Table des Matières
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Pour une poésie populaire française
La poésie a des fonctions.
La fonction crée l'organe.
Ainsi naquit la poésie.
Ces fonctions sont individuelles ou sociales. La poésie peut sublimer la plus douloureuse des contraintes, des aspirations puissantes, pour qu'en un "sublime" exutoire la violence se résolve, plutôt qu'en paroxysmes physiques et psychiatriques ou en troubles sociaux.
"La souffrance enfante les songes
Comme la ruche les abeilles
L'homme crie où son fer le ronge
Et sa plaie engendre un soleil
Plus beau que les anciens mensonges."
(Louis Aragon, Les Poètes)
- "Les Poètes", paroles complètes
- "Les Poètes", paroles complètes; idem: autre site
- "Les Poètes", paroles complètes; idem: autre site
- "Les Poètes", paroles complètes; idem: autre site
- "Les Poètes" Jean Ferrat chez Pivot: Ferrat disserte sur les poètes
- Jean Ferrat-95 chez Drucker; sur son dernier disque des poèmes d'Aragon
- Achat des disques à la FNAC
- Achat "à la chanson" sur Amazon
C'est la poésie de chapelle(1) qui a privé le peuple français de l'assouvissement de ces fonctions. Un peuple peu musicien - à ce qu'on dit…- par rapport à d'autres habitants de l'Europe n'a pas davantage reçu le secours de la poésie. Privé d'une poésie populaire, le peuple se réfugie dans des borborygmes et des assonances approximatives rythmées par des tam-tams.
D'ailleurs, ce sont les jeunesses du monde entier, persuadées que cette camelote cosmopolite représente la liberté, qui se font de cette acculturation un "Chant du Départ". Et ça rapporte gros à ceux qui vendent cette prothèse de polyvinyle.
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Sublimation d'amours impossibles. Sublimation d'idéaux inaccessibles. La poésie apaise la douleur des frustrations intenses, dissolvant une énergie perverse dans un cri qui monte vers le cosmos comme un superbe chant du merle. Elle canalise la révolte contre l'absurdité du monde.
"Liberté j'écris ton nom..."
(Paul Eluard)
"Oh que de votre lèvre il tombe
Sur ma lèvre un dernier baiser
Pour que je puisse dans ma tombe
Le coeur tranquille, reposer!"
(Théophile Gautier, Dernier voeu)
"Puisque j'ai vu tomber dans l'onde de ma vie
Une feuille de rose arrachée à tes jours;
Je puis maintenant dire aux rapides années
-Passez! passez toujours! je n'ai plus à vieillir!
Allez-vous en avec vos fleurs toutes fanées;
J'ai dans l'âme une fleur que nul ne peut cueillir."
(V.Hugo; Chants du Crépuscule)
Erato, la Poésie, est fille de l'Amour.
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L'une des fonctions psychologique des plus évidentes est la sublimation de l'aspiration à la liberté et à la nature. Du temps que j'étais un apprenti potache, mon bon maître le Pr Halbwachs nous racontait que lorsqu'il était déporté dans un camp de la mort nazi, il avait conservé une réserve d'énergie morale qui lui avait sauvé la vie, estimait-il, en se récitant à l'infini des vers. "Apprenez des poèmes! Cela vous sera utile un jour!".
"Le ciel est par-dessus le toit
Si bleu, si calme..." (Paul Verlaine)
Poésie est fille de Liberté.
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Comme les troupeaux d'éléphants de Romain Gary, galopant en toute licence dans l'infinie savane d'Afrique... La liberté totale est celle de se baigner dans un torrent de montagne. En petite compagnie. Sans gêner personne. Immergé dans le spectacle permanent de la native beauté de la nature. Quand une belle voix s'élève:
"Les bras fluides et doux des rivières m'accueillent;
Je me repose et je repars,
Avec mon guide le hasard,
Par des sentiers sous bois dont je mâche les feuilles."
Emile Verhaeren (Les Forces tumultueuses).
"O lac! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots bénis qu'elle devait revoir
Regarde! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir!..."
(A.de Lamartine; Le Lac)
"O ces larges beaux jours dont les matins flamboient
La terre ardente et fière est plus superbe encor
Et la vie éveillée est d'un parfum si fort
Que tout l'être s'en grise et bondit vers la joie..."
(E.Verhaeren, La Joie)
Poésie est fille de Nature.
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L'aspiration frustrée à la fraternité et à l'égalité est violente dans les temps noirs de l'histoire.
"Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche..."
(Louis Aragon, Un Jour,Un Jour)
"Ils viennent jusque dans nos bras
Egorger nos fils, nos compagnes..."
(Claude Rouget de Lisle)
"Il va vers le soleil levant notre pays..."
"L'Internationale sera le genre humain..."
(Eugène Pottier)
"Le peuple souverain s'avance,
Tyrans descendez au cercueil..."
(Marie-Joseph Chenier)
"Pourtant que la montagne est belle..."
(Jean Ferrat)
Le poète est engagé dans un idéal collectif. La ferveur avec laquelle ces chansons furent reprises à l'unisson par des millions, et pour certaines par des milliards de poitrines, donne la mesure de la puissance révolutionnaire de la poésie.
Le poète est une graine de révolutionnaire. Pas étonnant que, souvent, les régimes les plus autoritaires le ravalent au rang de fou du roi. Le poète est un bouc émissaire.
Dans la mesure où, par le moyen mnémonique de la rime, il permet de mémoriser des formules magiques, incantatoires, sublimant l'aspiration à la liberté, à la justice et à l'égalité sociale, le poète est dangereux. "La poésie est une forme de langage qui restitue au mot sa valeur incantatoire et première" (Roger, mon prof de Français de l'Ecole Normale d'Instituteurs de Paris).
Le poète est magicien qui serait bien capable d'engendrer un jour l'égalité pour l'avoir invoquée.
"Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin du pays où ils sont nés..."
(Jean Ferrat, La Montagne)
Voilà trois vers qui font autant pour l'écologisme que le dévouement de tous les militants. La critique contenue résume toute l'histoire de la tragique prolétarisation du monde rural aux XIX°/XX° siècles, au bénéfice d'une concentration urbaine propice à la rentabilisation des "grandes surfaces de vente"; cette critique suffirait à vous faire bouder par des médias bien tenus en laisse par la classe dirigeante. C'est injuste - et encore plus, c'est un mauvais calcul! La plus grande dignité du poète, elle est dans la sublimation des idéals sociaux.(2)
"Etoiles poussières de flammes
En août qui tombez sur le sol
Tout le ciel cette nuit proclame
L'hécatombe des rossignols
Mais que sait l'univers du drame ?"
(Louis Aragon, Les Poètes)
"Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu
Emplissant tout à coup l'univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue..."
(Louis Aragon; Un Jour,Un Jour)
Poésie est fille de Liberté et d'Egalité.
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"Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivront nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses"
(Guillaume Apollinaire, La Chanson du Mal Aimé)
"O temps, suspends ton vol! et vous heures propices
Suspendez votre cours!
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours!..."
(Alphonse Marie Louis Prat de Lamartine; Le Lac)
L'immense révolte ressentie par l'homme devant l'absurdité existentielle est un domaine où, avec la musique, la poésie excelle et apporte à certains le réconfort que d'autres trouvent en religion. C'est comme une chant superbe de révolte que l'homme lance au cosmos, comme s'il criait à un Dieu sourd et impitoyable: "Ecoute comment moi l'Homme, que tu vas faire mourir, j'étais capable de créer la Beauté!". C'est dans un pareil instant que le simiesque se redresse sur ses pattes postérieures pour atteindre à l'Humanité... C'est à cet instant que Simius bellicus atteint l'Homo sapiens.
Polymnie, la Poésie est fille de Désespoir.
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Poésie est fille de pute!
Fille d'une rhétorique prostituée qui a couché auprès de jolis dieux ayant nom: Amour, Désespoir, Nature, Liberté, Egalité, Fraternité...
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La Défense et l'Illustration de la langue française sont d'autres fonctions de la poésie. La poésie est plus qu'une technique; elle est autre chose qu'une technique, mais elle est aussi une technique. Comme le chant du merle qui attend le répons d'un autre merle à la fin de la phrase musicale, la poésie possède des règles naturelles et d'autres artificielles. Ces règles apparaissent parfois comme organiques, nées avec la poésie:
"De la musique avant toute chose..."
(Paul Verlaine)
Comme la musique elle est réglée par une méthode faite de rimes, de mètres et de rythmes. Les règles doivent être connues, même si c'est pour les bafouer. En effet, l'artificiel de certaines règles est visible; mais si, par exemple, on remarque une grande constance dans le respect de l'arbitraire alternance des rimes féminines et masculines chez les classiques, on sait que d'autres règles, pourtant plus évidentes, comme celle du hiatus ou celle de la richesse des rimes , ont souffert des avatars au cours des siècles. D'une richesse qui faisait de la poésie davantage une prouesse de versification et un calembour(3) qu'un poème, on est passé à l'assonance voire à l'absence de rime, baptisant poésie ou poème en prose ce qui n'a guère demandé d'effort technique.
La force mnémonique et musicale est tout de même liée à la présence des trois éléments dits plus haut: la rime, la mesure, le rythme. La force incantatoire en dépend. Aussi, autant il est légitime d'innover, autant est-il souhaitable que l'innovateur ait d'abord été un élève et un imitateur appliqué.
La poésie a de tout temps évolué; un "poëte" aussi "classique" que Victor Hugo s'est fait gloire d'avoir bouleversé l'alexandrin et le vocabulaire poétique alors qu'aujourd'hui, le "tout et n'importe-quoi" qu'on aura vu en poésie ne nous étonnera plus d'aucunes facilités:
" J'ai mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire "
" Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Victor Hugo (Contemplations)
"Verhaeren prend le vers ternaire, le vers des romantiques avec ses deux césures qui scandent les lignes en trois parties strictement égales de rythme et de poids, mais cet alexandrin libre, inauguré par Hugo, il le rend irrégulier: les syllabes sont de poids différent et de sonorités diverses, elles ne sont plus en équilibre stable, elles montent et elles descendent."
Stefan Zweig ("Emile Verhaeren")
La licence poétique peut donner des innovations utiles:
"Que vos heureux destins, les délices du ciel,
Coulent toujours trempés d'ambroisie et de miel,
Et non sans quelque amour paisible et mutuelle..."
(A.Chénier; Printemps)
Une autre fois, c'est l'invention de l'écriture automatique qui apporte un outil nouveau à la poésie. Elle mobilise les potentialités d'associations d'idées illimitées d'un réseau neuronal infiniment interconnecté. Comme la recherche des "correspondances baudelairiennes" découvre, dans une nature compliquée, les convergences évolutives cachées.
"Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront..."
(Louis Aragon; Un Jour,Un Jour)
Lorsqu'un jour de correction, Guillaume Apollinaire supprime tout d'un coup la ponctuation de la "Romance du Mal Aimé", il apporte avec cette nouvelle licence une technique enrichissante car désormais, privée de sa ponctuation, la phrase va devenir imprécise. On en pourra varier les significations à loisir et multiplier la richesse de la poésie selon ses propres contresens, confortant ainsi l'opinion d'Anatole France: "Le spectateur le plus doué est celui qui, au prix de quelque heureux contresens,..." aura le mieux joui d'une oeuvre.
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"Persiennes, persiennes, persiennes..."
etc... "
Maintenant nous proposons l'écriture: "(Persienne^3)*25"...
On se demande bien si, de licence en facilité, ayant systématisé à l'excès une "découverte", on ne tomberait pas d'une technique qui a fait ses preuves dans le catéchisme d'une chapelle où des gourous fulminants tonneraient de ridicules excommunications...
" A bas le symbolisme, mythe
Et termite, et encore à bas
Ce décadisme parasite
Dont tels rimeurs ne voudraient pas !
A bas tous faiseurs d'embarras !"
Paul Verlaine ("La Ballade de l'Ecole romane")
" Ghil est un imbécile. Moréas
N'en est foutre pas un, lui, mais hélas !
Il tourne, ainsi que ce Ghil, "chef d'école"
Et cela fait que de lui on rigole."
" Chef d'école au lieu d'être tout de go
Poète vrai comme le père Hugo
Comme Musset et comme Baudelaire
Chef d'école, au lieu d'aimer et de plaire."
Paul Verlaine ("Conseils")
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La connaissance des règles est aisément accessible; des traités concis ou d'autres volumineux peuvent satisfaire toutes les curiosités. Tout est permis à ceux qui savent. Ceux qui veulent s'adonner à la prosodie doivent certes avoir au coeur quelque grosse colère, quelque amertume à sublimer. Ils doivent faire l'effort d'apprendre les règles et d'imiter les anciens. Il n'est pas interdit d'entrer dans le jardin avec des fleurs à la main ! Mais il existe des écueils qu'il n'est pas si facile d'éviter: mieux vaut la simplicité que la préciosité.
Mieux vaut une clarté banale qu'un hermétisme creux.
"Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie..."
Là où Nerval est génial, que de poètes ennuyeux!
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Quand on se plonge dans la production des meilleurs poètes, on est souvent effrayé du "déchet" qu'on y trouve. A côté de réussites sublimes, parfaitement tournées et qui bravent le temps, il existe une foule de poésies précieuses, ampoulées, boîteuses, lourdes et obscures, prétentieuses ou bâclées, pauvres en rime ou banales en idées, ou tout simplement médiocres et ennuyeuses. Alors pourquoi, dans ce cas, avoir l'orgueil de ne rien faire soi-même en poésie par souci de ne pas réussir un chef d'oeuvre bravant les Emaux et Camées? C'est assez d'un sonnet a moitié réussi pour qu'une tentative ne soit pas vaine; et faute de mettre l'univers d'accord sur son talent, il suffirait qu'un des poèmes, un seul, ait un jour adouci la rancoeur d'un être qui souffre pour que l'oeuvre fût utile et bien préférable à l'immense silence poétique où la "poésie de chapelle" a confiné le peuple français.
Avec une telle langue!…
La poésie populaire existe en germe. A lire des bulletins d'associations ou de patronage, on y découvre cet oeuvre. On y trouve parfois un peu d'insuffisance; c'est qu'il saute aux yeux que les auteurs ont le plus souvent aspiré à une vraie sublimation poétique, mais sans posséder assez de connaissance de la technique prosodique pour être "crédibles". L'énumération des fautes, de l'orthographe à la métrique en passant par la rime normande(4) , l'hiatus et la forme poétique inédite ... n'est pas utile. A qui la faute?
La faute en incombe à l'école. La poésie n'occupe pas la place qu'elle devrait occuper dans la pratique scolaire. L'école doit pourvoir les élèves d'un "bagage poétique" pour la vie(5) . Et d'une connaissance assurée des règles de la versification.
La faute en incombe aux médias. Non seulement cinéma et télévision ou radio, ni la presse quotidienne n'accordent une juste place à cette discipline, mais ils dévalorisent l'image du poète. Lorsqu'ils en présente un, c'est l'archétype du faible, de l'exclu, de l'être bizarre, frustré, refoulé, de moeurs suspectes. ( Merci Verlaine et Rimbaud, les poètes vous devront toujours cet héritage; car les médias s'intéressent bien mieux à exhumer vos dévergondages qu'à populariser vos oeuvres ! Enfin! Comme dit Démocrite dans son tourbillon d'atomes: « On ne peut être poète sans quelque folie.») D'un certain point de vue, heureux que les médias n'en parlent pas davantage. Ils en auraient dégoûté à jamais toutes les générations passées et à venir!
Pourtant il y a là une veine immense à exploiter, à cultiver; et c'est l'aspiration profonde du populaire. Je me suis laissé dire qu'il existait jadis des pays où le dimanche, sur les places publiques, des groupes se réunissaient pour se livrer à des joutes poétiques...
"Moi .- Vous êtes difficile et je vois que vous ne faites grâce qu'aux hommes sublimes. Lui .- Oui, aux échecs, aux dames, en poésie, en éloquence, en musique et autres fadaises comme cela. A quoi bon la médiocrité dans ces genres? "
Denis Diderot
Le Neveu de Rameau, qui ployait sous le prestige de son oncle illustre, aurait mieux fait de nous laisser une oeuvre musicale, puisqu'il était doué. La conviction que seul a droit de naître le génie a privé l'humanité de bien des oeuvres utiles, ne serait-ce que par la joie qu'elles eussent apportée à leurs créateurs.
Surtout, n'ayons pas peur d'imiter. Commençons par imiter. Imitons les anciens, les aînés, les maîtres. Ronsard imite Pétrarque qui ne fait que développer Giacomo da Lentini, inventeur du sonnet(6) . Puis tous les faiseurs de sonnets imitent Ronsard... et Rimbaud passe du abba abba au abba baab ou au abab abab; chacun innove en imitant l'ancien. Rimbaud admirait Verlaine, Mais "de la musique avant toute chose" n'est-ce pas:
" Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles (...)
Dans les clapotements furieux des marées (...)
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux (...) "
Arthur Rimbaud, "Le Bateau Ivre"
Lorsqu'André Breton et Philippe Souppault, rapprochés au café de Flore par l'amitié d'Apollinaire, découvrent, en 1919, l'écriture automatique, qu'ont-ils réellement inventé après:
" J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peau
D'hommes! (...) "
(ibid)
Qu'avaient-ils "inventé" ? Imitons-donc, surtout pour commencer, parce que si tout le monde critique chacun, en poésie (comme ailleurs!), chacun copie tout le monde, à un moment ou à l'autre.
D'ailleurs, "tout" n'a-il-pas déjà été inventé? Ne sommes-nous pas parvenus à un stade de civilisation où tout art soit "achevé" ? Et à supposer qu'il restât quelque chose à découvrir, l'Art consiste-t-il à " être à tout prix un inventeur de nouveauté " ou bien consiste-t-il à "créer la beauté" ?
Les médias modernes, avides de "scoop", n'ont-ils pas privilégié l'idée que l'artiste devait "scandaliser" pour faire parler de soi-même, alors que le rôle de l'artiste serait plutôt de "parachever l'Humanité" en définissant l'Homme comme un être soucieux de "La Beauté" ?
Les médias modernes n'ont-ils pas perverti l'Art en le montrant comme une "machine à faire parler de soi" plutôt que comme une entreprise collective humaine et humanisante de création de la Beauté universelle ?
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La poésie est celle de tout un peuple ou elle n'est pas.
La poésie alambiquée, éthérée, absconse, même si elle trouve un éditeur reste sans lecteurs. Telle est la supériorité d'un " Victor Hugo-Hélas "; "P" comme premier car "P" comme populaire; et d'un La Fontaine,... L'informatique offre peut-être une nouvelle chance à la poésie. Avec ou sans éditeurs, multiplions les classiques populaires. Et nous-mêmes, écrivons sans complexes en imitant scolairement les meilleurs, et en innovant raisonnablement...
Créons ensemble la poésie populaire...
Christian Jodon
Adh.9619, Club Micro-Contacts
Notes: ( Sauter les notes ) 1.- J'appelle poésie de chapelle une poésie précieuse, obscure, absconse, confisquée par une minuscule secte de spécialistes qui en monopolisent l'écriture et l'édition, contribuant ainsi à paralyser l'épanouissement poétique de la masse. 2.- Il existe deux pluriels: idéals, idéaux.e 3.- "Gal, amant de la reine, alla, tour magnanime
Galamment de l'Arène à la Tour Magne, à Nîmes."4.- On appelle rimes normandes des rimes qui ne satisfont que les yeux et non l'oreille comme "mer" et "aimer".e 5.- Ce qu'en a fait Yves Bonnefoy (article d'Astrid de Larminat dans Le Figaro du 4 novembre 2010: "Le Meilleur Ami de Rimbaud"): « Il s'est battu pour l'apprentissage de la poésie par cœur, qui permet de participer au texte et de se laisser transformer par lui ». Pour connaître Yves Bonnefoy, visitez les sites ci-dessous:
— Yves Bonnefoy: biographie, liste des œuvres avec nombreux liens
— Le fils d'un ouvrier monteur aux ateliers des chemins de fer: Yves Bonnefoy, professeur au Collège de France.6.- Da Lentini: cf Ronsard, Les Amours, Poche 3920 p.28
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Atelier d'auteurs de poésie populaire
Je propose d'élaborer en commun quelques poèmes conçus sur la base de l'Art poétique décrit plus haut. La règle du jeu est le respect des classiques et des grands thèmes: la souffrance et l'angoisse existentielle, l'amour hétérosexuel ou filial, la nature, la liberté et l'aspiration à une société égalitariste et fraternelle. D'autres sites se consacrent à d'autres règles ( l'innovation, d'autres thèmes...) et chacun peut s'y reporter. Ici, on se contentera d'essayer l'imitation des classiques, avec une arrière-pensée pédagogique pour les plus jeunes.
Si un poème est soumis et, après discussion, paraît devoir être publié, il sera demandé à l'auteur d'écrire par lettre papier traditionnelle son accord pour l'édition Web et son attestation sur l'honneur que son œuvre est authentiquement personnelle, originale et inédite.
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Poèmes Populaires
©Christian Jodon
Cliquez la grosse flèche puis "Visionnez sur You Tube"
Si celle ci-dessus ne marche plus, essayez celles ci-dessous:
— Montand et Cora Vaucaire: Trois petites notes de musique
— Trois petites notes de musique par Cora Vaucaire
Merci à You Tube et à "oldoaktree" qui l'y a mise.
De la part de "VieuxChêneFidèlàCora"…
C'était lorsque chantait Cora
Lorsque chantait Cora Vaucaire
Chantaient les jardins de Paris
C'était aux Buttes buissonnières
Que je m'étais fait le pari
De voler dans la lumière
Le premier baiser de Marie
Et dans le froid crépusculaire
Le métro servait de repaire
De Stalingrad à l'Opéra
C'était lorsque chantait Cora
Il nous fallait berner son père
Qui la poursuivait dans Paris
De réussite il n'avait guère
Car les amoureux aguerris
Savaient se cacher au parterre
Aux buissons des allées fleuries
La gardienne inhospitalière
Quand j'embrassais mon écolière
Nous insultait comme des chiens
Ainsi riaient les Parisiens
Lorsque chantait Cora Vaucaire
Chantaient les jardins de Paris
C'était aux Buttes buissonnières
Que je m'étais fait le pari
De voler dans la lumière
Le premier baiser de Marie
Et dans le froid crépusculaire
Le métro servait de repaire
De Stalingrad à l'Opéra
C'était lorsque chantait Cora
Un soir une grimacière
Nous fit subir un hourvari
Prédisant à ma bachelière
Que je serais mauvais mari
Au métro dans la fourmilière
Nous fûmes nous mettre à l'abri
Mais d'une voix roturière
Se disant choqué des manières
Un vieux clochard nous chapitra
Quand je la prenais dans mes bras
Lorsque chantait Cora Vaucaire
Chantaient les jardins de Paris
C'était aux Buttes buissonnières
Que je m'étais fait le pari
De voler dans la lumière
Le premier baiser de Marie
Et dans le froid crépusculaire
Le métro servait de repaire
De Stalingrad à l'Opéra
C'était lorsque chantait Cora
Mais en dépit des sermonnaires
Cette année-là chaque matin
Me remplissait d'une joie claire
Et Dieu jalousait mon destin
Chaque minute était solaire
Aux quais du canal Saint-Martin
Et nous n'étions plus solitaires
Le feu d'un baiser salutaire
Avait libéré nos démons
Aux allées des Buttes Chaumont
Lorsque chantait Cora Vaucaire
Chantaient les jardins de Paris
C'était aux Buttes buissonnières
Que je m'étais fait le pari
De voler dans la lumière
Le premier baiser de Marie
Et dans le froid crépusculaire
Le métro servait de repaire
De Stalingrad à l'Opéra
C'était lorsque chantait Cora
Christian Jodon, 1981
Une superbe chanson de Georges Delerue pour la musique, paroles de Henri Colpi. C'est la chanson du film "Une aussi longue absence".
- Acheter la vidéo sur le site de l'INA; on voir Cora qui chante…
- Sur cette url, Wikipedia parle du film "Une aussi longue absence"
- Un autre site pour "Trois petites notes de musique" par Montand puis Cora
- D'autres de Cora
- Jacques Prévert
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Ton Nom de Lilas Blanc
Dans un jardin de mai joli
Tiruli tuitui tiruli
Dans un jardin de mai joli
Mon lilas blanc a refleuri
Tiruli tuituit
Au creux d'un thyrse parfumé
Le cœur palpitant j'ai pleuré
Ton parfum et j'ai murmuré
Ce qu'en mon coeur j'avais muré
Ton nom
Marie-Thé Maïté Mathé
Dans un jardin de mai joli
Tiruli tuitui tiruli
Dans un jardin de mai joli
Mon lilas blanc a refleuri
Tiruli tuituit
Il a refleuri sur mon front
Sentiras-tu comme un affront
Qu'au creux d'un thyrse immaculé
Le coeur ému j'ai adulé
Ton nom
Marie-Thé
Dans un jardin de mai joli
Tiruli tuitui tiruli
Dans un jardin de mai joli
Mon lilas blanc a refleuri
Tiruli tuituit
Il refleurira sur ma tombe
Car au lilas blanc il incombe
En grapillant l'éternité
De me souffler comme un baiser
Ton nom
Mathé
Dans un jardin de mai joli
Tiruli tuitui tiruli
Dans un jardin de mai joli
Mon lilas blanc a refleuri
Tiruli tuituit
Il défleurira sur mon ombre
Des corolles en si grand nombre
Mariant pour l'éternité
Ma peine et ta féminité
Ton nom
Maïté
Dans un jardin de mai joli
Tiruli tuitui tiruli
Dans un jardin de mai joli
Mon lilas blanc a refleuri
Tiruli tuituit
Alors atome par atome
Ta blanche image et mon fantôme
Dans le lilas réintégré
Chanteront sur tous les degrés
Ton nom
Marie-Thé
Ton joli nom de lilas blanc
Marie-Thé Maïté Mathé
Christian Jodon, 1991
La Romance de Paris, Charles Trenet Paroles: Charles Trenet Musique: Léo Chauliac (1942)
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La Haie de tes Yeux
Pour toutes les saisons de tes chers jolis yeux
Pour poser leur soucis je planterai un orme
Un chêne un merisier pour tes jolis yeux bleus
Un horizon d'amis puissants et multiformes
Au printemps de tes yeux un merisier qui neige
En voile de mariée qu'on épouse à seize ans
Un poirier séculaire et blanc comme la Meije
Un vieux mari fidèle au bout de deux cents ans
En été de tes yeux je veux un robinier
Qui me fera rêver au parfum de tes larmes
Il foliolera quand tu pourras nier
Que l'automne à tes yeux enlèvera leur charme
En hiver de tes yeux j'irai planter un chêne
Où graver à jamais l'amour de tes yeux bleus
Pour toutes les saisons que tes regards…
m'enchaînent
J'irai planter la haie des beaux géants heureux
Christian Jodon, 1951
"L'Anamour" Superbe poème et musique de Serge Gainsbourg (1969)
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Cryptogammes Alpines...
Je m'en irai par les ravins
Où fleurent les adenostyles
Se mussent de petis malins
Qui cachent nos fautes de style...
Je m'en irai par les sous-bois
Où parmi les fleurs d'anemones
Se dissimulent les minois
Des voyelles et des consonnes...
Je m'en irai par les prairies
Où sous-couvert d'helianthemes
S'occultent avec sournoiserie
De bons et de mauvais poèmes...
Je m'en irai par les rochers
Où dans les touffes d'androsaces
Savent en paix se retrancher
De gentils contes un peu salaces...
Je m'en irai près des ruisseaux
Où dans les floraisons d'astrances
Tortillent d'habiles rinceaux
Qui voilent des correspondances...
Je m'en irai par les chemins
Où se foulent des alchemilles
Qui par d'étranges tours de main
Ne recèlent que des broutilles...
Christian Jodon, 1981
Montage par Zianette007: de belles photos sur fond de voix superbe: celle de Trenet — (Charles Trenet, parole, musique et interprétation). En cas d'échec:
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Douceur des Gris
Ô temps grisé de mes ancêtres
Ciel grivelé du cœur de France
Fraîcheur grisante à mon enfance
Ciel grisaillant doux à tout l'être
Ô temps grivois de ma jeunesse
Instants grisants près des grisettes
Ciel grisolant des alouettes
Et griserie de la tendresse
Las grisonnant tel un ancêtre
Je veux me baigner dans les gris
Des ciels grisant de mon pays
Pour y frissonner de bien-être
Christian Jodon, 2001
"Romance" par Juliette Gréco; Paroles: Henri Bassis. Musique: Joseph Kosma 1952
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Une Amour d'un autre âge
Une amour d'un autre âge
Au temps des filles sages
Au temps des loups-garous (1)
Tresse tes cheveux roux
Refrain:
Hou! fait le vent
Il est doux
Il est bel
Sur Chaumontel
Il est d'où
L'engoulevent
Qui fait frrr!
Dans les Brûlis?
Une amour d'un autre âge (2)
Au temps des pucelages
Au temps des billets doux
Dentelle et roudoudoux (3)
Refrain:
Hou! fait le vent
Il est doux
Il est bel
Sur Chaumontel
Il est d'où
L'engoulevent
Qui fait frrr!
Dans les Brûlis?
Une amour d'un autre âge
Temps de l'amour en cage
Lorsque de vieux hiboux
Dressaient d'odieux tabous
Refrain:
Hou! fait le vent
Il est doux
Il est bel
Sur Chaumontel
Il est d'où
L'engoulevent
Qui fait frrr!
Dans les Brûlis?
Christian Jodon, 1971
Notes section 3-6: ( Sauter les notes de section 3-6 )
3-6-1.-↑ Loups-garous: pluriel vérifié (PL)
3-6-2.-↑ Sur le genre du mot amour, cf André de Chénier:
"Que vos heureux destins, les délices du ciel,
Coulent toujours trempés d'ambroisie et de miel,
Et non sans quelque amour paisible et mutuelle..."
(A.Chénier; Printemps)
Et dans la "Chanson de Barberine" d'Alfred de Musset:
"Vous qui croyez qu'une amour délaissée
De la pensée
S'enfuit ainsi,
... "
3-6-3.-↑ Roudoudou: seulement au singulier ds Petit Larousse
(Ni ds Darmesteter, ni ds les "Difficultés..." Girodet.
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Jean Ferrat: "On ne voit pas le temps passer"
You Tube, Daily Motion: Remerciements pour la joie que nous avons d'écouter les poèmes qu'on aime (" La meilleure encyclopédie poétique est celle qu'on se fait soi-même "); tout en réservant, grâce à la publicité, les droits des auteurs, compositeurs et interprètes.
C'est un peu dommage que ces vidéos soient "labiles", apparaissant puis disparaissant sans crier gare ce qui rend les "intégrations" aléatoires. Je laisse parfois le "cadre"; il peut vous aider à retourner chercher dans un site spécialisé des vidéos renouvelées. C'est arrivé plusieurs fois depuis un an que j'en ai inclus certaines dans ce site…
Chanté par Lui: (bonne sono)
Video montrée par Patrick Marechal grâce à You Tube. Remerciements…
Nb: parfois la première audition est hachée: débit ADSL insuffisant; la deuxième sera meilleure…
Autres vidéos sur ce superbe poème, si beau et si… douloureux:
— Chanté par "Notre Jean" si regretté
— Chanté par Isabelle Aubret
— Chanté par un autre chanteur (belle voix, belles graves…)
— Chanté par un autre bon chanteur (Jean Medelgi) (belle voix, belles graves…)
— Chanté par Thierry
— Philippe Lernould, piano
Le Souvenir D'où…
Souvenirs de tous les chemins
Brodés de dentelles du Puy
Que tous les deux main dans la main
Ensemble nous avons suivis
Souvenirs de tous les chemins
Qu'ensemble nous avons marché
Et que tous deux le cœur serein
Au coude à coude avons cherché
Souvenirs de tous les chemins
Que nous butions sur les cailloux
Mais qu'à l'ultime lendemain
Nous garderons Souvenir D'Où.
Christian Jodon, 1995
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L'Amère Solitude
Gronde la mer
Gronde mon coeur
Vagues amères
Flots de rancoeur...
Pleure mon grand
Grand coeur perdu
La belle enfant
Ne m'a pas vu...
Secoue mon corps
De grands sanglots
Amers et forts
Comme les flots...
Christian Jodon, 1951
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L'Amour sous le Poirier
Au bois de Jagny
Y-a-t'un poirier
Lève ta jupette la messe est finie
Y-a-t'un poirier
Au bois de Jagny
Jette ta culotte sans cérémonie
C'est un paysan qui l'a complanté
Et depuis cent ans il neige en avril
Bandant chaque hiver son vieux tronc viril
Gloire au laboureur qui l'a enfanté
Au bois de Jagny
Y-a-t'un poirier
Lève ta jupette l'école est finie
Y-a-t'un poirier
Au bois de Jagny
Jette ta culotte tendre Virginie
C'est un cul-terreux qui nous a surpris
Et crois judicieux qu'il la chaperonne
Et devient furieux lorsque la mignonne
Lui lance aux moustaches un ris de mépris
Au bois de Jagny
Y-a-t'un poirier
Lève ta jupette le prêche est fini
Y-a-t'un poirier
Au bois de Jagny
Jette ta culotte par-dessus les nids
Il est revenu portant une scie
Le vieil arbre érecte une verge immense
Tant le refoulé bouffi par l'offense
Se rue au géant et le supplicie
Au bois de Jagny
Plus de poirier
Remets ta culotte la joie c'est fini
Plus de poirier
Au bois de Jagny
Il est mort châtré par un cul-béni
Christian Jodon, 1951
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L'Avril neigeant
C'est l'avril de tes seize ans
Un avril qui va neigeant
Sur le labour qui frissonne
Sur la terre qui grisonne
L'avril de mes quarante ans
Un avril qui va neigeant
Dans mon âme qui bourdonne
Sur ma tête qui grisonne
C'est l'avril de tes seize ans
Le printemps qui va neigeant
Dans les vergers qui bourgeonnent
Tes seize années papillonnent
L'avril est tout enneigé
Dans mon coeur désobligé
Sur mes cheveux qui grisonnent
Dans ma tête qui maronne. (*)
Christian Jodon, 1981
Cf Darmesteter: (*) étym: origine inconnue; marmotter, marmonner; Néologisme. Admis Acad Frçse 1878; familier: se plaindre entre ses dents.
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Le Cloporte qui voulait partager
le bain du Poète
Ciel un cloporte
Qui se déporte
Qui se transporte
Se multiporte
En ma baignoire!...
Qu’on me jette un vieux grimoire
Que j’enlève la mémoire
A cet hôte dérisoire
Qui dans mon bain se trimbale
Qu’on me lance ma sandale
Que j’écrase ce vandale
D’une tape radicale
Comme on soufflette un brigand
Qu’on me passe un yatagan
Que d’un revers élégant
J’étripe cet intrigant
Cette crevette insipide
Que la bombe insecticide
Livre un combat pesticide
Et perpètre un écocide
Du ciron qui se transporte
Jusque dans ma place forte
Attendant que sa cohorte
Vienne lui prêter main-forte
Au fort de mon isoloir
Qu’on me passe l’écumoire
Que la bête ambulatoire
Finisse à la rôtissoire
Que mérite sa laideur
Crustacée, petite soeur
Tu portes tant de hideur
Que c’en est un crève-coeur
Et que mon envie s’éteint
De contrarier ton destin
D’un papier menu fretin
Je rejette le trottin
Par la porte...
Adieu cloporte!
Entre tes pattes mille oeufs
Envahiront les fâcheux
De ce hameau cafardeux
Car il sied que la vermine
Entre parents s’élimine
Et qu’un bête crétine
Turlupine
Mes voisines...
Christian Jodon, 1951
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Dans la colline de Chaumontel
Dans la colline de Chaumontel
Y-a le vent, y-a le vent, Mam'zelle!
Dans la colline de Chaumontel
Tu n'y seras plus pucelle
Longtemps!
Qu'il était gai ce mois de mai
Framboise et fraise où tu m'aimais
Et sous tes froufrous c'était si fripon
Que c'était trop doux d'être né garçon
>>————————————————————>
Dans la colline de Chaumontel
Y-a le vent, y-a le vent, Mam'zelle!
Dans la colline de Chaumontel
Tu n'y seras pas fidèle
Longtemps!
♥
Qu'il était triste ce mois d'août
Que tu lui faisais les yeux doux
Et dans le sous-bois quand l'autre t'aimais
Pour trois cheveux gris je me morfondais
>>————————————————————>
Dans la colline de Chaumontel
V'là l'hiver, v'là lhiver, Mam'zelle!
Dans la colline de Chaumontel
Je n'y serai pas fidèle
Cent ans
♥
Quand tu l'aimais bien à couvert
Qu'ils étaient longs ces mois d'hiver
Et pour les frimas qui couvrent mon front
D'une branche basse me trouverai bon
>>————————————————————>
Dans la colline de Chaumontel
Y-a la mort, y-a la mort, Mam'zelle!
Dans la colline de Chaumontel
Et moi qui cours après elle
Longtemps!
♥
Christian Jodon, 1971
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L'Amour des Deux Jacinthes
Là-haut sur la colline
Y-a-t'un joli jardin
Lavande et romarin
Lavande et romarin
Il y a deux jacinthes
Dans ce joli jardin
Le jardin de tes yeux
Remplis de romarin
Lavande du ciel bleu
Deux jacinthes au jardin
Pour tes jolies jacinthes
J'ai pleuré dans mes mains
Lavande et romarin
Lavande et romarin
Insensible à ma plainte
Ni jour d'hui ni demain
Pour tes jolies jacinthes
Je pleurerai sans fin
Modulant la complainte
De ton regard de lin
Là-haut sur la colline
Y-a-t'un joli jardin
Lavande et romarin
Lavande et romarin
Ton jardinier jardine
Tes deux yeux au jardin
Le parfum de tes yeux
Vaut bien le romarin
Lavande du ciel bleu
Deux jacinthes au jardin
Le vent de la colline
M'apporte ton parfum
Lavande et romarin
Lavande et romarin
Le parfum de jacinthe
De tes beaux yeux de lin
Avec un goût d'absinthe
D'amer et de citrin
Au jardin de tes yeux
J'irai mourir demain
Christian Jodon, 1951
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La Dulcamara…
Adieu l'écolière
Pour qui j'ai sublimée
Cette amour douce-amère
Que pour toi j'ai rimée
Je traîne mon boulet dans un désert hostile
Sous un âcre ciel gris qu'un vent méchant distille
Dans les matins sans joie remplis d'arbres tués
Des banlieues sordides aux murs prostitués
Près des rivières sales hantées de poissons morts
Mes réveils sans espoir où vivre est un effort
Adieu l'écolière
Pour qui j'ai sublimée
Cette amour douce-amère
Que pour toi j'ai rimée
A l'orée des forêts chantent aux quatre vents
Les réveils éblouis de tes seize printemps
Tes yeux écarquillés cillent aux lumières
Des rosées pailletant les aubes clairières
Tes matins sont autant de rayons de soleil
Irisant une ondée sur des bourgeons vermeils
Adieu l'écolière
Pour qui j'ai sublimée
Cette amour douce-amère
Que pour toi j'ai rimée
Il y a quelque temps tu t'étais approchée
Et ma vie à ta vie me semblait accrochée
Ta fraîcheur m'inondait et pendant près d'un an
J'eus les réveils joyeux d'un homme de vingt ans
Les réveils pleins d'espoirs et de chant du pinson
Des matinées de joie rythmées par ta chanson
Adieu l'écolière
Pour qui j'ai sublimée
Cette amour douce-amère
Que pour toi j'ai rimée
Chaque jour me revient ton hypocoristique
Et ton regard noyé dans le flou artistique
Du flot de tes cheveux c'est le tendre regard
De la fille adoptive adorée sur le tard
Tiens l'hiver est venu et la neige à couvert
Mon front déjà chenu voit la fin du désert
Adieu l'écolière
Pour qui j'ai sublimée
Cette amour douce-amère
Que pour toi j'ai rimée
Christian Jodon, 1970
Pour une mèche brune
Brunette m'a souri
Mais ne m'a pas dit oui
Et nulle n'a rougi
Quand j'ai défait mon lit
Brunette a fait la moue
A mon regard trop doux
N'y aura que ma joue
Sur mon oreiller mou
Brune parmi mes rêves
T'embrasserai sans trêve
Sur tes cuisses trop brèves
Je poserai mes lèvres
Sur ton ventre câlin
Je poserai mes mains
Entre tes petits seins
Mon front enfin serein
Sur ton épaule douce
Ma bouche à la rescousse
Ira vers ta frimousse
Baiser des taches rousses
Et lorsque le matin
Apparaîtra enfin
Je pleurerai sans fin
D'être seul dans le lin
Christian Jodon, 1952
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À une petite élève Vietnamienne
Dont les yeux n'étaient qu'un rire entre deux fentes
Au premier cours je lui dis:
" Bonjour mademoiselle Ming ".
- M'sieur qu'est-ce que c'est ? (Choeur des Cancres)
- C'est du vietnamien !
La demoiselle me regarde sévèrement avec des yeux ronds
Autant ronds qu'il en puisse venir à une Vietnamienne !
Et elle me dit, outrée: " Non, c'est pas vrai ! ".
J'assure: " Si, c'est du Vietnamien;
Mais pas du Vietnamien de cuisine.
C'est du Vietnamien de mandarin ! "
Choeur des Cancres:
( Qui espèrent m'embarrasser ! )
- M'sieur, qu'est-ce que ça veut dire ?
Cela veut dire
" Une petite goutte de rosée
" Sur un pétale de fleur de pêcher à peine éclose "
" Ming "
" Admirez la subtile concision de la langue vietnamienne ! "
Choeur des Cancres:
" Oh c'est beau M'sieur, c'est poétique ! "
Au deuxième cours je lui dis:
" Bonjour mademoiselle Yong ".
- M'sieur, qu'est-ce que c'est, c'est du vietnamien ?
Cette fois la demoiselle ouvre aussi grand qu'elle peut
Ses fentes rieuses de Tonkinoise, sans protester.
- Bien sûr; mais pas du vietnamien de cuisine;
Du vietnamien savant !
Choeur des Cancres:
( Qui espèrent m'embarrasser ?
Cela veut dire ?
" Yong "
" Par un clair matin de printemps
Tout inondé de rayons de soleil "
" Yong "
Admirez la gracieuse concision de la langue vietnamienne !
Choeur des Cancres:
" Oh c'est beau M'sieur, c'est poétique! "
Au troisième cours je lui dis:
" Bonjour mademoiselle Chou ".
Cette fois la tendronne n'a plus qu'un éclat rieur
Entre les fentes de ses paupières.
Choeur des Cancres:
( Qui désespèrent de m'embarrasser mais souhaitent
retarder le moment de l'interro écrite !)
- M'sieur, qu'est-ce que ça veut dire?
Cela veut dire, en vietnamien de mandarin:
" Chou "
" Là-bas au loin, très loin, là où le ciel rejoint la terre
" Sur les rives du fleuve Mékong "
" Chou "
" Admirez la savante concision des vocables vietnamiens !"
Choeur des Cancres:
" Oh c'est beau M'sieur, c'est poétique ! "
Au quatrième cours je lui dis:
" Bonjour mademoiselle Ming-Yong-Chou ".
Alors le Choeur des Cancres entonne:
" Ming-Yong-Chou "
" Ce qui veut dire en vietnamien de mandarin:
" Une petite goutte de rosée
" Sur un pétale de fleur de pêcher à peine éclose
" Par un clair matin de printemps
" Tout inondé de rayons de soleil
" Là-bas au loin
" Très loin
" Là où le ciel rejoint la terre
" Sur les rives du fleuve Mékong..."
" Ming-Yong-Chou "
" Admirez la subtile concision de la langue vietnamienne ! "
Et moi, tout ce que je trouve à dire c'est:
" Oh c'est beau, c'est poétique !..."
Christian Jodon, 1981
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La Passante aux Yeux Bleus
À une petite cousine de douze ans, si vite passée…
Tes yeux sont si bleus
Que je caravelle en des océans
De vagues amères aux gouffres béants
Tes yeux sont si bleus, si bleus
Que je grosbourdonne au creux de tes fleurs
D'Endymion nutans et pois de senteurs
Tes yeux sont si bleus, si bleus, si bleus
Que je follatome happé dans le champ
De tes nébuleuses au tréfond des temps
Tes yeux sont de si jolies fleurs bleues
Christian Jodon, 1948
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VISIONS…
Oradour, joli nom qui rime avec amour.
Pastorale envolée de cloches. La rosée
Glace un pied frissonnant de fillette arrosée;
J’entends rire un enfant dans le fond d’une cour.
Joie qui durcit les seins aux doigts du nouveau-né;
Joie du parfum terreux qu’exhale le labour;
Joie qui gonfle d’honneur des hommes sans détours;
Limousine pucelle au regard étonné:
J’entends hurler l’enfant dans le fond de la cour;
Le calice est sanglant sous un corps lacéré;
Le fœtus sort fumant du ventre déchiré:
Joie d’éventrer la joie, voit-on finir le jour ?
Oradour, joli nom qui rime avec amour...
Christian Jodon, 1950
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Drôle d'Education Sexuelle !
En exergue:
« Parle si tu as des mots plus forts que le silence ou garde le silence »
Euripide (-480/-406 av.JC) poète tragique grec.
Proxénète: celui qui fait le métier d'entremetteur
(Dictionnaire Quillet Flammarion); - emprunté au
latin proxeneta, entremetteur, entrememetteuse
(Hatzfeld & Darmesteter);
- personne qui facilite la prostitution d'autrui et en partage le prix.
Prostitution: Acte par lequel une personne consent à des rapports sexuels
contre de l'argent. (Dictionnaire Petit Larousse)."
Il existe une catégorie sociale qu'oublient nos
pudiques dictionnaires…
Ceux-là se saisissent d'une jeune fille en fleur.
Elle est fraîche comme une prairie perlée…
d'une rosée de printemps.
Elle est pure comme la neige au sommet de la Meije...
Pure comme l'eau d'une source…
mussée dans les taillis...
Elle est jolie.
Mam'zelle Grain-d'son plein sa frimousse!
Elle est douce.
Elle est parfum comme chèvrefeuille…
enlaçant coudrier...
Comme un muguet perçant les mnies
Du Bois de Jagny...
Comme lilas blanc au jardin de mai.
Ils la volent.
Ils la forcent.
Ils la contraignent.
La violentent, l'asservissent.
Ils la rouent de coups, la terrorisent,…
Ils la louent, la vendent, la violent, la prostituent.
En tirent profit, construisent des fortunes sur sa déchéance.
Quand elle est avilie, souillée, vieillie, déchue;
Quand elle est devenue laide;
Qu'elle est trop malade;
Ils la jettent.
Ils vont plus loin.
Ils recommencent;
Et leur appétit est insatiable:
Jamais il ne s'arrêtent.
Nul jamais ne les arrêtera!
Cette vierge blonde au front cerné de feuilles,
Tu la connais.
Tu as compris
Qui elle est: c'est la Nature
Qui t'a conçu, donné le sein, l'eau, le pain;
Et tous les poissons de la mer ( "Je" te les donne );
Et tous les oiseaux des airs ( "Je" te les donne aussi );
Et tous les animaux de la terre ( "Je" te les donne )...
Mais eux ne l'entendent pas comme ça!
Ils t'arrachent ta terre.
Ils pillent ta mer.
Ils vident ton ciel,
Toujours salissent
Ton air…
Ton eau !
Le Doudo,
L'Ours des Pyrénées;
Ton Pingouin arctique et l'aigle;
Le Pigeon migrateur d'Amérique;
Ils exterminent ta Rythine de Steller,…
L'Okapi qui n'est plus qu'un titre d'illustré;
Et ma jolie palombe qui chante jour et nuit...
Chaque jour ils pillent des milliers de forêts
Chaque jour ils détruisent mille espèces
Leur arrogance jamais n'abdiquera;
Que dans l'enfer nucléaire
Qu'ils ont construit,
Jour après jour,
Nuit après nuit.
Haine après haine.
Violence après violence.
Ordure après ordure, torture après torture.
Les Proxénètes de la Nature…
Les Proxénètes de la Nature…
Les Proxénètes de la Nature !
Christian Jodon, 1981
Note: " - Et, en leur temps, les pères de l'Église n'y allaient pas par quatre chemins. Avec saint Ambroise, par exemple, qui affirmait : «Quand tu fais l'aumône à un pauvre, tu ne fais que lui rendre ce à quoi il a droit, car voici que ce qui était destiné à l'usage de tous, tu te l'es arrogé pour toi tout seul.» "
http://www.lefigaro.fr/debats/2008/12/27/... Noël dans la crise : un rendez-vous pour l'espérance
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Superbe interprétation de la chanson de Carlos Puebla par la chanteuse Nathalie Cardone, en 1997.Retour Table des Matières Menu
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La Chanson de Che Guevara
« Si le Christ était venu en Colombie, devant tant d'injustices,
lui aussi aurait pris la mitraillette et gagné les maquis ».
Camilo Torres, sociologue, prêtre et révolutionnaire colombien.
En 1958, aumônier de l'université Nationale à Bogotá.
Amis cessez de gémir
Ma flamme est toujours vivante(1)
Je sens à nouveau frémir
Les côtes de Rossinante
Sous mes talons
Quel feu le poussait-il aux rives des Antilles
Où d'autres s'acharnaient à marauder de l'or
Aux sols ensanglantés par les conquistadors
Guerillero puiné des seigneurs de Castille?(2)
Il était bel et jeune à ses amis fidèle
En dépit des travers de sa complexion
Toujours il fut constant à sa conviction(3)
Devenant pour les jeunes un ultime modèle(4)
Amis cessez de gémir
Ma flamme est toujours vivante
Je sens à nouveau frémir
Les côtes de Rossinante
Sous mes talons
Hidalgo né pour jouir comme un fils à papa(5)
De l'hacienda dormant aux confins des pampas
Quel souffle animait donc ce seigneur si chétif(6)
Le métamorphosant en un cheval rétif
Pégase émerveillé du levant au ponent(7)
Courant la cordillère et les cinq continents?
Enfant de paladins en richesses prodigues
Méprisant les honneurs que les vaniteux briguent(8)
Tout jeune il réfutait les attraits de l'argent(9)
Pour consacrer son coeur au soin des indigents(10)
Se coupant sans retour de la noble existence(11)
Pour briser des puissants l'injuste omnipotence.
Amis cessez de gémir
Ma flamme est toujours vivante
Je sens à nouveau frémir
Les côtes de Rossinante
Sous mes talons
Ils n'étaient plus que douze en Sierra Maestra
Près de Fidel Castro pour gagner le contrat
D'armer les paysans des plantations de cannes
Et chasser Batista des rues de La Havane
Le peuple eut à les voir tant de résolution
Que Cuba s'enflamma pour la Révolution
Alors des tabliers fringants la farandole
Se pressa pieusement aux portes des écoles
Donnant aux paysans les meilleurs médecins
Et les meilleurs soldats contre les assassins
Tandis que des légions d'athlètes pacifiques
Se couvraient de lauriers aux joutes olympiques
Amis cessez de gémir
Ma flamme est toujours vivante
Je sens à nouveau frémir
Les côtes de Rossinante
Sous mes talons
Mais toujours en son rêve il voyait des géants
Lever les bras aux cieux pour frapper des enfants
Débordant de révolte en son sang qui fourmille
Il laissa les honneurs sacrifia sa famille
Pour chevaucher la Terre et les vents et nuées
Libérant des tyrans l'esclave exténué
Un jour à Higueras hameau de Bolivie
Un paysan madré lui monnaya sa vie
Bradant pour trois dollars le Paladin des Andes
Qui de sa liberté lui avait fait l'offrande
Ainsi meurent parfois de riches étrangers
Dévorés par les chiens qu'ils vinrent délivrer(12)
Amis cessez de gémir
Ma flamme est toujours vivante
Je sens à nouveau frémir
Les côtes de Rossinante
Sous mes talons
Sur l'écharpe d'Iris drapant le ciel des Andes
L'étoile au front narguant les cosmiques guirlandes
Il est là le guerrier des monts vertigineux
Menant sa Rossinante aux sentiers lumineux
Chantonnant aux vallées le choeur égalitaire
Qui ranime l'espoir au coeur des prolétaires
Il est là je l'entends et ce n'est pas le vent
Des Andes qui me crie: "Je suis toujours vivant..."
Les vautours charognards dans la nuit qui sanglote
N'ont pu déchiqueter le corps de Don Quichotte
Il est là je le vois jeune encore avenant
Chevalier des nuées à jamais revenant
Amis cessez de gémir
Ma flamme est toujours vivante
Je sens à nouveau frémir
Les côtes de Rossinante
Sous mes talons
Che!
Je suis un chat et comme les chats j'ai sept vies
Christian Jodon, 1951
© Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
"© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "
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— "Hasta Siempre" de Carlos Puebla, auteur et compositeur, chanteur; la plus "authentique version".
"Hasta siempre, Comandante" veut dire en français "Avec toi pour toujours, Commandant". Tout savoir sur la chanson "Hasta Siempre"
— Voir, Écouter des vidéo dont "Hasta Siempre": (Cliquer ici)
Notes de "La Chanson de Che Guevara": ( Sauter les notes ) *.- Jean Lartéguy p.32
Camilo Torres; prêtre en Colombie; né d'une grande famille;
ancien aumônier de l'Université.
Se fit tuer dans le maquis de Santander.1.- Quatre vers suivants: à peu près le texte de la dernière lettre du Che à ses parents, au moment du départ en Bolivie. 2.- Un des ancêtres de sa mère, Celia de la Serna, avait été le dernier Vice-Roi espagnol du Pérou. (Lartéguy, p.57) 3.- Var.: Toujours il fut fidèle à sa conviction 4.- Var.: Forgeant pour la jeunesse un ultime modèle 5.- Cf Jean Lartéguy "Les guerilleros" p.57 6.- Id p59 7.- ponant: du méridional ponent (Hatzfeld & Darmesteter) 8.- Cf p.57 "les honneurs, ça m'emmerde" 9.- Amour déçu de Chichina Fereiras cf id p.62 10.- Médecin de léproserie au Venezuela en 1953 p.64 11.- Var.: S'arracher sans retour à la noble existence 12.- Var.: Mordus des chiens galeux qu'ils viennent délivrer
Mordus par les chiens fous qu'ils viennent délivrer13.- Textes et - Hasta siempre ! (Soledad Bravo, Venezuela: superbe voix féminine !)
- Hasta siempre, comandante Che Guevara ! (Carlos Puebla, Cuba: superbe interprétation masculine !)
- Les derniers jours du Che (Avec de nombreux liens…)
- Un extrait du film de Pierre Richard et Jean Cormier : "Parlez-moi du Ché".
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Hasta Siempre, Comandante !
Auteur: Paroles et musique: Carlos Puebla.
Paroles d'Hasta Siempre…
Ci-contre: Soledad Bravo
Soledad Bravo é considerada uma das maiores vozes da América hispânica.Aprendimos a quererte
Desde la histórica altura
Donde el sol de tu bravura
Le puso un cerco a la muerte
Refrain:
Aqui se queda la clara
La entrañable transparencia
De tu querida presencia
Comandante Che Guevara
Tu mano gloriosa y fuerte
Sobre la historia dispara
Cuando todo Santa Clara
Se despierta para verte (Refrain )
Vienes quemando la brisa
Com soles de Primavera
Para plantar la bandera
Com la luz de tu sonrisa (Refrain )
Tu amor revolucionario
Te conduce a nueva empresa
Donde esperan la firmeza
De tu brazo libertario (Refrain )
Seguiremos adelante
Como junto a ti seguimos
Y com Fidel te decimos:
Hasta siempre, Comandante
(Refrain )
Traduction: Avec Toi Pour Toujours
Nous avons appris à t'aimer
Depuis les hauteurs historiques
Où le soleil de ta bravoure
A couronné la mort
Refrain
Ici, il reste la claire,
La tendre transparence
De ta présence bien aimée
Commandant Che Guevera
Ta main glorieuse et forte
Fait feu sur l'Histoire
Quand tout Santa Clara
Se réveille pour te voir (Refrain )
Tu arrives en embrassant la brise
Avec des soleils printaniers
Pour planter la bannière
Avec la lumière de ton sourire (Refrain )
Ton amour révolutionnaire
Te conduit vers de nouvelles conquêtes
Où l'on attend la fermeté
De ton bras libérateur (Refrain )
Nous continuerons toujours
Comme nous continuons près de toi aujourd'hui
Et avec Fidel, nous te disons
"Avec toi pour toujours, Commandant"
(Refrain )
Auteur: Paroles et musique: Carlos Puebla.
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La JoLiberté
Ma liberté je t'ai perdue
Au travers des quartiers miteux
Aux murs salis calamiteux
Comme une pensée défendue
Au travers des quartiers miteux
Fuyant les foules éperdues
Comme une pensée défendue
Fuyant tes parfums capiteux
Fuyant les foules éperdues
Ceux qui te gardent tout pour eux
Fuyant tes parfums capiteux
Ma liberté qui m'était due
Ceux qui te gardent tout pour eux
D'eux tu n'auras plus dépendu
Ma liberté qui m'était due
Car au long des chemins herbeux
Je t'ai trouvée ma liberté
Ma JoLiberté
Christian Jodon, 1951
© Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
"© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "
Frédéric Gros. Carnets Nord - Bref extraits
Marcher et philosopher
Alors que j'ai publié ce poème sous-forme d'une lettre aux habitants de mon village en janvier 2005, puis dans mon site dès février 2007, j'ai eu le plaisir de trouver, dans le Figaro du jeudi 13 août 2009, un article de Paul-François Paoli présentant un livre qui exprime en prose ma "JoLiberté". J'en ai fait un extrait ci-dessous, tant des plumes de Mr. Paoli que de Frédéric Gros, pour attiser la curiosité des marcheurs concernés.
Extrait:
« Dans un ouvrage d'une profonde simplicité, le philosophe Frédéric Gros montre que l'engouement actuel pour la marche et le pèlerinage a une histoire et peut recouvrir de profondes expériences spirituelles.
« Au commencement était la route.., » Cette formule n'est pas de l'écrivain américain Jack Kerouac, le célèbre auteur de "Sur la route", mais d'un historien spécialiste de l'époque médiévale, Joseph Bédier, qui a mis en évidence l'importance de la marche à pied en ces temps où l'on pérégrinait de Paris à Compostelle, Rome ou Jérusalem.
Pourtant, comme le montre Frédéric Gros dans "Marcher, une philosophie", ce sens de l'aventure pédestre qui habitait les pèlerins s'est perdu avec le monde moderne et le développement des grands moyens de communications. Il a été remplacé, notamment à la fin du XVIIIe siècle, par la promenade, qui est un acte de reconnaissance sociale - c'est le moment de rencontrer ses proches - ou d'un simple délassement. Il faudra attendre le romantisme, et notamment l'Anglais Wordsworth, auteur de "Prélude", un grand poème autobiographique, pour que la marche en pleine nature, qui était l'apanage des miséreux, retrouve ses lettres de noblesse. (...)
Sensation de liberté.
Puis viendront Rousseau (...), Rimbaud (...), Nietzsche (...), ou encore Gérard de Nerval, poète de l'errance mélancolique. (...)
Mais pourquoi tant de passion pour un acte aussi monotone que celui de poser un pied devant l'autre, parfois des jours durant? De quoi la marche, qui n'est pas une quête de performance narcissique, nous délivre-t-elle? Familier des sentiers de montagne, Frédéric Gros nous donne sa réponse:
« On ne va pas en marchant à la rencontre de soi-même; comme s'il s'agissait de se retrouver (...) pour reconquérir un moi authentique, une identité perdue. En marchant, on échappe à l'idée même d'identité, à la tentation d'être quelqu'un... » D'où une sensation de liberté toute fraîche, retrouvée, qui, au fur et à mesure que la fatigue se transforme en plénitude, peut inspirer une forme d'ascèse. « La liberté alors, c'est une bouchée de pain, une gorgée d'eau fraîche, un paysage ouvert », écrit l'auteur, (...)»
Paul-François Paoli; Le Figaro, jeudi 13 août 2009
"Marcher, une philosophie", de Frédéric Gros. Carnets Nord, 302 p., 17€(...)
William Wordworth: Le Prélude”
Comme le "Poète du Lac" a été évoqué dans l'article cité, j'ai souhaité retrouver chez lui la trace de ce sentiment de liberté que procure la marche à pied dans le milieu naturel. Voici, ci-dessous:Extrait du "Prélude" de William Wordworth
Traduction de Maxime Durisotti
William Wordworth; "Prélude"; extrait
Oh ! c’est pour me bénir que cette douce brise
Souffle depuis les étendues vertes, les nuages
Et depuis le ciel ; elle fouette ma joue
Et semble à peine consciente de la joie qu’elle dispense.
Oh bienvenue, messagère ! bienvenue, ô mon amie !
L’otage te salue, qui du lieu de sa servitude
S’est échappé, libre enfin des murs de cette ville, là-bas,
La prison qui longtemps le retint captif.
Aujourd’hui je suis libre, affranchi, au grand air,
Je puis élire domicile où il me plaira.
Quel abri saura m’accueillir ? dans quel vallon
Sera mon port ? au milieu de quel bois
Etablirai-je ma demeure, et quel doux ruisseau
De son murmure me bercera jusqu’au sommeil ?
La terre est toute devant moi ! Avec un coeur
Joyeux, et que sa propre liberté n’effraie pas,
Je regarde alentour ; dussé-je n’élire pour guide
Rien de mieux qu’un nuage errant,
Je ne saurais m’égarer. Je respire à nouveau.
Des pensées extatiques, des monuments de l’esprit
Rapidement m’assaillent. (...)
Pour trouver l'ensemble de la traduction: William Wordworth traduit par Maxime Durisotti
William Wordworth (1770-1850)
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Un Parfum de Champagney
À Pierre-Antoine Jodon, paysan du Jura de 1789, mon ancêtre
Je t'ai connu et tant aimé
Parfum des terres labourées
Parfum des reines inconnu
Quand l'esclavage était vertu
Quand l'esclave acquit la fierté
De respirer ta Liberté
Où le fumier que l'on remue
Se mêlant à la terre nue
Donnait un goût d'éternité
A l'écrasante pauvreté
Quand mes ancêtres ont obtenu
De libérer l'esclave nu
C'est toi qui l'avais inspiré
Parfum des terres labourées
Christian Jodon, 1991
© Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
"© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "
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Terre! Terre! Terre!..."Nageurs morts suivront nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses..."
Guillaume Apollinaire*
Ô ma planète bien-aimée
Mon beau vaisseau jamais ancré
Musardant en l'éternité...
Il faudra que ma vie finisse
Et que jamais plus je ne puisse,
Amant de tes féminités
Que je n'aurai pas visitées
Voir tes splendeurs qui me ravissent,
Éclair trop bref que j'ai passé...s
Note: *G.A.: "La Romance du Mal-Aimé" 1903
Christian Jodon, 2001
© Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
"© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "
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Poire tombant à la Verticale
Ci-dessous, un poème plus... moderne à prendre avec indulgence: c'est un effort de recherche!
Ta Chair dans ma Chair...
Mieux me laisser, poire, moi! t’aimer
Vaut plus que confire ta chair qui va
Péter la joie maintenant que j’assume
Dans le fond de ma gorge, profonde!
La chair de ta chair de poire qui me féconde et me
Colle à la peau!
Christian Jodon, 1951
© Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
"© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "
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Parfums Perdus
À Brigitte, une petite cousine
qui demandait un poème.
Ô les parfums de mon enfance
Où êtes-vous les parfums frais
Les effluves et les fragrances
Vous que j'ai perdus à jamais...
Ô de Père grand le cellier
Parmi les outils défendus
Les tanins mousses et boisés
Des cœurs de chênes refendus
Senteurs du sable très subtiles
Lorsque la pluie découvrirait
Les coquilles et les fossiles
Qu'aux premiers jeux je marierais
Parfum de pâtisserie suisse
Rue du Mazel à Saint-Céré
Des cent gâteaux de son office
Et du baba trop macéré.
Ô le distillat des garrigues
Aux caillasses escaladées
A Cassis et le goût des figues
Et de narcisse achalandées
Ô l'arôme des anémones
Ignoré des fumeurs blasés
Dans ma mémoire qui résonne
Comme un relent des jours aimés
Ô dans l'air glacé des matines
Fumet des fumiers jurassiens
Mêlant d'entêtantes résines
Des scieries et l'odeur du pain
Effluve unique de la classe
Aux douze élèves au Pèr'Baudet
Et l'odeur de poussin fugace
D'une fillette que j'aimais
Ô les tilleuls de Chantilly
Qu'à bicyclette on parcourait
Les exhalaisons infinies
D'un air de miel qui nous saoûlait
Ô l'humus foulé des tillaies
Emanations de Virginie
De tabacs blonds et de bouquets
D'exotiques et de symphonies
Parfum des terres labourées
D'enfant travaillant au labour
Des terres intimes exhumé
Je te humais avec amour
Ô temps perdu des cent fragrances
Qui jamais ne nous reviendra
Tu as odoré nos enfances
Du narghilé des premiers pas
Ô temps échu des cent fragrances
Qui jamais ne fleuriront plus
Les fleurs du nez de notre enfance
Blessent nos âmes corrompues
Christian Jodon, 1951
© Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
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"Le Vieil Acharné"Retour Table des Matières
Au paysan qui l'avait planté.
Ô toi vieux mutilé
Ô toi vieux vénérable
Au tronc creusé
Des misérables
Calciné...
Tu es mon frère aîné
L'ancêtre impérissable
Et tourmenté
Des exécrables
Années...
Comme toi j'ai peiné
Parmi d'âpres semblables
Qui ne m'ont pas aimé
D'inapaisables
Forcenés...
Mais malgré des années
De peines redoutables
Te revoici chargé
De fleurettes affables
Vieil acharné...
Oh! Je suis comme toi
L'opiniâtre indomptable
Comme toi couronné
De fleurs très improbables
Au temps ressuscité
Des jours aimables...
Ô toi vieux décharné
Ô vieillard intouchable
Acharné trèsaimé
Mon aïeul véritable
Inachevé
Imperturbable...
Christian Jodon, 16 avril 2009
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Le Casque du G.I.
Partez du Bas
Grimpez à l'échelle...
L'insouciance des enfants
Portant encore au visage
Et lui qu'un adolescent
J'étais lors qu'un enfant sage
D'obus abasourdissants
Le terrible martelage
Dans les cris assourdissants
En juin sur l'immense plage
Il perdit en se couchant
Dans l'horrible tintamarre
Le casque qu'en trébuchant
D'un G.I. dans la bagarre
D'un autre juin trop sanglant
Souvenir d'une querelle
J'ai retrouvé tout tremblant
En juin sous une poutrelle
Un La Fontaine attrayant
Les Pythiques de Pindare
Un illustré distrayant
Le portrait de l'oncle Icare
Des jupons de l'ancien temps
Sous d'amusantes dentelles
Et le temps d'un passe-temps
En juin pour des bagatelles
Dans un phono larmoyant
Un vieux disque de cithare
Un bicorne chatoyant
Une pipe une guitare
D'images des jours heureux
Fouiller une ribambelle
De mon grenier poussiéreux
En juin j'ai gravi l'échelle
Rez de Chaussée: partez d'ici, grimpez…
La suite… Maintenant, descendez du grenier...
Il vint d'un lointain rivage
Pour un devoir important
Imaginant le ravage
Qu'il ferait en s'emportant
Il fit quatre pas en France
Et mourut en honorant
Son pays car sa souffrance
Nous libérait des tyrans
Il était meilleur peut-être
Que tous ceux qu'il délivrait
Sa vie lui eût fait connaître
Une infinité d'attraits
Une pipe une guitare
Un costume chatoyant
Au saloon une bagarre
Un étalon flamboyant
Une fille aux yeux de lin
L'instant d'une bagatelle
Une brune aux yeux câlins
Pour une amour immortelle
Des montagnes gigantesques
Et des plages infinies
Et des villes titanesques
Floride et Californie
En juin j'ai gravi l'échelle
De mon grenier poussiéreux
Fouiller une ribambelle
D'images des jours heureux
Un vieux casque une gamelle
Une carte de J-deux
Des godillots sans semelle
Dans une vieux Gringoire hideuxChristian Jodon C'était le 6 juin 1994.
Cinquantième Anniversaire du
Débarquement en Normandie
Édité sur le site www.sos-valdysieux
Le 6 juin 2009, 65ème anniversaire
En l'honneur de la visite de S.M. Elizabeth II d'Angleterre
« le seul chef d’État au monde ayant porté l’uniforme pendant la Seconde Guerre mondiale »
et
du Président des États-Unis Barak Obama
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"Elégie de Monsieur Sosthène!..."
"1997"M'sieur Sosthène en mon jardinRetour Table des Matières
Au secours c'est ma saucisse!
Que ce goinfre ce jocrisse
Que s'empifre ce gredin!
M'sieur Sosthène en mon jardin
Au larron c'est mon rôti
Que baffre cet abruti
Sous le pied de romarin!
M'sieur Sosthène en mon jardin
Au voleur c'est mes lardons
Que grignote ce larron
Sous un brin de lavandin!
M'sieur Sosthène en mon jardin
Arrêtez, c'est les merleaux !
Qu'égorge ce brigandeau
Avec son air anodin!
II est mort bien poliment
Au fond de la chaufferie
D'un excès de goinfrerie
D'un piteux miaulement ...
Il repose en son jardin
Derrière le cornouiller
Sous un rameau de rosier
A trois mètres du bassin...
Le merle pas rancunier
Vient chanter à cloche-merle
Sur sa patte qui chancèle
Vient chanter à cloche-pied
Monsieur Merle en requiem
Venez triller sur sa tombe
Car c'est à vous qu'il incombe
De lui dire comme on l'aime ...
Christian Jodon
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"Pleure Nicole..."Souvenez-vous:« La mort d'un million d'hommes importe peu pour un homme comme moi. » (Napoléon Ier)
Est mort Hérode le Grand
Que tant d'innocents contemplent
Massacrant les Innocents
Tout en construisant le Temple
Pleure Nicole...
Est mort Hérode Antipas
Décapitant Jean-Baptiste
Crucifiant du même pas
Notre Seigneur Jésus Christ
Pleure Nicole...
Il est mort le roi Hérode
Roi Hérode Agrippa II
Qui par cruelles méthodes
Réprima le peuple hébreux
Pleure Nicole...
Mais Nicole elle s'en fout
Des Hérodes rois antiques
« Hérode » était son toutou
Qui mourut bouffé des tiques
Pleure Nicole...
Car Nicole a cœur si tendre
Qu'elle estime avoir le droit
De préférer à tout prendre…
Mieux pleurer un chien qu'un roi...
Christian Jodon, 14 juillet 2007
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- Hérode le Grand, né à Ascalon en 62 av. J.-C., roi de Judée de 39 av. JC à 4 ap., ordonna selon l'Évangile le massacre des Innocents.
- Son fils Hérode Antipas, tétrarque de Galilée de 4 à 39 ap. JC., fit mourir saint Jean-Baptiste pour plaire à sa femme Hérodiade. Jésus parut devant lui.
- Hérode Agrippa I", petit-fils d'Hérode le Grand, père de Bérénice, roi de Judée de 37 à 44, fit emprisonner saint Pierre.
- Hérode Agrippa II (28-92?), roi de Judée de 52 à 68, vécut à Rome après la prise de Jérusalem.
Hérode Atticus (101-177), né à Marathon; rhéteur grec, maître de Marc-Aurèle. Fit bâtir à Athènes le théâtre dit Odéon d'Hérode Atticus.
- Hérodiade ou Hérodias, petite-fille d'Hérode le Grand, épousa son beau-frére, Hérode Antipas, de qui elle obtint, grâce aux danses de sa fille Salomé, la mort de Saint Jean-Baptiste qui lui avait reproché son union incestueuse.
- Hérodote (484-425 env. av. J.-C.), né à Halicarnasse, historien grec, surnommé le Père de l' Histoire. Son œuvre, l'Enquête ou les Histoires, expose l'histoire et les mœurs des habitants des différents pays connus du bassin méditerranéen qu'il visita, ainsi que l'histoire des relations des Grecs et des Barbares jusqu'à la fin (479) des Guerres médiques.
- Dictionnaire Quillet-Flammarion encyclopédique; Paris 1956
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Gamme MajeureRetour Table des Matières
1952
La forêt a dix-huit ans
Chante pinson cause ajasse
Qui gazouille qui jacasse
Dix huit matins de printemps
Sous un bouleau qui bourgeonne
Père Corbeau qui bougonne
Le vieux goupil languissant
S'en vient tout reverdissant
La forêt a dix-huit ans
Chante fauvette ou bécasse
Qui pépie et qui croasse
Dix huit matins de printemps
Sous un bouleau qui fleuronne
Pour sylvette qui chantonne
Un vieux renard languissant
Se sent tout reverdissant
Christian Jodon
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Comme la gamine Mélusine, il sortit un papier froissé, promettant que quiconque reconnaîtrait quel écrivain classique avait servi de canevas pour son poème aurait une récompense. Laquelle, sortie du sac, s'avéra n'être qu'un modeste livre de poche, mais la perle n'est-elle pas la culture qui s'y cache?
La Forte En T'Aime
Hommage du Musagète à sa muse Erato
Deux gouttes d'eau sur un poème...
Ecoutez la chanson bien douce
Elle est belle, elle est éphémère
Qui ne pleure que pour te plaire
Une larme sur ta frimousse
Elle est discrète, elle est légère
Au milieu de tes taches rousses
Nectar subtil et douce-amère
Un frisson d'eau sur de la mousse
Une larme sur un poème
Ecoutez la chanson bien douce
Que dit ta lèvre forte en thème
Un frisson d'eau sur de la mousse
Qui ne chante que pour te plaire
Chante pour toi ma " Forte-En-Thème "
Elle est discrète, elle est légère
C'est pour toi ma " Forte-En-Je-T'Aime "
© Christian Jodon
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Extrait de « La Forte En T'Aime », roman: Cliquez pour y aller: ici
— Et maintenant, dit le président, qui a-t-il trouvé le poète que j'ai parodié? Personne ? et il faisait mine de ranger son bouquin. Mais Nathalia s'était rapprochée de lui et, portant sa main vers la bouche du prof, elle lui coupa la parole en disant: « Eh bien, maintenant, rendons à Paul ce qui est à Verlaine !» Alors, dans la clairière aux Endymions, près du menhir, comme le ciel se couvrait à peine et voilait un soleil déclinant, la voix de la jeune fille s'éleva pour prononcer les vers du Prince des Poètes. C'était magique comme une aria de Bellini et les enfants restaient bouche bée, comme retournés dans l'instant aux temps des coupeurs de gui.
Écoutez la chanson bien douce
Qui ne pleure que pour vous plaire.
Elle est discrète, elle est légère :
Un frisson d'eau sur de la mousse !
La voix vous fut connue (et chère !),
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée,
Pourtant comme elle encore fière,
Et dans les longs plis de son voile
Qui palpite aux brises d'automne,
Cache et montre au coeur qui s'étonne
La vérité comme une étoile.
Elle dit, la voix reconnue,
Que la bonté c'est notre vie,
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste, la mort venue.
Elle parle aussi de la gloire
D'être simple sans plus attendre,
Et de noces d'or et du tendre
Bonheur d'une paix sans victoire.
Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame.
Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste !
Elle est en peine et de passage,
L'âme qui souffre sans colère,
Et comme sa morale est claire !...
Écoutez la chanson bien sage.
Paul Verlaine (1844-1896)
Le moment était exceptionnel où le temps fut comme suspendu... Captifs des intonations qu'une Erato-mezzo, soulevée par l'atmosphère du lieu, avait trouvées comme la Norma druidique psalmodiant sa supplique de paix à la Lune:
« Casta Diva... Spargi in terra quella pace... Che regnar tu fai nel Ciel... »
« Chaste Déesse... Répands sur la Terre cette paix... Que tu fais régner au ciel... »
Les enfants restèrent muets pendant quelques minutes.
Il fallait rentrer et l'on quitta le Jardin courtois encore sous l'emprise du charme.
- Écouter Maria Callas interpréter «Norma: Casta Diva» en 1958
- Casta Diva par Ariane Douguet
- Casta Diva par Cecilia Bartoli
- Casta Diva: autre version de Callas
- Casta Diva par Montserrat Caballé
- Montserrat Caballe "Casta diva" Norma Orange 1974
- Jusqu'en Chine: Casta Diva par Sophie Zakir
Les paroles de Casta Diva...
Chaste déesse
Casta Diva, che inargenti
Chaste déesse, qui argentes
Queste sacre queste sacre, queste sacre antiche piante
Ces antiques, ces antiques, ... Ces antiques feuillages sacrés
A noi volgi il bel sembiante;
Tourne vers nous ton beau visage
A noi volgi,
a noi volgi il bel sembiante,
il bel sembiante
Chorus:
Casta Diva
Senza nube e senza vel!
Sans nuage et sans voile
Tempra tu de cori ardenti!Tempra ancor lo zelo andace!
Modère le zèle, modère le zèle audacieux
Spargi in terra quella pace,
Répands sur cette Terre cette paix
Che regnar tu fai nel Ciel.
Que tu fais régner au ciel
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L'Homme nouveau, c'est pour quand ?
« La lutte des classes n'est pas une théorie marxiste,
c'est un fait, un fait essentiel de l'humanité ... »2
Il y a les ambitieux, les puissants, les caïds, les costauds, les parrains...
Les forts en thème, les a+, les X, les Y, ceux qui sortent de ci, qui sortent de çà...
Les “d'la cuisse de Jupiter”
Les technocrates, les pecnocrates...
Les entreprenants, les entrepreneurs, les commerçants, les Jacques Cœur...
Les grands prélats, ceux qui se prélassent, les grands saigneurs...
Les grands capitaines de coup de Trafalgar, ceux de la casbah d'Alger
Capitaines de gégène; capitaines d'industrie...
Les barons d'empire; ceux de la métallurgie...
Les grands bourgeois, les grands capitalistes...
Les glorieux, les arrogants... Les forts, quoi...
Ceux-là ne sont pas près d'abandonner leur superbe ! Ils sacrifieront jusqu'à la dernière goutte du sang de leurs "boys" pour défendre leurs privilèges, leur "way of life”, leurs "stock-options", leur "parachute en or". Dans une société construite autour de "leur" liberté, de "leur" démocratie, de "leur" libéralisme, de "leur" capitalisme, de "leur" cannibalisme. Autour de "leur" nombril...
Et puis, à côté de la caste des "winners", il y a la l’immense file des perdants. La première espèce ne saurait exister sans la seconde puisqu'elles se définissent mutuellement par leur lien dialectique: chacune n'existant que par son contraire.
Les faibles, les battus, les cocus de l'Histoire...
Les pouilleux, les hilotes, les hideux, les intouchables et les parias...
L'innombrable, l'éternelle cohorte des esclaves sans espoir...
Le réservoir de serfs, de manants taillables et corvéables à merci...
Reproductibles à l'infini...
Avec leurs combines, leur "système D", leurs compromissions...
Avec leur servitude volontaire, avec leur soumission...
Avec leur servilité, leur obséquiosité, leurs courbettes, leur docilité...
Avec leurs frustrations, leurs dénonciations, leur trahison de tous les Spartacus, de tous les Christs, de tous les Juifs, de tous les Résistants, de tous les Communistes, de tous les non-violents de l’histoire...
Paraîtrait même qu'il y en a qui dénoncent le RMIste du coin ! Les bricoleurs !
"Salauds de pauvres !" disait Gabin dans la "Traversée de Paris"... (3)
Les "loosers"! Les Bêta-Moins, Les "Epsilon semi-avortons"...
Avec leurs désespoirs, avec leurs chants d'espoir...
Ceux-ci ne sont pas près d'abandonner leur rêve. Ceux-là ne sont pas près de jeter aux orties leur envie de se sacrifier à la construction d'une société égalitaire, équitable, juste et fraternelle. Ils se battront jusqu'à la nuit des temps pour défendre "la liberté", "l’égalité", le socialisme ou le communisme et "la fraternité"...
Avec leur désespoir. Avec leur abnégation; avec leur indéniable dévouement; leur grandiose esprit de sacrifice. Avec leurs six millions de morts de l’Armée Rouge, leurs 26 millions de soviétiques sacrifiés par l'agression "Barbarossa"! Avec leur Léningrad, leur Stalingrad sans quoi le grand Reich de mille ans nous aurait ôté pour longtemps le goût de critiquer les maîtres de ce monde...
"Les maîtres avec leurs prêtres, leurs traîtres et leur reîtres”...(1)
Les voilà les loosers... avides d'égalitarisme
Avec “Le Che”, avec son espoir éperdu dans l'avènement de "l'Homme nouveau"...
C'est pour quand l'Homme nouveau ?
Nous l'attendons...
« Avec les saisons
Avec les années
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l'acier des canons.» (1)
(1) de Jacques Prevert: "Pater Noster"
Christian Jodon
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(2) Et: « Ce n'est pas le révolté qui est dans l'erreur, c'est celui qui ne se révolterait pas. »
Non ! C'est pas de Marx, pas d'Engels, pas du Che... C'est de Paul Chauchard, savant biologiste et philosophe chrétien.
3.- Salauds de Pauvres (sic) - Société - Points d'actu. Bel article sur "La pauvreté au fil des siècles" à la Bibliothèque municipale de Lyon:
Cliquez ici (ou utilisez l'URL ci-dessous)
http://www.pointsdactu.org/article.php3?id_article=1244
29 oct 2008 ... Classes laborieuses et classes dangereuses, par Louis CHEVALIER, Tempus .... Si le quotidien et la situation des pauvres évoluent au fil des ...
4.- Ce texte peut être téléchargé dans différents formats: "L'Homme nouveau, c'est pour quand ?"
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Le Trou Noir à BisousRetour Table des Matières
1955
Ô mon amour ma belle étoile
Qui es mon trou noir à bisou
Plus je m'enchevêtre en tes toiles
Plus je te baise comme un fou
Trou-Bisous Trou-Si-Doux
Le Trou Noir de ton cou
Ô l'attraction newtonienne
Qui m'aspire au creux de ton cou
Dans tes prisons aranéennes
Et le flot de tes cheveux flous
Le Trou Noir de ton cou
Trou-Bisous Trou-Si-Doux
Ô ta nuque fragile et tendre
Où j'ai guetté le Trou-Bisous
Sans oser jamais y surprendre
Un larcin cependant Si-Doux
Christian Jodon - 1955
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Jean Ferrat, "Jean la Voix"
Et maintenant frérot que serai-je sans toi ?
Nos parallèles vies se croisent en poussière
Ta vie des années trente et moi de trente-trois
Moi fils de prisonnier, toi privé de ton père ?
Jean l'Espoir, Jean mon frère
Jean la Foi, Jean la Joie
Jean la Terre, Jean Colère
Jean la Voix
Et maintenant frérot que serons nous sans toi
Que ta voix jamais plus ne criera nos colères
Ou l'amour ni la joie, mais qu'à jamais ta foi
Dira sa rhétorique aux fleurs de cimetière
Jean l'Espoir, Jean Colère
Jean la Foi, Jean la Joie
Jean la Terre, Jean mon frère
Jean la Voix
Et maintenant les Hommes ils seront quoi sans toi
S'assoupir ne se peut sans le chant d'un grand frère
Aux graves harmoniques, à la paisible voix
Qui rassure l'enfant des terreurs de la guerre
Jean l'Espoir, Jean la Terre
Jean la Foi, Jean la Joie
Jean Colère, Jean mon frère
Jean la Voix…
Jean Ferrat
© Christian Jodon, 16 mars 2010
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Une autre belle voix: Jean Medelgi (You Tube)
"Heureux celui qui meurt d'aimer" Louis Aragon
Paroles de ce poème d'Aragon
Ô les demains qui chantent
Ô les hiers de foi que tu croyais toujours
En notre France à nous, celle de Robespierre
Et de l'égalité conquise par nos pères
Et les toujours d'espoir qu'on espérait d'amour…
Jean la Foi, Jean l'Espoir
Ô les demains qui chantent et ne chanteront plus
Faudra-t-il en pleurer, nous faudrait-il en rire
Et les jadis encor nous ramenant le pire
Les jamais sans tes chants qui ne reviendront plus
Jean la Voix, Jean Ferrat
Ô les bientôts sans joie que nos vies parallèles
Se croiseront au ras des fleurs de cimetière
Et les demains sans foi que tes justes colères
Cesseront de mêler ta basse aux chanterelles
Jean la Terre, Jean mon Frère
Jean Ferrat, Jean La Voix
© Christian Jodon, 21 mars 2010
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Rem:
Demain, hier, jadis > adv et substantifs masc; pas de pb
Bientôt, toujours, jamais > adv : licence poétique
"Tu aurais pu vivre encore un peu" (You Tube)
« — Tu parles pour toi, Jean la Voix ? »
Vidéo Supprimée…
URL: Paroles de ce poème de Jean Ferrat
URL: Liste des magasins vendant des chansons par le Net
Daily Motion Playlist des vidéos
You Tube Playlist des vidéos
La page de musique du Figaro lors du décès de Jean Ferrat
Premiers Printemps
Jolie perle, m'en vais te chatonner mâtine...
Bergère ne sors point encor tes blancs moutons
Tant j'aimerais fleuron te chatouiller matine
Lorsque le perce-neige a point ses blancs boutons
Ne chantons pas autant qu'il faudra que l'on gère
Allons casser la glace et jouer au bûcheron
Devant un feu gourmand la rigueur des congères
Alors qu'auprès de l'âtre un chat se musse en rond
Jolie pierre, m'en vais te chatonner mâtine...
Il faut nourrir encor le merle tremblotant
Tant j'aimerais fleuron te chatouiller matine
Il faut attendre encor que chante le bruant
© Christian Jodon
"Poèmes Populaires, La Forte En T'Aime"
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Notes:
- chaton: Partie de la bague dans laquelle la pierre est enchâssée; p. méton., pierre montée en chaton; dérivé: chatonner: monter une pierre précieuse dans son chaton.
- matine: normalement "matines"; Jean Toulet écrit: "Temps n'est plus ni printemps de te chanter matine (Toulet, Contrerimes, 1920, p.146)." (signalé dans le disctionnaire de l'Atilf). Lien:
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Stances pour un Marque-Page
13 mars 1996 / 13 mars 2011
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Les "clous" du Poloclo
À mes fils chéris: Poloclo et Toto
À Mathé qui mes les a faits…
Bonheur passé
Bonheur perdu
Comme elle est triste
Aux cœurs fendus
La nostalgie
Des jours aimés
Là-haut sur la colline
Heureuse de Guitry
J'ai conduit la mimine
Au Poloclo gentil
Vers un joli sablon
«Papa, cercer les "clous"!»
Gazouillait le mignon
Ne sachant que dessous
Se cache le poignard
Des dents d'un grand boucher
Qui du poupon mignard
N'eût fait qu'une bouchée…
Le Temps est un requin
Surgi du vaste abîme
Jamais ne fut quelqu'un (1)
Qui n'y paya sa dîme…
Ecrasant souvenir
Qui ne reviendra pas
C'est comme d'un mourir
Qui n'en finirait pas…
Bonheur passé
Bonheur perdu
Comme elle est triste
Aux cœurs perdus
La nostalgie
Des jours aimés
La poésie est une chanson qui aide à supporter l'insupportable…
Christian Jodon; "Poèmes Populaires" (fr)110811
(1) Var. Et jà ne soit quelqu'un
Qui n'y paiera sa dîme
Histoire de ressusciter un mot de Français qui meurt…
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Liste des Poèmes de Christian Jodon
L'Atelier
« Ouvert »
Liste des Poèmes de l'Atelier d'Artistes
La Naissance de Vénus.
Christian Jodon
Quelqu'un a dit: "Comme la Terre serait belle s'il n'y avait pas les Hommes!". Pourtant, la beauté n'existe pas sans un sujet "ressentant". Hors de l'Homme, point de beauté.
Pendant des millions et des millions d'années, le "Singe nu" a vécu dans la savane arborée. L'évolution a sélectionné, dans son génome, ceux des chromosomes les mieux adaptés à son environnement. Ainsi faisant, elle a imprimé aux tréfonds de l'être la mémoire du paysage natal.
Désormais trop nombreux, l'homme vit cloîtré dans ses villes. "Les villes qui puent de l'homme blanc", disait Chef Seattle... Il y devient malheureux, désadapté, inquiet et criminel. Lorsqu'il retrouve, dans la nature, un petit coin de savane native au travers d'un bocage, ceux de ses chromosomes qui, dans le béton urbain, étaient devenus désadaptés, non-fonctionnels, se prennent à se tortiller de plaisir. L'être vibre tout entier. L'âme résonne à l'unisson de l'environnement. C'est la Joie! Alors naît de cette coaptation fonctionnelle de l'homme et de son milieu préféré le sentiment de la beauté. L'esthétique est née au coeur d'un homme vibrant en harmonie avec la savane natale.
Mozart est un chant d'oiseau. Mozart tire-cire dans le vent, grisolle par-dessus les torrents, turlute au-travers des ramilles des peupliers.
Le grand Platon, et Sigmund, avaient bien vu que la beauté naît du spectacle de l'être désiré, de l'objet sexuel idéal; mais il fallait vivre au sein des banlieues du vingtième siècle pour sentir à quel point cet objet sexuel n'était que l'un des éléments du paysage.
L'origine du Beau chez Platon, Freud et d'autres...
Question: existerait-il deux sous-espèces humaines, l'une post-néanderthalienne, l'autre post-cromagnonienne?Retour Table des Matières
Je les nommerai: "Simius poubellivorus" et "Homo philosophicus". Où est la fourche ? Où est la bifurcation qui fait que là où les écolos s'éreintent à faire classer un site protégé pour ce qu'il en reste de naturel, d'autres le polluent comme à plaisir? Où est le "chaînon manquant" ? Cherchez pas: au fond de sa poubelle, bien au chaud, bien replié sur lui-même...
Chemin de la Cote 138 au Bois de la Goulette; le 27 avril 2009...
Dans la caverne de PLATON.
L'âme est formée de trois "puissances": le noûs, le thumos et l'epithumia. En gros: la tête, le cœur et la tripaille. Plus châtié: l'intellectualité, le courage et les passions.
Ainsi l'humanité du XXIème siècle progresse-t-elle dans la technique d'Hiroshima chère à Démocrite, cependant que c'est toujours vers le IVème siècle avant Jésus qu'il faut aller se faire voir chez les Grecs, à Athènes, pour trouver l'initiateur des philosophies qui ne sont toutes, aujourd'hui, que des "commentaires gribouillés en bas d'une page de Platon" (-427/-346 avt JC; Athènes).
Certaines cités toléraient la bisexualité; telle Athènes. La femme y était considérée mais surtout comme génitrice de "gardiens de la Cité". Aimer la femme était une obligation civile envers la République portée par de solides bras masculins. L'amour considéré par Platon est l'amour "socratique" du philosophe adulte pour le beau jeune homme Achille, l'aimé de Patrocle...
« Achille était plus beau non-seulement que Patrocle, mais que tous les autres héros. Il était encore sans barbe et beaucoup plus jeune, comme dit Homère ». (Discours de Phèdre ds le "Banquet" de Platon). C'est ainsi de l'amour - réciproque - de Socrate pour le superbe Alcibiade.
Mais cet amour pédérastique resterait méprisable s'il n'intéressait que "l'epithumia"; il ne saurait persister dignement que si le philosophe adulte découvrait, en grattant ce bas-morceau de l'âme, une valeur vraie telle que le courage au combat, la force, la colère... Bref, pas d'avenir amoureux si le manteau de l'epithumia ne découvre en s'entr'ouvrant, la tunique pourpre du "thumos": le cœur, le courage. Ayant dévoilé ce gage de volonté d'enrichissement intellectuel et moral chez le jeune homme, le silène philosophe peut alors, en toute respectabilité, devenir "l'amant" du jeune "aimé". Ainsi consacrera-t-il sa vie, dans la fidélité, à enseigner "l'aimé" pour éduquer la plus belle puissance de son âme: le "noûs" dit aussi "logismos", autrement dit: l'esprit rationnel.
Il en résulte une sorte de "sublimation" progressive cheminant du Beau physique des corps au Beau philosophique de la raison, en passant par le Beau moral du cœur. Le Beau est bien né de la contemplation de "l'objet sexuel idéal" sans que l'expression, moderne, soit prononcée.
Par contre, le mot "sublime" est dit: «... il ne sera plus enchaîné comme un esclave dans l'étroit amour de la beauté d'un jeune garçon, d'un homme ou d'une seule action ; mais, lancé sur l'océan de la beauté, et repaissant ses yeux de ce spectacle, il enfantera avec une inépuisable fécondité les discours et les pensées les plus magnifiques de la philosophie, jusqu'à ce qu'ayant affermi et agrandi son esprit par cette sublime contemplation, il n'aperçoive plus qu'une science, celle du beau.»
Extrait: "Le BANQUET" de Platon: Discours de Socrate.
Dans le "Banquet", Platon donne la parole à Socrate qui s'empresse de se décharger -mais en vain, comme on sait- de la responsabilité de ses idées -mortellement subversives- sur le dos de Diotime, femme de Mantinée...
"Ce n'est pas sans raison qu'il parle le dernier : évidemment il est l'interprète direct de Platon ; et c'est expressément dans son discours qu'il faut chercher la théorie platonicienne." Site à consulter, c'est encore mieux dit que chez moi: Site mediterranees.net
Autre site où lire le "Banquet":
Le Banquet
Importation du "Malaise dans la Civilisation" en fichier .PDF:
Malaise dans la Civilisation
Discours de Socrate.
« Mais je te laisse, [Agathon] pour en venir au discours que me tint un jour une femme de Mantinée, Diotime. Elle était savante sur tout ce qui concerne l'Amour et sur beaucoup d'autres choses. (...) Je tiens d'elle tout ce que je sais sur l'Amour. Je vais essayer de vous rapporter de mon mieux, d'après les principes dont nous venons de convenir, Agathon et moi, l'entretien que j'eus avec elle (...).
... (Diotime parle par la voix de Socrate:)
Mais pour cette immortalité de la vertu, pour cette noble gloire, il n'est rien, je crois, que chacun ne fasse avec d'autant plus d'ardeur qu'il est plus vertueux, car tous ont l'amour de ce qui est immortel. Ceux donc qui sont féconds selon le corps aiment les femmes, et se tournent de préférence vers elles, croyant s'assurer, par la procréation des enfants, l'immortalité, la perpétuité de leur nom et le bonheur, à ce qu'ils s'imaginent, dans la suite des temps. Mais ceux qui sont féconds selon l'esprit..., car il en est qui sont encore plus féconds d'esprit que de corps, pour les choses qu'il appartient à l'esprit de produire. Or qu'appartient-il à l'esprit de produire ? La sagesse et les autres vertus qui sont nées des poètes et de tous les artistes doués du génie de l'invention. Mais la sagesse la plus haute et la plus belle est celle qui préside au gouvernement des Etats et des familles humaines : on l'appelle prudence et justice. Quand donc un mortel divin porte en son âme, dès l'enfance, le germe de ces vertus, et que, parvenu à la maturité de l'âge, il désire produire et engendrer, il va aussi çà et là cherchant la beauté dans laquelle il pourra engendrer, car jamais il ne le pourrait dans la laideur. Dans l'ardeur de produire, il s'attache donc aux beaux corps de préférence aux laids ; et, s'il rencontre dans un beau corps une âme belle, généreuse et bien née, cette réunion lui plaît souverainement.
Auprès d'un tel homme, il abonde aussitôt en discours sur la vertu, sur les devoirs et les occupations de l'homme de bien, et il s'applique à l'instruire ; car le contact et le commerce de la beauté lui font engendrer et produire ce dont il portait le germe. Absent ou présent, il pense toujours à son bien-aimé ; et ils nourrissent en commun les fruits de leur union. Aussi le lien et l'affection qui les attachent l'un à l'autre sont-ils bien plus intimes et bien plus forts que ceux de la famille, parce que leurs enfants sont plus beaux et plus imortels. Et il n'est personne qui ne préfère de tels enfants à toute autre postérité, s'il considère et admire les productions qu'Homère, Hésiode et les autres poètes ont laissées d'eux, la renommée et la mémoire immortelle que ces immortels enfants ont acquise à leurs pères ; (...) De tels enfants leur ont valu des temples, mais nulle part les enfants du corps n'en ont valu à personne.
Peut-être, Socrate, suis-je parvenue à t'initier jusque-là aux mystères de l'Amour ; mais quant au dernier degré de l'initiation et aux révélations les plus secrètes, auxquelles tout ce que je viens de dire n'est qu'une préparation, je ne sais si, même bien dirigé, ton esprit pourrait s'élever jusqu'à elles. Je n'en continuerai pas moins, sans rien ralentir de mon zèle. Tâche de me suivre le mieux que tu pourras.
Celui qui veut atteindre à ce but par la vraie voie doit, dès son jeune âge, commencer par rechercher les beaux corps. Il doit, en outre, s'il est bien dirigé, n'en aimer qu'un seul, et dans celui qu'il aura choisi engendrer de beaux discours. Ensuite, il doit arriver à comprendre que la beauté qui se trouve dans un corps quelconque est soeur de la beauté qui se trouve dans tous les autres. En effet, s'il faut rechercher la beauté en général, ce serait une grande folie de ne pas croire que la beauté qui réside dans tous les corps est une et identique. Une fois pénétré de cette pensée, notre homme doit se montrer l'amant de tous les beaux corps et dépouiller, comme une petitesse méprisable, toute passion qui se concentrerait sur un seul. Après cela, il doit regarder la beauté de l'âme comme plus précieuse que celle du corps ; en sorte qu'une belle âme, même dans un corps dépourvu d'agréments, suffise pour attirer son amour et ses soins, et pour lui faire engendrer en elle les discours les plus propres à rendre la jeunesse meilleure. Par là il sera nécessairement amené à contempler la beauté qui se trouve dans les actions des hommes et dans les lois, à voir que cette beauté est partout identique à elle-même, et conséquemment à faire peu de cas de la beauté corporelle. Des actions des hommes il devra passer aux sciences, pour en contempler la beauté ; et alors, ayant une vue plus large du beau, il ne sera plus enchaîné comme un esclave dans l'étroit amour de la beauté d'un jeune garçon, d'un homme ou d'une seule action ; mais, lancé sur l'océan de la beauté, et repaissant ses yeux de ce spectacle, il enfantera avec une inépuisable fécondité les discours et les pensées les plus magnifiques de la philosophie, jusqu'à ce qu'ayant affermi et agrandi son esprit par cette sublime contemplation, il n'aperçoive plus qu'une science, celle du beau.
Prête-moi maintenant, Socrate, toute l'attention dont tu es capable. Celui qui, dans les mystères de l'Amour, se sera élevé jusqu'au point où nous en sommes, après avoir parcouru dans l'ordre convenable tous les degrés du beau, parvenu enfin au terme de l'initiation, apercevra tout à coup une beauté merveilleuse, celle, ô Socrate ! qui était le but de tous ses travaux antérieurs : beauté éternelle, incréée et impérissable, exempte d'accroissement et de diminution, beauté qui n'est point belle en telle partie et laide en telle autre, belle seulement en tel temps et non en tel autre, belle sous un rapport et laide sous un autre, belle en tel lieu et laide en tel autre, belle pour ceux-ci et laide pour ceux-là ; beauté qui n'a rien de sensible comme un visage, des mains, ni rien de corporel, qui n'est pas non plus tel discours ou telle science, qui ne réside pas dans un être différent d'elle-même, dans un animal, par exemple, ou dans la terre, ou dans le ciel, ou dans toute autre chose ; mais qui existe éternellement et absolument par elle-même et en elle-même ; de laquelle participent toutes les autres beautés, sans que leur naissance ou leur destruction lui apporte la moindre diminution ou le moindre accroissement, ni la modifie en quoi que ce soit.
Quand, des beautés inférieures on s'est élevé, par un amour bien entendu des jeunes gens, jusqu'à cette beauté parfaite, et qu'on commence à l'entrevoir, on touche presqu'au but ; car le droit chemin de l'Amour, qu'on le suive de soi-même ou qu'on soit guidé par un autre, c'est de commencer par les beautés d'ici-bas, et de s'élever jusqu'à la beauté suprême, en passant, pour ainsi dire, par tous les degrés de l'échelle, d'un seul beau corps à deux, de deux à tous les autres, des beaux corps aux belles occupations, des belles occupations aux belles sciences, jusqu'à ce que de science en science on parvienne à la science par excellence, qui n'est autre que la science du beau lui-même, et qu'on finisse par le connaître tel qu'il est en soi. O mon cher Socrate, poursuivit l'étrangère de Mantinée, si quelque chose donne du prix à cette vie, c'est la contemplation de la beauté absolue : ...
et, si tu y parviens jamais, que te sembleront auprès d'elle l'or et la parure, les beaux enfants et les beaux jeunes gens, dont la vue maintenant te trouble et te charme à un tel point, toi et beaucoup d'autres, que, pour voir sans cesse ceux que vous aimez, pour être sans cesse avec eux, si cela était possible, vous seriez prêts à vous priver de boire et de manger, et à passer votre vie dans leur commerce et leur contemplation ! Que penser d'un mortel à qui il serait donné de contempler la beauté pure, simple, sans mélange, non revêtue de chairs et de couleurs humaines et de toutes les autres vanités périssables, mais la beauté divine elle-même ? Penses-tu que ce serait une destinée misérable que d'avoir les regards fixés sur elle, que de jouir de la contemplation et du commerce d'un pareil objet ? Ne crois-tu pas, au contraire, que cet homme, étant le seul ici-bas qui perçoive le beau par l'organe auquel le beau est perceptible, pourra seul engendrer, non pas des images de vertu, puisqu'il ne s'attache pas à des images, mais des vertus véritables, puisque c'est à la vérité qu'il s'attache ? Or, c'est à celui qui enfante et nourrit la véritable vertu qu'il appartient d'être chéri de Dieu ; et si quelque homme doit être immortel, c'est celui-là surtout».
Le Bois Alix, vue sur le Val d'Ysieux, le 27 avril 2009.
Le Grand Sigmund: "Malaise dans la Civilisation" de Sigmund Freud.
Editeur: PUF Presses Universitaires de France, Bibliothèque de Psychanalyse; 2004, ISBN 213054701X
«L'on peut encore inclure un cas intéressant ; à savoir la recherche prédominante du bonheur dans les jouissances qu'inspire la beauté, en quelque lieu que celle-ci frappe nos sens ou notre esprit ; beauté des formes et des gestes humains, des objets naturels et des paysages, des créations artistiques et même scientifiques. Cette attitude esthétique prise comme but de la vie protège faiblement contre les maux qui nous menacent, mais nous dédommage de bien des choses. La jouissance esthétique en tant qu'émotion légèrement enivrante a un caractère particulier. Le côté utilitaire de la beauté n'apparaît pas clairement; on ne discerne pas qu'elle soit nécessaire à la civilisation, et celle-ci pourtant ne saurait s'en passer. La science de l'esthétique étudie les conditions dans lesquelles on ressent le « beau », mais elle n'a pu apporter aucun éclaircissement sur la nature et l'origine de la beauté ; et comme il advient toujours dans ce cas, elle s'est abondamment dépensée en phrases aussi creuses que sonores destinées à masquer l'absence de résultats. Malheureusement, c'est sur la beauté que la psychanalyse a le moins à nous dire. Un seul point semble certain, c'est que l'émotion esthétique dérive de la sphère des sensations sexuelles ; elle serait un exemple typique de tendance inhibée quant au but. Primitivement la « beauté » et le «charme sont des attributs de l'objet sexuel. »
...
«Le moment est venu de considérer l’essence de cette civilisation dont la valeur, en tant que dispensatrice du bonheur, a été révoquée en dote. Nous n’allons pas exiger une formule qui la définisse en peu de mots avant même d’avoir tiré de son examen quelque clarté. Il nous suffira de redire que le terme de civilisation désigne la totalité des oeuvres et organisations dont l’institution nous éloigne de l’état animal de nos ancêtres et qui servent à deux fins : la protection de l’homme contre la nature et la réglementation des relations des hommes entre eux. Pour plus de clarté nous examinerons l’un après l’autre les traits de la civilisation tels qu’ils apparaissent dans les collectivités humaines. Nous nous laisserons guider sans réserve au cours de cet examen par le langage usuel ou, comme on dit aussi, par le " sentiment linguistique ", certain en cela de faire droit à ces intuitions profondes qui se refusent aujourd’hui encore à toute traduction en mots abstraits.
L’entrée en matière est aisée, nous admettons comme civilisées toutes les activités et valeurs utiles à l’homme pour assujettir la terre à son service et pour se protéger contre la puissance des forces de la nature : c’est l’aspect de la civilisation le moins douteux. Afin de remonter assez haut, nous citerons à titre de premiers faits culturels l’emploi d’outils, la domestication du feu, la construction d’habitations. Parmi ces faits, le second s’arroge une place éminente en tant que conquête tout à fait extraordinaire et sans précédent. Les autres ouvrirent à l’homme une voie dans laquelle depuis lors il s’est engagé toujours plus avant, et les mobiles qui l’y poussaient sont d’ailleurs faciles à deviner. Grâce à tous ses instruments, l’homme perfectionne ses organes - moteurs aussi bien que sensoriels -, ou bien élargit considérablement les limites de leurs pouvoir. Les machines à moteur le munissent de forces gigantesques aussi faciles à diriger à son gré que celles de ses muscles ; grâce au navire et à l’avion, ni l’eau ni l’air ne peuvent entraver ses déplacements. Avec les lunettes, il corrige les défauts des lentilles de ses yeux ; le télescope lui permet de voir à d’immenses distances, et le microscope de dépasser les limites étroites assignées à sa vision par la structure de sa rétine. Avec l’appareil photographique, il s’est assuré un instrument qui fixe les apparences fugitives, le disque du gramophone lui rend le même service quant aux impressions sonores éphémères ; et ces deux appareils ne sont au fond que des matérialisation de la faculté qui lui a été donnée de se souvenir, autrement dit de sa mémoire. A l’aide du téléphone, il entend loin, à des distances que les contes eux-mêmes respecteraient comme infranchissables. A l’origine, l’écriture était le langage de l’absent, la maison d’habitation le substitut du corps maternel, cette toute première demeure dont la nostalgie persiste probablement toujours, ou l’on était en sécurité et ou l’on se sentait si bien.
On dirait un conte de fées ! Et cependant, elles sont la réalisation directe de tous - non, de la plupart - des souhaits forgés dans les contes, ces oeuvres dont grâce à sa science et à sa technique l’homme a su enrichir cette terre où il est apparu tout d’abord comme une chétive créature proche de l’animal, où chaque rejeton de sa race doit encore faire son entrée à l’état de nourrisson totalement impuissant - O inch of nature ! Et l’homme peut à bon droit les considérer comme des conquêtes de la civilisation. Il s’était depuis longtemps fait un idéal de la toute-puissance et de l’omniscience, et il l’incarnait en ses dieux. Il leur attribuait tout ce qui lui demeurait inaccessible, ou lui était interdit. On peut dire que ces divinités étaient des " idéals culturels ". Maintenant qu’il s’est considérablement rapproché de cet idéal, il est devenu lui-même presque un dieu. Mais seulement, en vérité, à la manière dont les humains savent en général atteindre à leurs types de perfection, c’est-à-dire incomplètement : sur certains points pas du tout, sur d’autres à moitié. L’homme est devenu pour ainsi dire une sorte de " dieu prothétique ", dieu certes admirable s’il revêt tous ses organes auxiliaires, mais ceux-ci n’ont pas poussé avec lui et lui donnent souvent bien du mal. Au reste, il est en droit de se consoler à l’idée que cette évolution ne prendra précisément pas fin avec l’an de grâce 1930. L’avenir lointain nous apportera, dans ce domaine de la civilisation, des progrès nouveaux et considérables, vraisemblablement d’une importance impossible à prévoir ; ils accentueront toujours plus les traits divins de l’homme. Dans l’intérêt de notre étude, nous ne voulons toutefois point oublier que, pour semblable qu’il soit à un dieu, l’homme d’aujourd’hui ne se sent pas heureux.
Ainsi nous reconnaissons le niveau culturel élevé d’un pays quand nous constatons que tout y est soigneusement cultivé et efficacement organisé pour l’exploitation de la terre par l’homme, et que la protection de celui-ci contre les forces naturelles est assurée ; en un mot que tout y est ordonné en vue de ce qui lui est utile. En pareil pays, les fleuves aux crues menaçantes verraient leur cours régularisé, et les eaux disponibles amenées par des canaux aux points ou elles feraient défaut. Le sol serait cultivé avec soin et l’on y sèmerait des plantes appropriées à sa nature ; les richesses minérales extraites assidûment du sous-sol y seraient employées à la fabrication des instruments ou des outils indispensables. Les moyens de communication y seraient abondants, rapides et sûrs, les bêtes sauvages et dangereuses exterminées, l’élevage prospère. Mais nous réclamons davantage à la civilisation et nous souhaitons voir encore ces mêmes pays satisfaire dignement à d’autres exigences. En effet, nous n’hésitons pas à saluer aussi comme un indice de civilisation - tout comme si nous voulions maintenant désavouer notre première thèse - ce souci que prennent les hommes de choses sans utilité aucune ou même en apparence plutôt inutiles ; quand par exemple nous voyons dans une ville les jardins publics, ces espaces qui, en tant que réservoirs d’air et terrains de jeu, lui sont nécessaires, ornés par surcroît de parterres fleuris, ou encore les fenêtres des maisons parées de vases de fleurs. Cet " inutile " dont nous demandons à la civilisation de reconnaître tout le prix n’est autre chose, on s’en rend compte immédiatement, que la beauté. Nous exigeons de l’homme civilisé qu’il honore la beauté partout ou il la rencontre dans la nature, et que des mains mettent toute leur habileté à en parer les choses. Il s’en faut que nous ayons épuisé la liste des requêtes que nous présentons à la civilisation. Nous désirons voir encore les signes de la propreté et de l’ordre. (...) Nous nous indignons et parlons de " barbarie ", c’est-à-dire l’opposé de civilisation, lorsque nous voyons les chemins du " Wienerwald " jonchés de papiers épars. Toute malpropreté nous semble inconciliable avec l’état civilisé. Nous étendons en outre au corps humain nos exigences de propreté, et nous étonnons d’apprendre que le Roi-Soleil en personne dégageait une mauvaise odeur ; enfin nous hochons la tête quand, à Isola Bella, on nous montre la minuscule cuvette dont Napoléon se servait pour sa toilette du matin. Nous n’éprouvons même aucune surprise à entendre dire que l’usage du savon est la mesure directe du degré culturel. Il en est de même de l’ordre qui, tout autant que la propreté, se rattache à l’intervention humaine. Cependant, alors que nous ne pouvons nous attendre à voir régner la propreté au sein de la nature, celle-ci en revanche, si nous voulons bien l’écouter, nous enseigne l’ordre ; l’observation de la grande régularité des phénomènes astronomiques a fourni à l’homme, non seulement un exemple, mais encore les premiers points de repère nécessaires à l’introduction de l’ordre dans sa vie. (...)
La beauté, la propreté et l’ordre occupent évidemment un rang tout spécial parmi les exigences de la civilisation. Personne ne prétendra que leur importance soit comparable à celle, autrement vitale pour nous, de la domination des forces de la nature, ou à celle d’autres facteurs qu’il nous faudra apprendre à connaître, et cependant personne ne les reléguerait volontiers au rang d’accessoires. L’exemple de la beauté, dont nous ne pourrions accepter l’exclusion d’entre les préoccupations de la civilisation, suffit déjà à montrer combien celle-ci n’est point uniquement attentive à l’utile. L’utilité de l’ordre saute aux yeux. Quant à la propreté, il faut considérer que l’hygiène elle aussi l’exige, et il est permis de supposer que cette relation n’était pas complètement étrangère aux hommes, avant même l’application de la science à la prévention des maladies. Le principe de l’utilité n’explique pourtant pas entièrement cette tendance ; il doit entrer en jeu autre chose encore.»
Ainsi le Grand Sigmund reconnaît-il deux principes pour la Beauté:
1.- « Primitivement la « beauté » et le «charme sont des attributs de l'objet sexuel. »
2.- « Nous exigeons de l’homme civilisé qu’il honore la beauté partout ou il la rencontre dans la nature, et que des mains mettent toute leur habileté à en parer les choses. »
Ainsi les deux initiateurs, l'un de la philosophie, l'autre de la psychanalyse, ont-ils fait remonter le sentiment de Beauté à la source de l'Amour: "l'objet sexuel idéal". Dans un article précédent, j'ai dit que le sentiment de Beauté naît également de l'adéquation du "sujet ressentant" avec son "environnement"; comme si l'environnement se mettait tout à coup en résonnance avec un lointain héritage génétique résultant d'une adaptation laborieuse à la belle et inconfortable planète Terre.
Freud dit: « On le voit, c'est simplement le principe du plaisir qui détermine le but de la vie, qui gouverne dès l'origine les opérations de l'appareil psychique ; aucun doute ne peut subsister quant à son utilité, et pourtant l'univers entier - le macrocosme aussi bien que le microcosme - cherche querelle à son programme. Celui-ci est absolument irréalisable ; tout l'ordre de l'univers s'y oppose ; on serait tenté de dire qu'il n'est point entré dans le plan de la «Création» que l'homme soit "heureux".» Puis plus loin: «L'on peut encore inclure un cas intéressant ; à savoir la recherche prédominante du bonheur dans les jouissances qu'inspire la beauté, en quelque lieu que celle-ci frappe nos sens ou notre esprit ; beauté des formes et des gestes humains, des objets naturels et des paysages, des créations artistiques et même scientifiques. (...)»
Il y a là un pressentiment que l'équilibre avec la nature, l'homéostasie de l'être dans son milieu naturel, participe au sentiment de "la beauté".
Dans "Le Banquet", le médecin de service, Eryximaque, évoque le sentiment de beauté inspiré par la nature: «(...) je crois avoir découvert par mon art, la médecine, que l'amour ne réside pas seulement dans l'âme des hommes où il a pour objet la beauté, mais qu'il a bien d'autres objets, qu'il se rencontre dans bien d'autres choses, dans les corps de tous les animaux, dans les productions de la terre, en un mot, dans tous les êtres... »
David Hume ((26 avril 1711 / 25 août 1776) philosophe, économiste et historien écossais) dit : « La beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l’esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente ». ... Par ailleurs, souligner le rôle de l'individu dans le jugement de goût ne revient pas à définir la beauté. Hume doit donc également donner une définition de la beauté. Pour lui l'idée de beauté est une projection du plaisir que produit un objet. Il écrit : « le plaisir et la douleur ne sont pas seulement les compagnons nécessaires de la beauté et de la laideur, ils en sont l’essence même ». ...
(Plus loin, autre sujet:) « La théorie de l'évolution ne permet pas directement d'expliquer le sentiment de beauté en tant que telle, mais elle permet d'éclairer la notion d'attractivité (...). Les études toutefois portent surtout pour l'attraction envers un être humain, dont le bénéfice apparaît plus clairement du point de vue de l'évolution. » (D'après Wikipédia: pour y aller, cliquez sur le lien: Wikipédia: la Beauté)
Aujourd'hui, les penseurs de la Beauté évoquent l'Evolution.
C'est par un peu trop d'anthropocentrisme qu'on a focalisé sur le sentiment du beau naissant du spectacle de "l'objet sexuel idéal". Il est vrai qu'il n'y a pas de sentiment de beauté sans un sujet ressentant. Et le sujet qui nous intéresse, c'est l'Homme. Il est tout aussi vrai que c'est tout l'environnement qui inspire à l'homme le sentiment de beauté lorsque le sujet se sent en homéostasie dans son biotope.
Les Jacinthes au Bois Alix, ils n'ont donc pas vu ça ? Ils s'en foutent ?
« Pas vrai ! Z'ont pas pigé Freud ? »
« Euh ! Pédé ! S'en fout d'tes tites fleurs ! Nous, on est des vrais mecs ! »
Christian Jodon 260409
Atelier d'Artistes
L'humble rivière de Montgrésin.
L'Humble Rivière de Montgrésin
par Lucie Delaunay
L'humble rivière de MontgrésinNb: La Thève, la rivière de Montgrésin prend sa source à Mortefontaine et traverse un paysage féérique (Non! non! je ne parle pas du parc Astérix, je ne me permettrais pas!) . La vallée de la Thève vient du Village de Gérard de Nerval, Mortefontaine. Elle serpente entre les forêts d'Ermenonville, Thiers, Pontarmé, Chantilly, Coye-la-Forêt pour rejoindre sa petite soeur, la rivière d'Ysieux juste avant de se jeter dans leur aînée, près d'Asnières-sur-Oise. Elles ont donc, en commun, un syndicat intercommunal qui veille à garder leurs eaux claires autant que faire se peut, malgré l'urbanisation indécente qui s'est improvisée tout au cours... Retour Table des Matières
Est toujours calme et très sage
Elle coule et son joli refrain
Fait la joie de notre village
Tout au bord et sur les roseaux
Les rossignols et les fauvettes
Composent ensemble des chansonnettes
Qu’accompagne le bruit des eaux
Ainsi notre jolie rivière
Coule sans cesse là-bas bien loin
Mais elle nous sera toujours chère
L'humble rivière de Montgrésin
A mon petit Christian chéri; ta Grand mère.
Lucie Delaunay
Adjaniennes
(Michel Leuille)
Adjanienne (Michel Leuille)
( En souvenir d'une "Mortelle Randonnée" )
Suite à ma proposition de publier dans mon site, dans la rubrique "L'Atelier", des poèmes répondant aux critères définis plus haut dans l'Art poétique, j'ai reçu de Michel Leuille un joli poème en l'honneur d'une comédienne talentueuse admirée de tous. Il semble qu'il corresponde bien aux définitions: « Sublimation d'amours impossibles.(...) La poésie apaise la douleur des frustrations (...), dissolvant une énergie perverse dans un cri qui monte vers le cosmos comme un (...) chant du merle. » Michel a consenti à quelques modifications de métrique améliorant le rythme des vers et attesté légalement de l'authenticité de son poème. Par ailleurs, il projette de le compléter. Il indique que c'est une évocation inspirée par le film "Mortelle Randonnée" de Claude Miller dont il a également gardé un souvenir impérissable de la partition musicale, pour partie originale de Carla Bley (Mercury, PG 224 stereo 812097-1), pour partie de Franz Schubert ("Der Hirt auf dem Felsen", Le pâtre sur le rocher"; Schubertiade, Harmonia Mundi HM 696).
3 août 2009: Et maintenant, avec la suite promise...Premier casting d'Isabelle Adjani jeune fille
Adjanienne, Adjanesque, AdjaniquePoèmes Populaires sur le site www.sos-valdysieux de Christian Jodon
(Michel Leuille)
( En souvenir d'une "Mortelle Randonnée" )
Adjanienne
Coupables amateurs de roses algériennes
Du pétale troussé souvent il se souviennent
Les pères effarés d'avoir osé pourtant
Dévorés de luxure aimer ses chairs d'enfant
Et guetter dans le coin des lèvres musiciennes
Le pli délicieux des joues adjaniennes
Voyeurs jamais sevrés de pulpes aryennes
Honteux à la faveur de l'ombre où ils se tiennent
Ils ont vampirisé son corps adolescent
Puis tout revigorés par ces messes païennes
Ils ont rêvé cent fois afin qu'il s'en souviennent
Toujours au pli subtil qu'elle offre en souriant
Et le pétale ourlé au-dessus de ses dents
Chassant de leur esprit l'angoisse quotidienne...
Adjanienne
Adjanesque
L'iris azurescent où la rigueur tudesque
Ne tempère jamais la volupté mauresque
A livré le regard humide et caressant
Trou noir dans l'infini cosmos évanescent
Vecteur immatériel de psyché adjanesque
Suffisant clair-obscur d'images rembrannesques
Il leur laisse espérer un voyage dantesque
Aux pères amoureux dont le Moi frémissant
D'incestueux désir d'enfant courtisanesque
S'éblouit en secret d'orgasmes gigantesques
Clair au sein du ciel bleu le regard transcendant
A déjà sublimé le rêve outrecuidant
Consolant le pécheur d'un pardon romanesque...
Adjanesque
Adjanique
Sous les grands cheveux noirs la pâle germanique
De sa lèvre égrenant des phrases sulfuriques
Dit des choses terribles avec sa voix d'enfant
La bouche adolescente a des cris déchirants
De fillette agitée de fureurs adjaniques
Quand elle a balayé ses pudeurs coraniques
Et qu'en l'iris d'azur la foudre satanique
Luit ils ont le souffle court et le coeur débordant
Tous ces pères frustrés dont l'ego se panique
D'aimer d'un désir flou leur fille volcanique
L'ombre leur fait oser des rêves obsédants
De fille épouse tendre espérée cependant
Charnelle et parcourue de courants galvaniques...
Adjanique
Michel Leuille; 2009
Copyright © www.sos-valdysieux.fr : Autorisation en citant l'auteur et le site éditeur: 2 premières lignes du §Petit extrait: "Ondine" de Jean Giraudoux; avec François Chaumette et Geneviève Casile
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Mon URSS à Moi (Ilia Kourski)Mon URSS à Moi (Ilia Kourski)Retour Table des Matières
J'ai reçu la sollicitation d'Ilia Kourski de publier un hommage à l'URSS. On comprendra, à sa lecture, que j'aie pu hésiter à le publier (notamment dû à un hommage transparent à Joseph Staline, évocation qu'avec la permission d'Ilia j'ai supprimée). Cependant, Ilia m'a fait remarquer que ce poème lui venant du fond du cœur répondait à la définition que je donnais moi-même de la "poésie populaire": « La poésie peut sublimer la plus douloureuse des contraintes, des aspirations puissantes, pour qu'en un "sublime" exutoire la violence se résolve, plutôt qu'en paroxysmes physiques et psychiatriques ou en troubles sociaux. (etc...) » De fait, ces vers me paraissent bien couvrir la définition que je donne plus haut de la « Sublimation d'idéaux inaccessibles... apaisant la douleur des frustrations intenses, dissolvant une énergie perverse dans un cri qui monte vers le cosmos comme un chant du merle. Elle canalise la révolte contre l'absurdité du monde. (etc...) »
Par ailleurs Ilia garantit l'authenticité de son poème. Il a l'intention de donner une suite (sous réserve de mon acceptation) ...
Mon URSS à Moi (Ilia Kourski)
"Sachez-le toujours le choeur profond reprend la phrase interrompue" Louis Aragon
Que t'est-il advenu, grande ourse terrifiante
Pays continental des lendemains qui chantent
Meurtrie par le nazisme, aux vingt millions de morts
Tombés aux champs d'horreur en un immense essor
En brisant de l'Histoire un fol déséquilibre
Pour qu'aujourd'hui nous tous soyons des hommes libres ?
Ourse puissante et fière
Peuple idéal et droit
Mon URSS à moi
Ta mort me désespère
Je suis en deuil de toi.
Qu'en est-il advenu de tes Journées d'Octobre
Espoir des prolétaires dont tu lavais l'opprobre
Et dont les coeurs battaient au son des Katiouchas
Qui brisaient en hurlant leurs chaînes de parias
Terrorisant d'un coup l'ogre capitaliste
Et forçant au recul l'immense armée fasciste ?
Ourse puissante et fière
Peuple idéal et droit
Mon URSS à moi
Ta mort me désespère
Je suis en deuil de toi.
Où es-tu peuple pieux qui révérait Lénine
Sur le tombeau duquel ses orphelins s'inclinent
Par milliers, par millions, libérés des boyards
Des koulaks et du knout et du mépris des tsars
Et qui dans un tonnerre et de chars et de bottes
Poursuivait un combat digne de Don Quichotte ?
Ourse puissante et fière
Peuple idéal et droit
Mon URSS à moi
Ta mort me désespère
Je suis en deuil de toi.
(A suivre...)
Ilia Kourski; 2008
Poèmes Populaires
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Rimbaud premier surréalisteArthur Rimbaud, premier “surréaliste”.
Nota Bene: Les liens déjà cliqués deviennent bleu violet; ils sont toujours actifs et réutilisables.
Né en 1854, mort à trente-sept ans, ayant écrit entre quatorze et vingt ans toute son oeuvre, Arthur Rimbaud accomplit un parcours poétique intéressant. Il est d’abord un pur classique écrivant ses poèmes en latin. Son “Jugurtha” lui vaut un premier prix académique (cliquer pour lire le texte traduit) et trois de ses oeuvres son publiées au Moniteur de l’Enseignement secondaire. Composés simultanément, ses premiers vers français sont publiés l’année suivant sa quinzième année.
“Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !”
Le balancement parfait de certains vers du “Bateau Ivre” montre qu’il est alors influencé par les perfectionnistes du Parnasse.
La collection “Les Cent Livres” de Rive-Gauche Production (1980) analyse ainsi cette période (p.35)
Début de citation:
“ Jeune poète, Arthur Rimbaud veut réussir. Lui, dont quelques vers latins ont eu les honneurs du Bulletin officiel de l'Académie de Douai, il entend que ses premiers poèmes prennent le chemin des meilleures revues, en l'occurrence des revues parnassiennes. Aussi s'efforce-t-il très tôt d'écrire des vers qui satisfassent aux critères parnassiens - virtuosité formelle, culte de la rime -, des vers qui se fondent dans le moule d'une perfection poétique établie. Les premières compositions de Rimbaud sont presque des pastiches. Ces planches d'essai inexpertes sont soumises au jugement professoral de Georges Izambard qui raconte que le poète « souvent [lui] remettait des vers tous frais pondus, mais toujours recopiés et calligraphiés avec amour que, sur sa demande, nous épluchions ensemble ».
Quelques phares illuminent l'horizon poétique de Rimbaud Victor Hugo dont le haut verbe fourrageur résonne dans « Les Etrennes des Orphelins » et surtout dans « Le Forgeron »; Musset aimé puis haï; quelques poètes de moindre importance également (Coppée, Mérat (NB CJ: vie et œuvres accessibles: cliquez ici), Glatigny...) dont un mot, un vers, une strophe ont pu éblouir le jeune poète. Mais s'il est un phare - et qu'il faut révérer -, c'est bien Théodore de Banville qui trône à Paris en grand maître du Parnasse et de ses revues. Rimbaud espère secrètement voir figurer ses poèmes dans leurs glorieux feuillets, promesse d'avenir...
Faire imprimer " Les Etrennes des Orphelins " dans La Revue pour tous en janvier 1870, n'était qu'un premier pas. Rimbaud songe à mieux encore. Le 24 mai, il décide d'écrire à Banville une lettre flatteuse, sinueuse et insistante (« Cher Maître (...) que si je vous envoie quelques-uns de ces vers, — et cela en passant par Alphonse Lemerre, le bon éditeur, — c'est que j'aime tous les poètes, tous les bons Parnassiens, — puisque le poète est un Parnassien, — épris de la beauté idéale... »). Rimbaud a joint à sa lettre trois poèmes travaillés, fignolés, nourris comme il se doit d'idéal parnassien. Banville restera muet, et closes les portes du Parnasse. Les espoirs de Rimbaud ne s'effondreront pas pour autant. Le jeune poète a en lui la flamme et la fougue créatrices.
Rimbaud écrit avec enthousiasme ses premiers poèmes qui, sous leur vernis pasticheur, préfigurent déjà la flore de la révolte adolescente. Il y fait le «roman» de sa vie présente, de ses «dix-sept ans» tapageurs, d'une « première soirée» - première audace... Mais l'audace vraie de Rimbaud réside plutôt dans sa volonté mystificatrice, - dans cet instant qui le pousse non seulement à plagier ses modèles, mais encore à les déformer et à les enlaidir. La plume satirique de Rimbaud se fait déjà féroce. Que l'on songe à Vénus Anadyomène: “ Belle hideusement d'un ulcère à l'anus. ”
Images de Vénus Anadyomène ("Née de l'écume des eaux") repérées par Google
Le poète sait recouvrir la sacro-sainte beauté des masques de la dérision, voire du sacrilège. La tonalité générale des premiers vers révèle une opposition forcenée à quelques fléaux majeurs la sottise bourgeoise, (...), l'incapacité du pouvoir impérial et le rire incongru du Dieu moqueur. Des poèmes comme “A la Musique”, “Les Reparties de Nina”, “Rages de Césars” et “Le Mal” témoignent de ce sinistre éventail.
Rimbaud acquiert progressivement, vers après vers, une étonnante virtuosité.”
Fin de citation.
En cinq ans d’adolescence, Arthur Rimbaud parcourt une révolution étonnante de maturité qui lui permet d’entrevoir l’élaboration d’un “langage idéal”, sorte de Graal poétique qu’un poète, écrivain engagé par essence, se devrait d’atteindre, non-seulement en écriture mais dans sa vie. Ainsi, le « Bateau Ivre » contient-il déjà le procédé de l’écriture automatique qui sera systématisé au siècle suivant par les Surréalistes; et il atteint l’état psychologique favorable à cette “transe poétique” par une sorte d’hypnose (fort aidée par le hachisch et l’absinthe) comme plus tard, Robert Desnos en fera l’expérience avec ses amis.
“Je pense à toi Desnos qui partit de Compiègne
Pour accomplir au loin ta propre prophétie
Comme un soir en rêvant tu nous en fit récit
Là-bas où le destin de notre siècle saigne...”
Louis Aragon
Le texte d'Aragon tel que chanté par Jean Ferrat
Robert Desnos; et quelques poèmes
Google: trouver Jean Ferrat qui chante Aragon
Un p'tit moment d'Joie: Jean la Voix qui chante: "Aimer..." d'Aragon
Extrait du même ouvrage, page 160; début de citation: (2)
"Lorsque la belle-famille de Verlaine le chasse de l'appartement où il est devenu indésirable, Rimbaud n'est pas mécontent; il préfère le cadre neutre des Chambres sordides. Tout en se laissant couler dans le fleuve houleux de la vie parisienne, Rimbaud aime avoir la possibilité de se retirer dans un havre solitaire; c'est là qu'il entend recueillir les fruits de son « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». La tentative de voyance, envisagée à CharleviIle, trouve à Paris un terrain propice à son accomplissement. Rimbaud s'entraîne à « l'hallucination simple », à « l'hallucination des mots », connaît l'enivrante compagnie de l'absinthe et du hachisch, découvre le vertige de son érotique attachement à Verlaine. La réalité le débusque, qui le contraint à bouleverser la pierre des mots et à leur assigner la route d'un inconnu qu'Yves Bonnefoy définit comme « le déni du langage dans ses emplois rationnels ». Rimbaud s'enfonce dans un état d'hypnose dont il dira la genèse et les effets dans un chapitre d' Une saison en enfer, intitulé « Alchimie du Verbe ».
Il écrit « des silences », fixe « ses vertiges », se flatte « d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens » Les poèmes que Rimbaud compose au retour à Paris - soit dans les Ardennes, soit dès son retour à Paris - sont des sortes de chansons, des hymnes ténébreux et limpides, impossibles à endiguer dans un univers formel éclaté. Rimbaud veut désormais nommer une réalité fugitive, presque météorique. Il s'émancipe des lois de la pensée rationnelle ainsi que des règles de la versification classique. Il accueille les assonances, affectionne les “rhythmes naïfs” et incertains.
A-t-il alors accompli « des prodiges de ténuité, de flou vrai, de charmant presque inappréciable à force d'étre grêle et fluet » pour reprendre les termes de Verlaine ? En rester là serait restreindre le sens et la portée des derniers vers rimbaldiens. Les «chansons» ne témoignent pas d'un affaiblissement de la force créatrice du poète; elles n'ont rien de commun avec certaine fadeur qui fut le lot de quelques Romantiques. Dans la « Lettre du Voyant », Rimbaud a d'ailleurs attaqué ces Romantiques qui « prouvent si bien que la chanson est si peu souvent l'œuvre, c'est-à-dire la pensée chantée et comprise du chanteur ».
Rimbaud ne se complaît pas sur de mous et dolents duvets musicaux. « La pensée chantée et comprise du chanteur », c'est ce à quoi il aspire. Car la poésie, pour lui, est dans la conscience qu'elle a d'elle-même.
Rimbaud aime à faire surgir du «grêle» et du «fluet», un ton purifié qui est comme sa réponse à une blessure affective où l'homosexualité destructrice rejoint les fantasmes de la tyrannie maternelle. Le poète, qui commence à endurer les souffrances de son orageuse amitié avec Verlaine, blâme les “désordres vains” qui rongent sa vie... «...le ménage s'absente peu sérieusement, et rien ne se fait. »
Il préférerait y substituer le temps innocent de l'amour vrai, ce qu'exprime le refrain ailé et serein de la « Chanson de la plus haute tour »:
« Ah ! Que le temps vienne
Où les cœurs s'éprennent ! »
Les derniers vers de Rimbaud ont le ton sincère du renoncement à l'insolence juvénile. Leur pudique démarche dit en filigrane le trouble et la « honte » de « l'enfant gêneur » qui aspire à l'amour.
Empreinte d'une inapaisable soif d'inconnu, d'une volonté de « tarir toutes les urnes », la poésie de Rimbaud rêve alors d'un âge «d'or» extasié qui, loin du monde «vicieux», conduirait à ces mythiques «châteaux» où se fait « la magique étude du Bonheur ». Poésie en état de grâce.
Mais cette poésie recèle peut-être quelques secrets; c'est ce que Jean Richer a tenté d'établir dans un récent travail sur « L'alchimie du Verbe de Rimbaud ». Attentif à certaines formules de la « Lettre du Voyant » (« Toujours pleins du Nombre et de l'Harmonie, ces poèmes seront faits pour rester ») et proche des intuitions d'André Breton (« Alchimie du verbe ces mots qu'on va répétant un peu au hasard aujourd'hui demandent à être pris au pied de la lettre »), Richer pense que Rimbaud s'est forgé dès 1871 une conception magique du langage. Influencé par divers traités d'occultisme, le poète se livrerait - selon Jean Richer - à de savants jeux formels basés sur les associations d'idées et d'images, sur la valeur numérique des lettres, sur la symbolique des Arcanes du Tarot, etc... Dans sa quête d'un langage absolu, il s'efforcerait en quelque sorte « de lire la même chose de quatre façons différentes par le choix des phonèmes, par les images, par l'ordonnance logique, par les nombres ». Ainsi des codes différents introduiraient des significations parallèles au sens premier des poèmes.
Le travail de Richer, sans être toujours convaincant, dévoile néanmoins certaines constantes d'un système créateur que Rimbaud a pu effectivement élaborer. C'est peut-être ce système que le poète réprouve dans « Une saison en enfer » lorsqu'il écrit « La vieillerie poétique avait une bonne place dans mon alchimie du verbe »; à moins que Rimbaud ne vise là une sous-jacente influence verlainienne que la critique se plaît souvent à invoquer. Mais, vus dans l'optique de Richer, les « Derniers Vers » s'apparenteraient plutôt à une démarche mallarméenne.
Quoi qu'il en soit, Rimbaud répudiera bientôt son entreprise de «voyant». Il décidera d'exorciser, sinon le souvenir de Verlaine, du moins ses rêves idéalistes de langage absolu.
La plupart des « derniers vers » d'Arthur Rimbaud ont vraisemblablement été écrits en 1872, surtout pendant les mois de mai et juin, mais également en juillet et août. Quand ils sont datés, les poèmes le sont de cette époque. Rimbaud entreprenait alors sa tentative de Voyance."
Fin de citation.
Ainsi, passé d’un occultisme cher à Nerval aux hypnoses surréaliste, Arthur Rimbaud semble avoir rêvé de trouver la Poésie, ou “le Poème”, cette forme de langage qui “restitue au mot sa force incantatoire et première” (selon une formule de Roger, professeur à l’Ecole Normale d'Instituteurs d’Auteuil en 1953.
ALCHIMIE DU VERBE
(Extraits)
A moi. L'histoire d'une de mes folies.
Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne. J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rhythmes naïfs.
Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de mœurs, déplacements de races et de continents je croyais à tous les enchantements.
J'inventai la couleur des voyelles ! -A noir, E. blanc, I rouge, O bleu, U vert.- Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rhythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.
Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexplicable. Je fixai des vertiges.
(...)
La vieillerie poétique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe. Je m'habituai à l'hallucination simple je voyais très franchement une mosquée à la place d'une usine, une école de tambours faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d'un lac; les monstres, les mystères un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi. Puis j'expliquai mes sophismes magiques avec l'hallucination des mots ! Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit. J’étais oisif, en proie à une lourde fièvre j'enviais la félicité des bêtes, - les chenilles, qui représentent l'innocence des limbes, les taupes, le sommeil de la virginité !
Mon caractère s'aigrissait. Je disais adieu au monde dans d'espèces de romances
(...)
Enfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d'or de la lumière nature. De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible (...).
Je devins un opéra fabuleux je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur l'action n'est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque force, un énervement. La morale est la faiblesse de la cervelle. A chaque être, plusieurs autres vies me semblaient dues. Ce monsieur ne sait ce qu'il fait, il est un ange. Cette famille est une nichée de chiens. Devant plusieurs hommes, je causai tout haut avec un moment d'une de leurs autres vies. - Ainsi, j'ai aimé un porc.
Aucun des sophismes de la folie, - la folie qu'on enferme,- n'a été oublié par moi je pourrais les redire tous, je tiens le système.
Ma santé fut menacée. La terreur venait. Je tombais dans des sommeils de plusieurs jours, et, levé, je continuais les rêves les plus tristes. J'étais mûr pour le trépas, et par une route de dangers ma faiblesse me menait aux confins du monde et de la Cimmérie (1), patrie de l'ombre et des tourbillons.
Je dus voyager, distraire les enchantements assemblés sur mon cerveau. Sur la mer, que j'aimais comme si elle eut dû me laver d'une souillure, je voyais se lever la croix consolatrice. J'avais été damné par l'arc-en-ciel. Le Bonheur était ma fatalité, mon remords, mon ver ma vie serait toujours trop immense pour être dévouée à la force et à la beauté.
Le Bonheur ! sa dent, douce à la mort, m'avertissait au chant du coq, - ad matutinum, au Christus venit - dans les plus sombres villes. O saisons, ô châteaux! (...)
Cela s'est passé. Je sais aujourd'hui saluer la beauté.
Arthur Rimbaud (extraits).
Exemple: citation d'Arthur Rimbaud:
BOTTOM de Rimbaud (avec une analyse; cliquer)
« La réalité étant trop épineuse pour mon grand caractère, - je me trouvai néanmoins chez Madame, en gros oiseau gris bleu s'essorant vers les moulures du plafond et traînant l'aile dans les ombres de la soirée.
Je fus, au pied du baldaquin supportant ses bijoux adorés et ses chefs-d'œuvre physiques, un gros ours aux gencives violettes et au poil chenu de chagrin, les yeux aux cristaux et aux argents des consolés.
Tout se fit ombre et aquarium ardent. Au matin, - aube de juin batailleuse, - je courus aux champs, âne, claironnant et brandissant mon grief jusqu'à ce que les Sabines de la banlieue vinrent se jeter à mon poitrail.
Arthur Rimbaud. »
Notes:
-1.- La Cimmérie: en gros, la patrie des Cimmériens, autrement nommés Cimbres, peuple d'origine indo-européenne installé dans le pourtour de la mer d'Azov qui déferla aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. sur le Moyen-Orient et l'Asie Mineure. Pour plus de renseignements, cliquer sur le lien suivant:
Les Cimmériens, dans Wikipedia
-2.- La collection “Les Cent Livres” de Rive-Gauche Production (1980)
En septembre 2009, je ne trouve ni site ni adresse pour "Rive-Gauche Production": par contre, leurs ouvrages sont bien présents chez les libraires et bouquinistes.
-3.- La Vénus anadyomène, c’est la "Vénus sortie des eaux" (ou surgie des eaux) dont le plus célèbre exemple est La Naissance de Vénus de Botticelli.
Vénus anadyomène: définition de Wikipedia
Vénus anadyomène en images par Google
Construction de l'article: Christian Jodon
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Dans les années soixante-dix, les haies d'Ormes du Val d'Ysieux sont mortes de la graphiose. Ici, un bel exemplaire qui résiste dans une lisière. Mais il est guetté... Par la "déviation..."
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Pierre Noire:
13 mars 2010 !
Commémoration: 13 mars 2010, Jour maudit marqué d'une Pierre Noire: tandis qu'on enterrait une amie chère, la douce Édith F., mourait le plus grand des chanteurs de toujours: Jean "La Voix", Jean Ferrat…
Et le 13 mars 2010, les Lettres ont pleuré… Vous remarquez ?
Et désormais, "Que serons-nous sans toi… Jean la Voix"
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Extrait:
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre.
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant.
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre.
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
J'ai tout appris de toi sur les choses humaines.
(...)
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.
Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes.
N'est-ce pas un sanglot que la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe.
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.
Terre, terre, voici ses rades inconnues.
Louis Aragon, Le roman inachevé
- Ecouter Jean Ferrat qui chante "Que serais-je sans toi ?"
- Une des plus jolies: "On ne voit pas le temps passer "Par une autre belle voix: Jean Medelgi.
- Et celle-ci: une merveille: "Mon pays était beau…"
Les paroles de "Mon pays était beau…" (extrait):
Mon pays était beau
D'une beauté sauvage
Et l'homme le cheval et le bois et l'outil
Vivaient en harmonie
Jusqu'à ce grand saccage
Personne ne peut plus simplement vivre ici (...)
Pour les paroles complètes: cliquez ci-dessous…
- Paroles: "Mon pays était beau…"
- "Ma France" (You Tube) (Régler sur 360)
- "Ma France"(descendre dans la page…)
- "Ma France" (Daily Motion)
- Paroles de "Ma France" de Jean Ferrat
Extrait des paroles de "Ma France":
De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirais pas d'écrire ta chanson
Ma France
(...)
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France
(...)
"Cuba Si", jolie vidéo chantée par Jean l'Espoir
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Site en construction; Merci d'être patient·•·
La Poésie est un rayon de soleil dans le froid éternel
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La Thève à Montgrésin, peinte par Lucie Delaunay. Des renseignements sur la Thève: en page d'accueil.
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L'industrie du cheval d'agrément (course ou promenade) est florissante dans le Val d'Ysieux; Mr YB y a eu, à Thimécourt son manège avant d'avoir la belle réussite qu'on lui connaît. Des "Grands de ce monde" y ont eu plusieurs haras. Désormais, outre des manèges nombreux pour les enfants et adultes, on trouve beaucoup de chevaux de randonnée au pré. Les amateurs sont favorisés par l'entretien de nombreux itinéraires équestres auxquels des adhérents des Amis de la Terre ont participé, tant en initiateurs qu'en baliseurs et randonneurs.
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Les Enfants qui s'Aiment
Jacques Prevert et Joseph Kosma
Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfant qui s'aiment ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre qui tremble dans la nuit,
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris, leur rire et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour .
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.
Trois petites notes de musique
Paroles d'Henri Colpi et musique de Georges Delerue
Trois Petites Notes De musique
Ont plié boutique
Au creux du souv'nir
C'en est fini d'leur tapage
Ell's tournent la page
Et vont s' en dormir
Mais un jour sans crier gare
Ell's vous revienn'nt en mémoire
Toi,tu voulais oublier
Un p'tit air galvaudé
Dans les rues de l'été
La la la la la Toi
Tu n'oublieras jamais
Une rue un été
Une fille qui fredonait
La la la la je vous aime
Chantait la rengaine
La la mon amour,
Des paroles sans rien d'sublime
Pourvu que la rime
Amène toujours.
Une romance de vacances
Qui lancinante vous relance.
Vrai, elle était si jolie
Si fraîche épanouie
Et tu n'l'as pas cueillie,
Vrai, pour son premier frisson
Elle t'offrait une chanson
A prendre à l'unisson.
La la la la la tout rêve
Rim' avec s'achève
Le tien n'rime à rien,
Fini avant qu'il commence
Le temps d'une danse
L'espace d'un refrain.
La romance de Paris
Paroles: Charles Trenet Musique: Léo Chauliac (1942)
Ils s'aimaient depuis deux jours à peine Y a parfois du bonheur dans la peine
Mais depuis qu'ils étaient amoureux
Leur destin n'était plus malheureux,
Ils vivaient avec un rêve étrange
Et ce rêve était bleu comme les anges Leur amour était un vrai printemps, oui
Aussi pur que leurs tendres vingt ans
{Refrain:}
C'est la romance de Paris
Au coin des rues, elle fleurit
Ça met au coeur des amoureux
Un peu de rêve et de ciel bleu
Ce doux refrain de nos faubourgs
Parle si gentiment d'amour
Que tout le monde en est épris
C'est la romance de Paris
La banlieue était leur vrai domaine
Ils partaient à la fin de la semaine
Dans les bois pour cueillir le muguet
Ou sur un bateau pour naviguer
Ils buvaient aussi dans les guinguettes
Du vin blanc qui fait tourner la tête
Et quand ils se donnaient un baiser, oui
Tous les couples en dansant se disaient
{au Refrain}
C'est ici que s'arrête mon histoire
Aurez-vous de la peine à me croire?
Si j'vous dis qu'il s'aimèrent chaque jour
Qu'ils vieillirent avec leur tendre amour
Qu'ils fondèrent une famille admirable
Et qu'ils eurent des enfants adorables
Qu'ils moururent gentiment, inconnus, oui
En partant comme ils étaient venus
L'anamour
Serge Gainsbourg 1969
Aucun Boeing sur mon transit
Aucun bateau sur mon transat
Je cherche en vain la porte exacte
Je cherche en vain le mot exit
Je chante pour les transistors
Le récit de l'étrange histoire
De mes anamours transitoires
De Belle au Bois Dormant qui dort
Je t'aime et je crains
De m'égarer
Et je sème des grains
De pavot sur les pavés
De l'anamour
Tu sais ces photos de l'Asie
Que j'ai prises à deux cents Asa
Maintenant que tu n'es pas là
Leurs couleurs vives ont pâli
J'ai cru entendre les hélices
D'un quadrimoteur mais hélas
C'est un ventilateur qui passe
Au ciel du poste de police
Je t'aime et je crains
De m'égarer
Et je sème des grains
De pavot sur les pavés
De l'anamour
Je t'aime et je crains
De m'égarer
Et je sème des grains
De pavot sur les pavés
De l'anamour
Mes jeunes années
Par Charles Trenet
Mes jeunes années
Courent dans la montagne
Courent dans les sentiers
Pleins d'oiseaux et de fleurs
Et les Pyrénées
Chantent au vent d'Espagne
Chantent la mélodie
Qui berça mon cœur
Chantent les souvenirs
De ma tendre enfance
Chantent tous les beaux jours
A jamais enfuis
Et comme les bergers
Des montagnes de France
Chantent la nostalgie
De mon beau pays
Loin d'elle loin des ruisseaux
Loin des sources vagabondes
Loin des fraîches chansons des eaux
Loin des cascades qui grondent
Je songe et c'est là ma chanson
Au temps béni des premières saisons
Mes jeunes années
Courent dans la montagne
Courent dans les sentiers
Pleins d'oiseaux et de fleurs
Et les Pyrénées
Chantent au vent d'Espagne
Chantent la mélodie
Qui berça mon cœur
Chantent les souvenirs
De ma tendre enfance
Chantent tous les beaux jours
A jamais enfuis
Et comme les bergers
Des montagnes de France
Chantent le ciel léger
De mon beau pays
Romance
Paroles: Henri Bassis. Musique: Joseph Kosma 1952 © Philips
Autres interprètes: Barbara (1954)
{Refrain:}
Ces mots chargés de romance
Comme un matin qui sourit
C'est un amour qui commence
Dans le printemps de Paris
Paris, qui n'est à personne,
Est à toi si tu le veux
Mon ami, je te le donne
Ce cadeau, c'est pour nous deux
{au Refrain}
Veux-tu les rues de ma ville
Trainant autour des cafés
Où les jours passent tranquilles
Et les filles décoiffées ?
{au Refrain}
Les amoureux se promènent
Ils se regardent, ravis
Mon ami, c'est toi que j'aime
Le bonheur, c'est pour la vie
{au Refrain}
On ne voit pas le temps passer
Par Jean Ferrat; Barclay (déc 65)
On se marie tôt à vingt ans
Et l'on n'attend pas des années
Pour faire trois ou quatre enfants
Qui vous occupent vos journées
Entre les courses la vaisselle
Entre ménage et déjeuner
Le monde peut battre de l'aile
On n'a pas le temps d'y penser
Faut-il pleurer, faut-il en rire
Fait-elle envie ou bien pitié
Je n'ai pas le cœur à le dire
On ne voit pas le temps passer
Une odeur de café qui fume
Et voilà tout son univers
Les enfants jouent, le mari fume
Les jours s'écoulent à l'envers
A peine voit-on ses enfants naître
Qu'il faut déjà les embrasser
Et l'on n'étend plus aux fenêtres
Qu'une jeunesse à repasser
Refrain
Elle n'a vu dans les dimanches
Qu'un costume frais repassé
Quelques fleurs ou bien quelques branches
Décorant la salle à manger
Quand toute une vie se résume
En millions de pas dérisoires
Prise comme marteau et enclume
Entre une table et une armoire
Refrain
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La Midinette aux Yeux Bleus
À ma Mère qui la chantait si bien
Elle, la Midinette aux Yeux Bleus
La brodeuse Lunévilleuse
Qui la reprenait en chœur à l'atelier Rébé
Elle l'ouvrière pauvre
Qui était fière d'avoir participé à la broderie de la robe de sacre de Farah Diba Pahlavi…
En souvenir de toi, Maman
Lucienne Giselle Delaunay Jodon
Voir la robe de sacre de Farah Diba
Musée de Rabastens
La donation René Bégué (1887-1987), dit Rébé, présente les créations du très célèbre brodeur parisien pour la Haute couture entre 1907 à 1967, notamment les maquettes de la robe de mariage de l'impératrice d'Iran Farah Diba Pahlavi (Dior 1959), ainsi qu'une collection de camées et d'intailles de son père, graveur sur pierres fines.
Musée de Rabastens - Donation Rébé
"Le vrai génie sans cœur est un non-sens."
"Amour! Amour! Amour! Voilà l'âme du génie".
Wolfgang Amadeus Mozart, le 11 avril 1787.
SOS-Sylvies - SOS-Val d'Ysieux
Pas d'amour? Pas d'humour? On ne se fâche pas: on change de site; merci de votre visite.
Une petite région sans nom jusqu'à ce que quelques personnes créent les Amis de la Terre du "Val d'Ysieux". Ainsi a été reconnue l'individualité de cette micro-région, si fragilisée à l'heure actuelle, et qui, pourtant, est un "écotone" utile et encore plus "vulnérable". Les Ecologues nomment "écotone" une zone de transition entre deux écosystèmes; ici, la Forêt de Chantilly et la Plaine de France. Les écotones sont riches des deux biocénoses en contact. Mais s'ils sont ainsi attirants pour les bâtisseurs, leur atteinte est fatale aux écosystèmes qui s'interpénètrent. C'est ainsi que notre région a vite atteint, à huit kilomètres au bout des pistes de R-CDG, un degré de saturation démographique dangereusement dépassable. Il incombe donc aux habitants des lieux d'assumer courageusement la défense des micro-espaces naturels qui subsistent face à la folie rageuse des chieurs de béton. Soyez de ceux-là. Pas pour moi qui suis vieux et qui n'en profiterai pas. Pour vos successeurs: vos enfants que nous aimons et qui ont besoin d'autre chose pour "vivre" que de l'enfermement dans la banlieue atroce, laide et criminogène, où l'on veut toujours davantage les parquer. Pour eux, sauvons, sauvez le Val d'Ysieux
Nb. - Ce site n'est pas le site officiel des "Amis de la Terre du Val d'Ysieux" que pourtant j'ai créés. Les opinions exprimées n'engagent donc que l'association "SOS Val d'Ysieux -
http://www.sos-valdysieux.fr "SOS Val d'Ysieux" - "SOS Sylvies" Rue de l'Eglise, 95270 Plessis Luzarches
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