable.  ”
  “ L'arbitraire peut être la règle, car la loi n'est jamais assez précise; la clandestinité et le silence qui entourent toutes ces opérations d'urbanisme rendent encore plus suspectes les interventions dans un sens ou dans un autre des administrateurs d'une collectivité. ”
  “ Certes, le rôle de l'élu est indispensable puisqu'il s'oppose à l'arbitraire des décisions administratives; mais n'y a-t-il pas beaucoup d'arbitraire dans le pouvoir souvent discrétionnaire d'un maire ? L'équilibre des deux pouvoirs, leur affrontement ou leur complémentarité restent plus que jamais nécessaires. Pourtant ils ne sont pas suffisants. Il apparaît qu'une double intervention s'impose désormais, celle d'une agence foncière, supracommunale mais gérée par les collectivités intéressées, et celle des citoyens qui ont besoin non seulement d'être éclairés, mais largement associés à toutes les décisions qui touchent de près leurs intérêts immédiats ou leur avenir. ”
  “ La décentralisation, une plus grande autonomie des communes ne sont possibles qu'à ces conditions. “ p.26

  “  Combien de maires ont-ils accepté de mettre les affaires publiques hors du huis clos des conseillers municipaux qui, s'ils n'étaient pas tous liés à l'affairisme urbain, n'en étaient pas moins complices par leur silence ? ” p.12

“ En tout cas, les élus ne rendent pas un grand; service à leurs électeurs en n'imaginant pas d'autres voies de développement et en continuant à faire dans leur territoire leur petite ou leur grande cuisine immobilière. ” p.183

Louis BERIOT - Créateur de l’émission “La France défigurée” - Ex-Directeur d’Antenne 2 - “ 36000 Maires en Procès ” - Edition Spéciale, JC Lattès Ed. - Autorisation de citer de l’Auteur.

LOUIS BÉRIOT, co-producteur de l'émission de TF1 "La France défigurée" était aussi producteur à France-Inter de l'émission “Questions pour un samedi". Apres avoir été reporter en Algérie, il devint à France-Soir responsable des problèmes d'environnement et d'aménagement du territoire. Il dut quitter ce poste en 1974 à la suite de pressions publicitaires exercées par un promoteur. Il a publié, aux éditions Lattès, "Les pieds dans la mer", un ouvrage sur la pollution des plages et des rivières en France.

B. Localement, dans le Val d’Ysieux.

Depuis trente ans, l’association “ SOS SYLVIES - Les Amis de la Terre du Val d’Ysieux ” a ainsi démonté le mécanisme de la spéculation foncière dans le Val d’Ysieux comme le montre un extrait d’un tract des années 70: “Défense du Bocage dans la Vallée de l’Ysieux”, p.2

AGIR; Contester sans Violence.
Par la parole; être compris n’est pas facile.

  Une des plaies de la Vallée de l’Ysieux est la spéculation foncière (voir, à ce sujet, l’article du Monde du 21 mai 1969, page 17 - reproduit ci-contre avec l’autorisation de Jacques Fauvet). Les propriétaires terriens, souvent des agriculteurs, vendent pour une urbanisation “sauvage” leurs terres proches des villages. Toutes les entrées de nos villages sont désormais défigurées par des constructions modernes hétéroclites.

  Il est difficile de dire ça publiquement; on va sûrement choquer plus d’un. Il faut du courage pour parler.

  Ensuite, l’exploitation agricole est devenue trop petite pour être rentable, d’où la nécessité de labourer les prés, les vergers, les bois, les haies, les talus des routes et jusqu’aux chemins ruraux qui appartiennent aux collectivités. Des machines géantes détruisent la “cavée” millénaire qui était si douce au randonneur; elle abritait du vent d’hiver; on venait y regonfler de pauvres petites poitrines de citadins de citadins rétrécies par la pollution.

  Des tas d’ordures comblent des vallons entiers autre forme de spéculation foncière. A jamais perdu le paysage, le lieu de chasse, la source, la nappe phréatique... Pour toutes les générations à venir. Notre génération a signé de sa griffe son ère géologique l’Ère Poubellienne.

  Est-il possible de cafter ça sans se faire d’ennemis ! Les mafieux écument de rage ! Il fallait du courage pour dire ça ! Que d’ennemis potentiels ! Il faut un sacré courage pour contester la cupidité, la voracité des goinfres, la goinfrerie des “proxénètes de la nature” !

C. Les remèdes.

Nous avons vu plus haut (III-A) que Louis Bériot préconisait la création d’agences foncières supra-communales gérées par les collectivités intéressées pour remédier aux méfaits de la spéculation foncière individuelle.
  Edgard Pisani a été le ministre de l’Agriculture du Général De Gaulle. Il préconise depuis cette époque la création d’un Office foncier opérant pour le compte des collectivités le rachat progressif, à l’amiable et sans traumatisme, du sol national.

”L’Utopie Foncière”, par Edgard Pisani.

“C'est par le problème foncier que j'ai pris le mieux conscience de tout ce qui me séparait de Georges Pompidou. C'est à cause de lui que je suis allé irrésistiblement vers le parti socialiste, qui me paraît, de tous les partis, le seul capable de se définir, en ces domaines, de manière moderne et positive.  ” p.1

  “ Le sol est support de communauté; il vit par la communauté qui l'équipe et l'entretient, qui le valorise par ses travaux et son évolution même; jusqu'à la Révolution n'a-t-il pas été le fondement même des communautés villageoises et des paroisses ancêtres de nos communes. Il produit une rente que nul, sinon la communauté, ne devrait pouvoir s'approprier. Limité, essentiel et non renouvelable, il ne saurait être un bien marchand. Par souci de civilisation, de justice et par souci biologique, la collectivité doit progressivement en assumer et en assurer la maîtrise. Pour ce faire, tout le prouve, elle ne dispose que d'un moyen l'acquisition. Ainsi, se porte-t-elle acquéreur et le fera demain bien davantage qu'elle ne l'a fait hier. Le jour viendra où elle détiendra (dans un siècle ou plus) la plupart ou la totalité des terres. ”

  “ Article 21—L'Office foncier a pour fonctions l'acquisition et la gestion de tous les sols dont l'appropriation collective commande la politique d'aménagement du territoire et du cadre de vie
Edgard PISANI - “ L’UTOPIE FONCIERE ” - Collection “L’air du temps”; Gallimard Editeur

L’association Les Amis de la Terre (Val d’Ysieux) imaginait, dans ses “annexes aux statuts” des années 70, de définir un régime particulier pour les grandes propriétés du Val d’Ysieux les propriétaires conservait la jouissance de leur bien, et des moyens d’entretien (avantages fiscaux; aides spécifiques) grâce à une pratique de “mécénat de la nature” par quoi ils s’engageaient à ne jamais spéculer et à maintenir le domaine en état naturel, même en cas d’acquisition par un Office foncier.

La démocratie directe; le rôle des associations.

Louis Bériot, dans l’ouvrage référencé plus haut plaide pour la participation des citoyens à l’élaboration des décisions

“I
l est étonnant de constater en quel mépris sont tenues dans les communes les associations qui s'intéressent aux sites;
elles sont souvent considérées comme des représentantes d'idées conservatrices. La protection des paysages est souvent vue comme une préoccupation de citadins nantis, une élite qui cherche à préserver un environnement pour son seul profit. Cet état d'esprit est fréquemment l'apanage des maires ruraux, pour qui le parking sur la place de l'église du XIIIe siècle, le château d'eau dans la perspective d'un monument classé, la porcherie industrielle au bord d'une petite vallée sont bien à leur place puisqu'ils sont utiles et que toute contestation à leur égard n'est que rêverie de bourgeois en mal de nature. ”

  “ C'est par des opinions tranchées de cet ordre que se creuse aujourd'hui dans la campagne un fossé entre les citadins, résidents secondaires, et les ruraux, plus préoccupés - et on les comprend - à résoudre les problèmes de leur vie quotidienne que ceux qui pourraient porter atteinte au cadre naturel dans lequel il vivent. ”

  “ L'homme, le citoyen, dans ce remue-ménage urbain des deux dernières décennies, qu'en a-t-on fait ? En quelle considération l'a-t-on tenu ? Six, douze, dix-huit ans de gestion municipale, un, deux, trois blancs-seings, trois sauf-conduits de six ans auraient-ils permis au nom de la démocratie de commettre toutes les erreurs ?... Sans oublier d'augmenter chaque année la pression fiscale pour les payer ! Quant à la participation, à l'association des citoyens à l'élaboration des décisions, combien les ont admises ? Combien de maires ont-ils accepté de mettre les affaires publiques hors du huis clos des conseillers municipaux qui, s'ils n'étaient pas tous liés à l'affairisme urbain, n'en étaient pas moins complices par leur silence? Lorsque l'I.F.O.P. et la Direction de l'aménagement foncier et de l'urbanisme ont interrogé les Français sur leurs villes et leur ont demandé d'énumérer leurs griefs (I.F.O.P., D.A.F.U., 1974), 84 % d'entre eux ont mis au premier rang des anomalies municipales l'absence de participation des citoyens; ils ont ensuite critiqué la mauvaise qualité des constructions (71 %) et la mainmise des puissances financières sur l'urbanisme (63 %). ”

  “ Quelles sont les villes qui ont vraiment tenu compte de ce sondage ? Paris ? Sûrement pas, la consultation pour le plan d'occupation des sols s'y est faite dans une semi-clandestinité ! Nîmes ? Certes non ! Lille ? Pas davantage. Alors où ? à Juvisy-sur-Orge et à Viroflay, vous connaissez ? Ce sont des communes de la banlieue sud et ouest de Paris; là les maires ont sans doute estimé que les affaires de la cité étaient trop sérieuses pour n'être confiées qu'à un aréopage de copains plus soucieux de régler leurs affaires entre eux et de conserver leurs mandats que de régir les affaires publiques sur la place publique. A regarder les choses de près, l'aménagement des villes a plus souvent été conduit en fonction de la clientèle électorale que de l'intérêt véritable et profond de la population. ” Louis Bériot, opus cité, p.154 et 11/12


Dans leur “Charte de la qualité de la vie” de 1978, Valéry Giscard d’Estaing et Michel d’Ornano envisageaient de renforcer le rôle des associations “La participation des associations à la vie publique a été largement développée. Elles sont en effet appelées à jouer un rôle croissant dans notre société. Outre l’action qu’elles mènent en faveur de la protection de la nature et de l’amélioration du cadre de vie, elles sont un moyen adapté et efficace pour développer la participation des Français à la vie sociale. Leur rôle doit être affirmé et leurs moyens accrus.”

Mais il y a loin cependant des textes à la pratique quotidienne. L’administration considère les groupes associatifs comme des gêneurs compromettant le confort douillet du secret des procédures. Que de difficultés pour faire valoir ses droits à l’accès aux documents administratifs ! Que d’obstruction systématique valant harcèlement d’arrière-garde ! Que de mépris hautain de technocrates maîtrisant le jargon et les réglementations ! La justice oscille, suivant la mode politique, entre l’envie de suivre la contestation associative pour diligenter des “manu pulite” de bon aloi, et la rancoeur des maires accablés de recours aux tribunaux. Les politiciens sont souvent à l’écoute, tant qu’ils sont législateurs; ils ferment leur porte lorsqu’ils redeviennent des édiles municipaux. Comme à l’os à ronger, le despote local s’accroche souvent au pouvoir. Ne pas déranger le pitbull !

Le pire ennemi du militant associatif, ce n’est cependant pas l’administration, le juge, le politicien: tous savent, un jour ou l’autre, écouter, réfléchir, rendre justice. Par exemple il existait, dans les années soixante-dix, un projet intitulé “Jonction de la Vallée de la Seine à l’Autoroute du Nord”. L’autoroute - une autoroute du pauvre, d’ailleurs - saccageait, entre Luzarches et Fosses, tout le bocage. Suite aux protestations véhémentes de notre association, on a choisi de construire une section de Francilienne dans la partie plate de la Plaine de France. Hosanna ! Hosanna ! Gloria ! Merci à l’administrateur de la DDE, (son nom soit-il connu et inscrit au fronton des églises !) qui a pris cette décision, (et sa descendance soit-elle bénie jusqu’à la vingtième génération ! Elle sera la première à en profiter…)

Non, le pire ennemi du militant associatif, c’est le “vulgum pecus”, le “gros du troupeau”, le “salaud de pauvre”, le “blaireau standard” ! Trop égoïste pour aller lui-même au charbon; et pleutre qui n’ose pas “se mettre mal”; il préfère cracher sur les écolos qui dérangent sa mauvaise conscience. Trop démago pour expliquer aux inconscients pourquoi leur incivisme mène la barque à sa ruine, ils préfère soutenir les camionneurs qui barrent les routes, les chasseurs qui cassent le ministère, les paysans qui incendient le parlement de Bretagne, les chieurs de béton, les tyranneaux de village; et font bouffer des mottes de gazon aux écolos. Préoccupés de formule 1, de foire aux vins, de catalogues de charcuterie fine et de séries américaines, ils mettent au panier - et plus souvent au trottoir - avec des commentaires fâcheux les tracts militants; ils s’abstiennent de voter pour aller à la chasse ...

Et c’est avec ça, Messieurs les Préfets, les Juges et les Politiciens que vous construisez la République ! Bravo à vous et bon vent ! Et s’il vous reste un peu de temps, pensez aux associations auto-gestionnaires qui rament à contre-courant pour rendre à l’homme de la rue le goût de la citoyenneté et de la participation aux affaires de la cité.

IV. L’intérêt des populations.

Un élu local tenait un jour ce langage « C’est bien joli de vouloir garder votre région verte; mais en luttant contre l’urbanisation, vous empêchez d’autres hommes de bénéficier de ce cadre de verdure ! » Là est la maladie de la démocratie. Cette émule triste d’Alphonse Allais ne songeait à mettre les villes à la campagne ( ”L’air y est tellement plus pur !”); mais rien que pour soigner sa ré-élection. La faiblesse de la démocratie ( ”c’est pas fameux mais je ne connais que ça !”), c’est que, contraint d’y faire carrière, l’homme politique doit se faire ré-élire: voilà notre démagogue qui démarre en fusée ! Mais pour bâtir une république, ce qu’il fallait faire, c’était de la pédagogie, pas de la démagogie. Transformer en citoyens des tubes digestifs égoïstes jusqu’à l’insouciance ! Sans doute, hélas ! que les jeux du cirque passeront toujours avant l’éducation; sauf dans les régimes autoritaires. Ainsi le clientélisme, le népotisme ont-ils de beaux jours devant eux…


A. L’urbanisation des campagnes fait-elle le bonheur de l’homme ? La banlieue fait-elle le bonheur de l’homme ?

“En trente ans, le paysage économique, sociologique et psychologique de la France a profondément changé (...) La population urbaine a doublé (...) Livrée au “travail en miettes”, entassée à la périphérie des villes dans de grands ensembles collectifs, une fraction de la population a pu éprouver un sentiment de frustration et de déracinement. (...) L’extension considérable des moyens de communication a rendu la violence familière (...) Les moyens de communication ont vulgarisé et exalté une image stéréotypée de la civilisation de consommation (...), l’effacement de toute transcendance au profit des valeurs”

  Un article du Ministre de l’Intérieur M.Bonnet, Le Monde, 3 mars 1978.

  Par ailleurs, le rapport Peyrefitte sur la violence montrait suffisamment l’implication ville = violence.


“Les hommes de bonne volonté” par Jules Romain.

“…il vit le paysage en fuite se garnir peu à peu de maisonnettes efflanquées, ni plus belles ni plus solides à l'œil que des boîtes de carton, des boîtes de chaussures par exemple, posées debout sur leur petit côté et tronquées de biais dans le haut. Elles se multipliaient, s'attroupaient. Des lotissements en pleins champs, naufragés dans la terre boueuse! criaient leur absurdité et leur abandon. Des chemins, semés de lacs comme une carte de Finlande, ne menaient nulle part. ils étaient nés pour faire des impasses, pour fournir un prétexte à l'attroupement saugrenu des pauvres petites maisons sur un lambeau de désert campagnard. Tout cela était en train de former autour de Paris un feutrage de matière vile, un anneau spongieux, qui allait peu à peu anémier, étouffer, ronger la chair noble. A d'autres instants, la cohue de maisonnettes faisait penser à un jeu d'enfants tristes, que personne ne surveille, et dont le caprice travaille sur la vaisselle cassée et la boue.”

“ J'ai l'impression, à chaque fois que je passe ici, que le mal s’est aggravé. Tout valait mieux que cela. Je fonds de tendresse quand j'évoque les villas de l'ancienne banlieue, que nous trouvions si pantouflardes, si ridicules; les rues de village suburbain, à gros pavés, qui menaient quelque part, qui menaient à l'église, au marché, à la place de la mairie, les vieilles maisons trapues du centre ( où étaient la pharmacie, le café, le magasin de nouveautés, l'auberge ), qui empêchaient peut-être les autos de passer à l'aise mais qui avaient l'excuse d'être là depuis un siècie, ou deux, ou trois avant les autos... qui avaient leurs raisons d'exister aussi anciennes et denses que la rue Saint-Denis ou l'île Saint-Louis; qui n'étaient pas le produit tout fraîchement déposé de la spéculation et de la sottise. ”

“ Il faudra que j'en parle à Jerphanion. Après des années de vie parlementaire, est-ce que des questions pareilles l'intéressent, si réelles, si peu politiques ? Peut-être au fond de lui va-t-il me traiter d'esthète, et tout haut me fera-t-il valoir que ces lugubres entreprises introduisent des centaines de milliers de prolétaires au sentiment de propriété, donc sont un facteur de paix sociale. Moi, ce que je vois, c'est qu'elles enfoncent un peuple dans l'ignoble, l'y tournent et l'y retournent le dépouillent pour un temps indéfini de tout sentiment de grandeur, mettent un cadavre entre la grandeur et lui. Certes je viens de voir un peu la même chose à Staten Island, à New Jersey, aux abords de Chicago. Mais pas à ce point. Pas placé comme ça. pas cette perfection d'étranglement. Le scandale non plus n'est pas le même. Et puis là-bas, chaque décade envoie promener d'un coup d'épaules les erreurs de la précédente. Ici, quand la laideur fait son œuvre, c'est avec des garanties d'immortalité. Nos petits-enfants verront cette ignominie. ”

“ Je m'aperçois décidément qu'il y a depuis la guerre une maladie de Paris. Je fais cette maladie en même temps que lui. Même de loin j'en souffre. Je n'arrive pas à me dire que cela s'arrangera, que cela prendra de la patine; qu’une nouvelle forme de poésie souffreteuse s’en dégagera peu à peu... J'aime cent fois mieux les banlieues d'usines, les rues de Saint-Ouen et d'Aubervilliers entre de longs, longs murs, ou dominées par des talus de chemin de fer sur lesquels des locomotives au petit pas crient et halètent. Oui tout plutôt que cela, où il n'y a pas de trace de grandeur, où ce qu'on a appelé le « sombre génie des temps modernes » ne laisse pas traîner l'ombre d'une aile, l'émoi d'un souffle. Je pourrais certes, du point de vue de mon quiétisme, assister à cela, laisser couler cela dans le reste du flot et du spectacle. Ai-je les moyens de l'empêcher ? plus que la peste noire de 1348 ou le grand incendie de Londres ? Ma situation accidentelle de contemporain ne change rien à mon impuissance... Oui, mais elle change beaucoup à mon sentiment de responsabilité... Le temps n'est pas une plaisanterie. Je n'arrive pas à me laver les mains de ce qui se passe en même temps que moi. ”

“ Votre responsabilité de contemporain, vous la situez bien puérilement » me dirait un député socialiste. « A côté des grands problèmes qui nous préoccupent, qu'est-ce qu'un détail comme l'aménagement d'une banlieue, le plus ou moins de largeur des voies, le plus ou moins d'élégance des habitations ? » Les imbéciles ! ils paieront ça; ils paieront leur dédain pour tout ce qui est beauté, grandeur, noblesse de la vie... leur rêve de toute une humanité en savates, en gilet de laine, aux bretelles flasques, qui acceptera de vivre dans des cabanes à lapins, sur des ruelles de gadoue, du moment qu'il n'y aura plus de patrons, plus de femmes trop bien habillées, qu'on en fichera le moins possible, et qu'il sera assuré aux ex-damnés de la terre un minimum de six heures par jour pour jouer à la belote ou pêcher à la ligne. ”

“ Là-bas, l’Estérel qui brûle. Ici Paris qu'on souille et qu'on étrangle. Cela s'ajoute. Ce sont des signes accablants. Il y a un mal identique au fond de tout cela. Difficile à isoler, à nommer. Ce que les aristocrates appelaient autrefois «  le petit peuple » est une matière facilement putrescible. Une civilisation qui l'abandonne à lui-même, tout en se réservant d'exploiter par des voies un rien détournées sa faiblesse et sa bêtise, doit s'attendre à des déboires. Le petit peuple trouvera malin de mettre le feu à l'Esterel, pour y ramasser gratis du charbon de bois (et le maire du village monté sur son âne prendra la tête du cortège). Grâce à quoi l'heureuse Provence va s'approcher du désert arabe. Le petit peuple portera ses économies aux escrocs du lotissement, et en dix ans détruira peut-être pour des siècles la beauté du pays de Paris. Car la beauté repousse encore moins vite que la forêt. ”

“ Tristes bousilleurs de la politique ! Ils osent rire des dictatures, dont ils se hâteraient d'ailleurs de lécher les pieds dès qu'elles lèveraient la cravache sur leurs épaules. En attendant, ils travaillent à dégoûter les gens de la démocratie... Ils travaillent à nous faire croire que la démocratie, c'est Paris qu'on encercle d'immondices, et c'est l'Esterel où on met le feu. Lamentables foutriquets ! « ce n'est pas ce que nous voulions  ! » gémiraient-ils. Ces gens dont le métier est de remuer le « petit peuple » oublient combien le « petit peuple » est facilement putrescible. Ou plutôt, ils le savent, et vivent de sa putréfaction. Ils seront cause, un jour, que des milliers d'assez bons esprits, pas très solides, un peu trop impulsifs, s'écrieront aussi, mais sans les précautions que j'y mets « Tout plutôt que ça ! » Et dans le coup d'aspirateur, les divines libertés fileront avec les ordures. Ce sera gai !”


Jules ROMAINS; Agrégé de philosophie; Licencié ès sciences;
Membre de l’Académie française
“Les hommes de bonne volonté - Comparutions”
Le livre de Poche n°3693, p.35
Autorisation des Editions Flammarion

Ce que la ville coûteau bon peuple français.

  Ce que dit Louis Bériot

“ Sans doute parce qu'il est plus profitable d'afficher un bilan quantitatif voyant et tangible. De même que des voies urbaines, des rocades, des boulevards ont été privilégiés par rapport à une politique de limitation de la circulation automobile qui eût fait de la peine à bien des électeurs. De même que le gigantisme a primé sur l'échelle humaine parce que la grandeur d'un maire doit se mesurer selon la taille de l'agglomération, la hauteur des tours, le nombre de logements nouveaux, l'importance des usines, la prolifération des supermarchés. Tout cela permet d'inaugurer, inaugurer, inaugurer! ”

“ L'inconvénient est que cette propension à la démesure, ce besoin de faire toujours davantage plutôt que toujours mieux, n'est pas sans répercussion sur le budget du citoyen. La ville coûte de plus en plus cher; elle coûte à celui qui l'habite, et aux autres; en effet, la croissance d'une cité, sa densité rendent de plus en plus cher chaque habitant nouveau. ”

“ Aux mains de politiciens professionnels dans beaucoup de cas, et de techniciens patentés dans d'autres cas, les villes se sont ainsi bâties, élargies, défigurées parce que la motivation profonde de ceux qui les gèrent n'est pas toujours le bonheur ou le bien-être des habitants, mais leur adaptation à la volonté politique et technocratique de leurs tuteurs légalement élus. ”

“ À l'opposé de Lyon, on peut citer le cas de la petite commune de Canejean, près de Bordeaux, dont la revue “Vie Publique” (mars 1975) a décomposé le budget. Pour être passée de 700 habitants à plus de 2500 entre 1970 et 1975 par le truchement d'une Z.A.C., la commune a dû multiplier ses impôts par 8 ou 9, ce qui n'a pas fait plaisir aux villageois. ”

“ Un ménage ayant deux enfants habitant un trois-pièces a vu l'impôt par personne passer en quatre ans de 25 F à 240 F. soit au total 960 F pour l'ensemble de la famille. Un exemple parmi tant d'autres des dangers d'une croissance immobilière trop rapide qui implique des charges nouvelles pour la commune que ne paient jamais les promoteurs, les équipements sociaux (personnel municipal, ramassage des ordures, etc.). Si quelques entreprises s'étaient installées, les taxes auraient alors permis d'alléger ces charges. Canejean est à cet égard l'archétype de la commune périphérique d'une grande ville qui pense résoudre tous ses problèmes en favorisant l'implantation de nouvelles habitations. Car, en plus de l'impôt local élevé, les habitants de la commune de banlieue doivent aussi supporter les inconvénients de la grande agglomération transports difficiles et longs, charges dues à l'éloignement de l'habitat par rapport à l'emploi, situation défavorable par rapport aux habitants du centre pour bénéficier des équipements collectifs (hôpitaux, piscines, théâtres, cinémas, enseignement, etc...). ”

“ Donc la petite comme la grande agglomération peuvent toutes les deux coûter très cher, en ne répondant que partiellement aux désirs des citadins. ” p.13; 192 op.cité


Conclusion “ Assez de bétonnage ! ”

Urbaniser rapporte à quelques affairistes. Cela coûte cher aux habitants, notamment aux "anciens" qui, continuant d'habiter des locaux vétustes, paient le confort moderne qui profite aux nouveaux arrivés. Les paysans qui croient avoir réalisé une heureuse opération en lotissant leurs terrains seront bientôt chassés des mairies puis, de leurs terres...

En urbanisant le Val d’Ysieux, on ne partagera pas la nature avec les nouveaux arrivés; on partagera ses tristes dépouilles, ses amas de constructions hétéroclites, ses rues sordides, ses tas d’ordures et ses impôts…

Se targuant d’oeuvrer en philanthropes à l'hébergement du bon peuple, les spéculateurs fonciers et les politiciens à leur botte le méprisent . Considérant les hommes comme du vulgum pecus, ils l’entassent dans des "silos à prolétaires" où la société de consommation pourvoira à leurs besoins végétatifs en les abêtissant. Ils se maintiennent au pouvoir par cette démagogie.

Cependant, les écologistes qui ont couru la planète bleue, les paysages sublimes, connaissent l'absolu et savent qu’intimement, le peuple y aspire. Pour ceux qui ne peuvent partir, pour l’humble bonhomme qui reste en place, pour le travailleur qui se repose, et même pour la résidence du spéculateur qui se goinfre, tout jovial, les derniers beaux carrés de verdure, ils veulent maintenir sur place la nature, la beauté.

V. Le besoin de nature chez l’homme.

A. Le besoin de “nature naturelle”.
Ce qui dit Jean Fourastié.


“ Parmi ces besoins, je mets au premier rang celui de la nature naturelle, à la fois mystérieuse, hostile et accueillante:
“ Non!la nature n'est plus là; ou du moins elle ne sera plus là. Nous la “lotissons”, l'écorchons, la réduisons en autoroutes, aéroports, usines, millions de pavillons pour nostalgiques jardiniers du dimanche, parcs municipaux pour arbres cultivés et animaux tolérés, apprivoisés... Au moins notre devoir est-il de maintenir en vie de grands espaces vierges, où nos millions de descendants pourront tenter de rêver (mais seulement de rêver) à ce que furent pour nos ancêtres la forêt, le désert et la steppe. ”

“ L'homme a besoin de lieux familiers où sa situation soit sûre; et qui lui donnent le sentiment d'être une personne normalement insérée dans la nature et la société. ”

“ Le village, la maison traditionnelle, le plus souvent sordides et surpeuplés, n'en donnaient pas moins à l'homme cette chaleur humaine et ce statut social. Dans les plus pauvres maisons, entre la chèvre et les canards, les plus pauvres enfants trouvaient l'atmosphère du nid. ”

“ De bonnes études commencent d'être faites sur des animaux (heureux animaux dont nous connaîtrons les besoins avant les nôtres) quant à l'appropriation de l'espace et au territoire de chasse; on y trouve un besoin absolu (qui conduit à la mort ou à l’exil) d'être reconnu par ses pairs comme usager légitime d'un domaine, et maître de catégories définies des êtres et des choses qui s'y trouvent. ”

“ Des biologistes ont étudié les conséquences des faits de surpeuplement et d'encombrement, dans les cas où l'alimentation est maintenue abondante « Rassemble-t-on trop nombreux dans une seule cage les animaux habituellement logés dans plusieurs, l'encombrement, les querelles, les craintes sont suivis de lésions…”

Ce qu’en dit Paul R. Ehrlich

“ Si un milieu physique détérioré est une menace ouverte à notre santé physiologique présente et future, pensons aussi à notre santé mentale. Notre environnement psychique est-il, lui aussi, délabré? Émeutes, taux de criminalité croissant, apathie chez les jeunes et consommation accrue de drogues paraissent témoigner en ce sens. Malheureusement, nous n'avons pas les moyens de déterminer, dans les réactions de l'individu à son environnement, la part héréditaire et la part culturelle.”

“ Il y a au moins trois biologistes, H.H. Iltis, P. Andrews et O.L. Loucks, pour penser que le terrain est probablement aussi important que ce qu'on y plante, et que ce sont les données génétiques de l'homme, façonnées par l'évolution, qui l'ont conditionné à avoir besoin d'un cadre de vie « naturel » pour parvenir au plein équilibre de sa santé mentale. Ces biologistes écrivent « Nous avons beau nous croire seuls de notre espèce, nous avons autant de raisons génétiques que n'importe quel autre mammifère d'être faits pour vivre à l'air pur et dans un paysage sauvage et varié. Lorsque nous sommes « détendus » et que nous nous « sentons bien », c'est tout simplement que nous permettons à nos corps de réagir selon un code génétique vieux de cent millions d'années. Physiquement et génétiquement, il semble que nous atteignions notre degré d'adaptation maximale dans le cadre de la savane tropicale. Mais, en tant qu'animaux culturels, nous utilisons notre expérience apprise pour nous acclimater dans les centres urbains. Voilà des milliers d'années que nous essayons d'imiter à l'intérieur de nos maisons non seulement le climat, mais le décor de notre passé évolutif air chaud et humide, plantes vertes, et même la compagnie des animaux. Aujourd'hui, pour peu que nous en ayons les moyens, nous construisons une serre ou une piscine juste à côté de notre salon, nous achetons un terrain à la campagne, ou au moins nous emmenons nos enfants à la mer. Nous ne savons pas encore interpréter des réactions physiologiques plus spécifiques, telles que nos réactions à la beauté ou à la diversité de l'environnement, aux formes et aux couleurs naturelles (surtout au vert), aux mouvements et aux sons des autres animaux, des oiseaux, par exemple. Mais il paraît évident qu'il y a en nous un besoin biologique de contact avec la nature que nous devons satisfaire quotidiennement. Il est indispensable d'en tenir compte dans toute discussion concernant la politique des ressources naturelles destinées à l'homme. ”

Paul R.Ehrlich, op.cité p.71

B. Le manque de “nature naturelle”. Ce que dit
   Louis Bériot


“ Quels que soient les chiffres et les comparaisons entre les villes francaises, il ressort de tout cela un étonnant et constant déficit d'espaces verts qui ne rend pas ces statistiques flatteuses par rapport aux villes étrangères. Jugeons plutôt New York, qui est loin d'être un modèle, 9 m² par habitant; Tokyo, qui est sans doute l'une des capitales les plus denses, 12m²; Londres, 9 m²; Rome, 9 m²; Vienne, 25m²; Bruxelles, 28m²; Washington, 50m²; Amsterdam, 15m²; La Haye, 27m²; Dusseldorf, 31m²; Oslo, 40m²; Bonn, 35 m², et j'en passe...”

“ Alors? Comment expliquer qu'avec seulement 96 habitants au kilomètre carré - trois fois moins qu'en Grande-Bretagne ou en Allemagne, quatre fois moins qu'en Hollande - nous en soyons parvenus à ce point de concentration urbaine? Goût méditerranéen pour la promiscuité? Non, puisque les villes italiennes ont de cinq à dix fois plus d'espaces verts que les nôtres. Héritage de villes très concentrées? Pas davantage, car dans les ensembles nouveaux aussi les espaces verts sont négliges les surfaces sont de 17 m² en moyenne en France, contre 44 dans les villes nouvelles anglaises, 30 dans les nouveaux quartiers proches de Venise, 36 dans ceux de Turin. En France, il s'agit peut-être d'une manie des urbanistes et des élus qui les commandent, à moins que ce ne soit le contraire, et dans ces conditions !... Il s'agit aussi de l'incapacité politique à s'opposer au niveau municipal à la spéculation foncière. ”

“ C'est ainsi que le pays le plus rural d'Europe est ; celui qui offre le moins d'espace à la majorité de ses habitants. Le quart des Francais, ceux qui habitent en région parisienne, n'occupent pas 2% du territoire. Il n'est pas nécessaire d'être un sociologue patenté ou un urbaniste distingué pour comprendre les raisons des migrations hebdomadaires de tous les citadins qui ont les moyens de fuir la ville. Il n'est pas nécessaire non plus d'être un grand économiste pour expliquer la hausse continue des prix des terrains, et les prix insensés atteints dans toutes les villes de France par les appartements.  L'échec relatif de l'aménagement du territoire, l'État ne doit pas seul en porter la responsabilité. Il faut aussi le mettre à la charge des élus qui ont voulu, tous ou presque, dévorer leur environnement, grossir pour devenir capitale, point d'appui, métropole d'équilibre, carrefour. Les citoyens partagent-ils vraiment cette ambition des maires pour leur ville? Le sondage réalisé en 1974 par l'I.F.O.P. à la demande de la Direction de l'aménagement foncier et urbain du ministère de l'Équipement devrait faire réfléchir nos expansionnistes édiles 54% des citadins jugent d'abord responsables de l'urbanisme de la cité les maires et les conseillers municipaux, (…) ” Louis Bériot, op.cité p.19


VI. Le besoin de beauté chez l’homme: l’avenir de notre région.,

A. L’homme a besoin de beauté. Ce qui dit
   Sigmund Freud.


“ Mais nous réclamons davantage à la civilisation et nous souhaitons voir encore ces mêmes pays satisfaire dignement à d'autres exigences. En effet, nous n'hésitons pas à saluer aussi comme un indice de civilisation - tout comme si nous voulions maintenant désavouer notre première thèse - ce souci que prennent les hommes de choses sans utilité aucune ou même en apparence plutôt inutiles; quand par exemple nous voyons dans une ville les jardins publics, ces espaces qui, en tant que réservoirs d'air et terrains de jeu, lui sont nécessaires, ornés par surcroît de parterres fleuris, ou encore les fenêtres des maisons parées de vases de fleurs. Cet « inutile » dont nous demandons à la civilisation de reconnaître tout le prix n'est autre chose, on s'en rend compte immédiatement, que la beauté. Nous exigeons de l'homme civilisé qu'il honore la beauté partout où il la rencontre dans la nature, et que des mains mettent toute leur habileté à en parer les choses. ” p.40

  “ L'on peut encore inclure un cas intéressant; à savoir la recherche prédominante du bonheur dans les jouissances qu'inspire la beauté, en quelque lieu que celle-ci frappe nos sens ou notre esprit; beauté des formes et des gestes humains, des objets naturels et des paysages, des créations artistiques et même scientifiques. Cette attitude esthétique prise comme but de la vie protège faiblement contre les maux qui nous menacent, mais nous dédommage de bien des choses. La jouissance esthétique en tant qu'émotion légèrement enivrante a un caractère particulier. Le côté utilitaire de la beauté n'apparaît pas clairement; on ne discerne pas qu'elle soit nécessaire à la civilisation, et celle-ci pourtant ne saurait s'en passer. La science de l'esthétique étudie les conditions dans lesquelles on ressent le « beau », mais elle n'a pu apporter aucun éclaircissement sur la nature et l'origine de la beauté; et comme il advient toujours dans ce cas, elle s'est abondamment dépensée en phrases aussi creuses que sonores destinées à masquer l'absence de résultats. Malheureusement, c'est sur la beauté que la psychanalyse a le moins à nous dire. Un seul point semble certain, c'est que l'émotion esthétique dérive de la sphère des sensations sexuelles; elle serait un exemple typique de tendance inhibée quant au but. Primitivement la « beauté » et le « charme » sont des attributs de l'objet sexuel. ” p.28


Sigmund Freud - “Malaise dans la Civilisation” - Bibliothèque de Psychanalyse; Presses Universitaires de France

B. L’homme moderne souffre d’un déficit esthétique, véritable maladie par carence de son psychisme. Ce qu’en dit Jean Fourastié.

“ Plus précisément, la négligence des facteurs esthétiques est l'un des caractères les plus désolants de la situation actuelle de l'homme moyen. ”

“ On a complètement sous-estimé le fait que, pendant des milliers d'années, l'harmonie du décor naturel a contribué à l'équilibre et à l'ardeur de vie. ”

“ La ville, l'usine, le décor d'aujourd'hui ne sont en général que nature saccagée, minables juxtapositions d'excrétions humaines… ”

“ Le déficit esthétique, affectif et sentimental de l'homme moyen engendre peu à peu en lui une inquiétude et une irritabilité,, un déséquilibre, que vient aggraver la disparition ou du moins l'amenuisement des rites sociaux. ”

“ L'élévation du niveau de vie et la réduction de la nécessité ont en effet pour contrepartie inattendue l'exacte adéquation de la fonction de l'homme à ses capacités. La règle d'aujourd'hui est, en principe, qu'un homme n'occupe une fonction que s'il y est apte et pendant le temps où il y est apte. ” J.Fourastié, op.cité p.187


C. L’avenir de notre région c’est d’être un “Jardin d’Arnheim”. “ Pour palier le déficit esthétique de l’Homo parisiensis, notre vallée a pour destin d’être un espace vert de Paris, non-pas un Disney-Land mais un “jardin paysager” où s’exercerait pour toujours la créativité de ceux qui avaient jadis fait de la France ce grand “jardin à l’anglaise” dont on parle dans les enquêtes préalables: les agriculteurs. Non pas les agriculteurs spéculateurs terriens mais des paysans sublimés dans leur fonction ancestrale de “conservateurs de la nature”.

Ce que dit Edgar Poë“… Ellison affirmait que le domaine le plus riche, le plus vrai et le plus naturel de l'art, sinon absolument le plus vaste, avait été inexplicablement négligé. Aucune définition n'avait été faite du jardinier-paysagiste, comme du poète; et cependant, il semblait à mon ami que la création du jardin-paysage offrait à une Muse particulière la plus magnifique des opportunités. Là, en vérité, s'ouvrait le plus beau champ pour le déploiement d’une imagination appliquée à l'infinie combinaison des formes nouvelles de beauté, les éléments à combiner étant d'un rang supérieur et les plus admirables que la terre puisse offrir. Dans la multiplicité de formes et de couleurs des fleurs et des arbres, il reconnaissait les efforts les plus directs et les plus énergiques de la Nature vers la beauté physique. Et c'est dans la direction ou concentration de cet effort, ou plutôt dans son accommodation aux yeux destinés à contempler le résultat sur cette terre, qu'il se sentait appelé à employer les meilleurs moyens, à travailler le plus fructueusement -  pour l'accomplissement, non seulement de sa propre destinée comme poète mais aussi des augustes desseins…”

Edgar Poe;“Histoires extraordinaires”; - traduction de Charles Baudelaire; - SEPE Editeur 55, avenue Georges-V Paris; p.223

CONCLUSION GÉNÉRALE
Ainsi, la connaissance des besoins profonds des hommes de notre génération, appréhendée au travers des textes de quelques grands auteurs, nous permet-elle d’élaborer une “philosophie politique” pour notre micro-région.


Zone transitoire entre la Plaine de France et le Parc des Trois Forêts, elle est typiquement un écotone aux yeux des écologues . C’est donc une zone qui mélange les richesses naturelles des forêts à celles des bocages. L’écologisme enseigne que “Plus un écosystème est complexe, plus il est stable”. La conservation de cette diversité biologique est un devoir qui incombe d’urgence aux habitants de ce vallon. Dernier refuge avéré des petites chouettes chevêches, où l’on peut encore, dormant fenêtre ouverte, entendre de son village bramer les cerfs aux Bois de Jagny; cet écotone est déjà hachicoté par des routes infranchissables en un manteau d’Arlequin de petits lopins où les espèces, isolées génétiquement, n’auront bientôt plus qu’à dégénérer et mourir. Ainsi en est-il des passages de cervidés au travers du CD922: plus que quatre passages fréquentés entre Luzarches et Fosses; et qui sont menacés. Il serait si exaltant de cultiver joyeusement notre jardin, le jardin de nos petits enfants !
© Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
"© Christian Jodon-SGDL, 27 septembre 2000;
http://www.sos-valdysieux.fr "
Instituteur; Professeur PEGC
Chevalier des Palmes Académiques
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cj cj cj cj
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Situation du Val d'Ysieux
Situation du Val d'YsieuxVallée de l'Ysieux; "Milieux et enjeux d'aménagement" 1991
©Pascal J. - Université de Paris VIII; 1991 - Pascal J sous la Direction de Charles Le Cœur; Maîtrise de Géographie (Mention Très Bien)
				
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SOS-VAL d'YSIEUX, site en construction;
Merci d'être venu; merci d'être patient…
Lettre de Pierre Pellerin
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Lettre de Pierre Pellerin aux Amis de la Terre du Val d'Ysieux
Le 9 janvier 1983
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  Liens à cliquer pour trouver immédiatement un site concernant une mairie, un village classé ( ou "non" ), un service départemental ou national important, …
Honneur à la première classée, grâce à Brice Lalonde, à son maire le Docteur Lucien Dermer; et grâce à l'intervention des Amis de la Terre du Val d'Ysieux auprès du ministre de Rocard:
- Châtenay-en-France

Les Communes du Val d'Ysieux classées (loi 2 mai 1930), par le décret du 29 mars 2002 grâce au ministre Yves Cochet et à la longue et difficile action des Amis de la Terre du Val d'Ysieux:
Par décret en date du 29 mars 2002, est classé parmi les sites du département du Val-d'Oise l'ensemble formé par la vallée de l'Ysieux et de la Thève, sur le territoire des communes ( ci-dessous, cliquez sur leur lien pour accéder à leur Site officiel ou à un site amical ) de:
- Asnières-sur-Oise
- Royaumont: Fondation
- Bellefontaine
- Chaumontel
- Epinay-Champlâtreux
- Fosses
- Jagny-sous-Bois
- Lassy
- Luzarches
- Mareil-en-France
- Marly-la-Ville
- Le Plessis-Luzarches
- Puiseux-en-France
- Seugy
- Viarmes
- Communauté Pays de France

Les communes du parc Oise Pays de France:
Dans l'Oise:
- Apremont
- Aumont-en-Halatte
- Avilly-Saint-Léonard
- Barbery
- Beaurepaire
- Boran-sur-Oise
- Borest
- Brasseuse
- Chamant
- Chantilly
- Courteuil
- Ermenonville
- Fleurines
- Fontaine-Chaalis
- Gouvieux
- La Chapelle-en-Serval
- Lamorlaye
- Mont-l'Évêque
- Montagny-Sainte-Félicité
- Montépilloy
- Montlognon
- Mortefontaine
- Ognon
- Orry-la-Ville
- Plailly
- Pontarmé
- Pontpoint
- Raray
- Rhuis
- Roberval
- Rully
- Senlis
- Thiers-sur-Thève
- Ver-sur-Launette
- Villeneuve-sur-Verberie
- Villers-Saint-Frambourg
- Vineuil-Saint-Firmin

Et pour partie :
- Baron
- Creil
- Pont-Sainte-Maxence
- Précy-sur-Oise
- Saint-Maximin
- Verneuil-en-Halatte

Dans le Val-d'Oise Asnières-sur-Oise, Bellefontaine, Châtenay-en-France, Chaumontel, Épinay-Champlâtreux, Fosses, Jagny-sous-Bois, Lassy, Luzarches, Mareil-en-France, Le Plessis-Luzarches, Seugy, Survilliers, Viarmes, et Villiers-le-Sec.

Autres Villes signalées:
- Saint Martin-du-Tertre
- Carnelle-Pays de France CommdeC.
- Survilliers

Sites généralistes des Mairies:
- Communes du Val d'oise
Carte-France.Info: Val d'Oise
- Communes du Val d'oise 2
- Communes Val d'Oise -Annuaire Mairie
- Communes de l'Oise
- Carte-France.Info:Oise
- Communes de l'Oise 2
- Communes de l'Oise (Conseil Gén.)
- Communes de l'Oise -Annuaire Mairie
- Les Mairies de France
- Mairies de France: Annuaire
- Toutes Villes de France
- Site officiel: Services Publics
- Legifrance Service Public d'Accès au Droit
- Tous les formulaires CERFA en ligne
- Les impôts par internet; service public

Val d'Oise:
- Conseil Général Val d'Oise
- C.G. Val d'Oise: Environnement
- C.G.: Associations Environnement Val d'Oise
- C.G. Val d'Oise: les Services

Oise:
- Conseil général de l'Oise
- C.G. Oise: Environnement
- C.G. Oise: Associations Environnement Oise
- Oise: Aide aux Associations
- C.G. Oise: Tous les Services

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"La Forte en T'Aime"

"Salut les souffloculs!" lança Pousse-Cailloux en claquant la porte du bistrot du Diascorn. Par derrière, ils l'appelaient le "Dix-Cors" à cause de Soubrette, sa jeune femme. Des saluts vagues, peu enthousiastes, lui répondirent. On commençait d'être blasé du quolibet, parfois décliné en "baise-culs". Ça remontait au récent mercredi des Cendres, lendemain d'un Mardi Gras épique où les jeunes du village, après avoir quêté des kilos de munitions chez les matrones du coin, avaient déclenché au collège de Villeneuve et dans les cars du ramassage scolaire une homérique bataille de farine dont le personnel de service se souvenait encore les mois suivants. Ni le proviseur, ni Rosenschwein, le dirlot adjoint (il était conseiller municipal) n'avaient réagi; seul Le Pédé avait embrayé en cinquième vitesse, agonissant d'injures la fine fleur des fils-à-papa de la bourgeoisie locale. Le sang lui avait tourné de voir ces charmants bambins, dont certains sortaient du catéchisme tout frétillants: « Donne-nous, Seigneur, un coeur nouveau... Mets en nous, Seigneur, un esprit nouveau... » et qui gaspillaient une tonne d'un aliment que certains, sac à l'épaule, auraient bénévolement acheminé vers les trois millions de bébés affamés mourant de faim chaque année. Les bébés au ventre hypertrophié incapables de se faire porter par de pauvres petites guiboles grosses comme des fils de fer... Alors le prof avait pris son coup de sang contre les jeux prétendument innocents de ces fils de famille surnourris qui trouvaient si normal, le lendemain matin, de nager dans la farine que les agents de surface, en grève, n'avaient pas balayée. Il avait même osé les traiter de "baise-culs et de souffloculs…"

Lire le roman ? Cliquez ci-dessous:

— Roman… "La Forte en T'Aime"
  © cj - Déposé à la SGDL
  © Droits d'adaptation réservés.

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"Le vrai génie sans cœur est un non-sens."
"Amour! Amour! Amour! Voilà l'âme du génie".
Wolfgang Amadeus Mozart, le 11 avril 1787.
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SOS-Sylvies - SOS-Val d'Ysieux
Pas d'amour? Pas d'humour? On ne se fâche pas: on change de site; merci de votre visite.

Le Val d'Ysieux, c'est quoi?

Une petite région sans nom jusqu'à ce que quelques personnes créent les Amis de la Terre du Val d'Ysieux. Ainsi a été reconnue l'individualité de cette micro-région, si fragilisée à l'heure actuelle, et qui, pourtant, est un "écotone" utile et encore plus "vulnérable". Les Ecologues nomment "écotone" une zone de transition entre deux écosystèmes; ici, la Forêt de Chantilly et la Plaine de France. Les écotones sont riches des deux biocénoses en contact. Mais s'ils sont ainsi attirants pour les bâtisseurs, leur atteinte est fatale aux écosystèmes qui s'interpénètrent. C'est ainsi que notre région a vite atteint, à huit kilomètres au bout des pistes de R-CDG, un degré de saturation démographique dangereusement dépassable. Il incombe donc aux habitants des lieux d'assumer courageusement la défense des micro-espaces naturels qui subsistent face à la folie rageuse des chieurs de béton. Soyez de ceux-là. Pas pour moi qui suis vieux et qui n'en profiterai pas. Pour vos successeurs: vos enfants que nous aimons et qui ont besoin d'autre chose pour "vivre" que de l'enfermement dans la banlieue atroce, laide et criminogène, où l'on veut toujours davantage les parquer. Pour eux, sauvons, sauvez le Val d'Ysieux

Nb. - Ce site n'est pas le site officiel des "Amis de la Terre du Val d'Ysieux" que pourtant j'ai créés. Les opinions exprimées n'engagent donc que l'association "SOS Val d'Ysieux -
http://www.sos-valdysieux.fr "SOS Val d'Ysieux" - "SOS Sylvies" Rue de l'Eglise, 95270 Plessis Luzarches


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