Table des Matières
- Et nous nous resterons sur la terre
- Diatribe de Black Fox
- Les Paysages De Notre Terre
- Nicolas, Notre Bien-Aimé!
- Adam et Ève, nos grands parents africains.
- Les Arbres, Victor Hugo
- Ô ma planète bien-aimée...
PATER NOSTER
Jacques Prévert - 4 février 1900 / 12 avril 1977
Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec son petit canal de l'Ourcq
Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai
Avec son océan Pacifique
Et ses deux bassins aux Tuileries
Avec ses bons enfants et ses mauvais sujets
Avec toutes les merveilles du monde
Qui sont là
Simplement sur la terre
Offertes à tout le monde
Éparpillées
Émerveillées elles-mêmes d'être de telles merveilles
Et qui n'osent se l'avouer
Comme une jolie fille nue qui n'ose se montrer
Avec les épouvantables malheurs du monde
Qui sont légion
Avec leurs légionnaires
Avec leurs tortionnaires
Avec les maîtres de ce monde
Les maîtres avec leurs prêtres leurs traîtres et leurs reîtres
Avec les saisons
Avec les années
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l'acier des canons.
Jacques PREVERT
(Neuilly-sur-Seine, 4 février 1900
- Omonville-la-Petite (Manche), 12 avril 1977)
Paroles, chez René Bertelé, 1946; Gallimard, 1976 - (Extrait)
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DIATRIBE de BLACK FOX
Moi, Black Fox, Homme-médecine de la tribu des Iakota: Je parle.
Moi qui sais les secrets de la pharmacopée des ancêtres, les vertus, ignorées des hommes-médecine au visage pâle, de l'achillée, de la morelle noire, du jus laiteux du gaillet, de l'ail sauvage et de l'herbe à bisons, de la népenthe et de l'arisæma : je parle. 2-1
Je sais qu'un tiers des médications des Blancs viennent des plantes filles de la Nature et qu'aux Etats-Unis d'Amérique, deux ordonnances sur cinq contiennent un principe venant des végétaux. 2-2
Je sais que l'homme ne connaît que quatre cent trente mille espèces végétales et un million cent mille d'animaux, alors que la seule forêt tropicale humide recèle de deux à cinq millions d'espèces pour la plupart inconnues! 2-3
Je sais que chaque année, vingt à trente mille hectares de forêt primaire humide sont détruits pour satisfaire l'insatiable boulimie de l'homme blanc: grand comme un pays tout entier du Vieux-Continent d'où il nous était venu... 2-4
Lorsqu'il nous arriva, il y a cinq siècles, nos peuples étaient forts de millions d'âmes. Il nous a "civilisés" avec ses maladies, son alcool et son bâton à tonnerre. 2-5
Il a pris nos bois et nos prairies, nous en a expulsés et parqués dans des réserves exiguës, infligeant à notre fierté de chasseurs l'humiliation de piocher le sol à la recherche de racines, d'insectes et de campagnols. 2-6
Déjà, en 1840, nos peuples de l'Ouest étaient réduits à trois cent mille âmes. 2-7 C'est alors qu'une femme de ma tribu, celle des Iakotas, engendra un garçon qu'elle nomma Crazy Horse. Les Blancs nous poussaient toujours vers l'ouest, vers la montagne et les déserts.
Je dis que toutes les parties de la Nature sont unies d'un même lien comme les frères dans une famille. Massacrant les bisons que nous ne tuions jadis qu'en proportion de nos besoins, ils en firent passer le nombre de cent millions au début du dix-neuvième siècle à cinq cent quarante et une têtes en 1889 pour affamer nos femmes et nos enfants. 2-8
Déjà ils avaient fait disparaître le castor des plaines dès 1829 pour en parer le croupion de leurs rombières dans l'Ancien-Continent. 2-9
Alors, ils installèrent des troupeaux de vaches et de moutons qui piétinèrent tellement l'herbe à bison qu'ils mirent à nu le sol, qu'ils mirent à nu la roche. Les colons détruisirent les villes des chiens de prairie où leur bétail se brisait les pattes. 2-10 Mais aussitôt d'autres rongeurs pullulèrent, souris et campagnols par milliards, tandis qu'ils tuèrent les loups jusqu'au dernier, et les coyotes et les renards qui menaçaient leurs élevages. 2-11 2-12
Et la prairie fut transformée en désert.
Et souffla le vent.
Et soufflèrent les tornades.
Et le vent souffla si furieux de voir les arbres partis qu'il souleva la terre dans les airs, la creusant de ravins et de pics dénudés comme sur l'astre lunaire.
Et en fit un nuage si noir que la nuit vint au milieu du jour; tant que l'homme blanc, terré dans ses villes qui sentent mauvais, il eut peur !
Et il se tapit jusqu'à ce que le vent, calmé, jetât la terre dans l'océan! Mais alors la prairie fut nue et désormais elle ne pouvait plus porter les récoltes ni les troupeaux. 2-13
Jadis nos hommes-médecine disaient: "Si le renard tue sous ton nez le coq des prairies, tue pour te nourrir, le coq de prairie, s'il en reste; mais respecte le renard qui est, comme toi, un chasseur". Ils enseignaient aux guerriers à tolérer toutes les bêtes de la nature car ils savaient que l'équilibre des milieux naturels réside en leur diversité.
Aussi est-ce l'homme blanc qui a tué le coq des prairies jusqu'au dernier, en 1932. Et c'est le bâton à tonnerre qui a, jusqu'au dernier, tué le pigeon migrateur d'Amérique, dont la dernière femelle mourut solitaire dans sa cage du zoo de Cincinnati en 1914, sans que l'homme au visage pâle n'ait pu lui trouver un seul compagnon pour pérenniser l'espèce... Alors qu'au temps où le Français Jean-Jacques Audubon courait nos prairies pour en dessiner les bêtes et plantes si merveilleuses, des nuages de colombes obscurcissaient le ciel où ils étaient par milliards.
Je dis: "Le nuage de poussière a remplacé le nuage de vie là où le tonnerre de l'homme goinfre a parlé!" 2-14/et 8
La nature en sait plus que l'homme blanc et que l'homme rouge réunis. 2-15 Mais le Peau-Rouge le sait; alors que le blanc, dans son orgueil, dans sa bouffissure de vanité, dans son enflure d'avidité, il l'ignore.
Il croit que son Dieu lui a donné toute la nature pour qu'il la domine; alors que nous, hommes modestes, nous voulions seulement y tenir un rang; sans plus...
Il s'y vautre avec la grâce du rouleau compresseur étalant du goudron qui stérilisera à jamais de vastes espaces encore vierges dont il chassera les autochtones, les bêtes et les plantes légitimes...
Quand ils résisteront, il les tuera encore avec l'alcool, la drogue et la petite lucarne plus sûrement encore qu'avec la poudre et ce qu'il appelle sa "justice". 2-16.
Alors moi, Black Fox, Homme-médecine Iakota, je sais une chanson des Sioux que voilà. 2-17
- " Je suis un renard
- " Et donc censé devoir mourir
- " S'il existe des tâches difficiles
- " S'il existe des besognes dangereuses
- " A moi de les accomplir."
Jadis, Crazy Horse mon ancêtre a commandé à LITTLE BIGHORN la plus grande bataille où fut exterminée l'armée du général Custer. C'était le septième printemps après l'année où le soleil s'était caché derrière la lune et Crazy Horse était né lui-même sept printemps après l'annéc où les étoiles sont tombées par terre 2-18
Alors le centième printemps après l'exploit de Crazy Horse, avec sept fois sept hommes et femmes de ma race, nous sommes retournés aux Black Hills pour reprendre possession des terres sacrées de nos ancêtres. 2-19
Nous avons planté nos tipis et la Hutte de la Sueur au camp de TONNERRE JAUNE, ainsi nommé du nom de Robert Tonnerre-Jaune, torturé et tué par les racistes en 1972.
Nous sommes pacifistes et nous voulons que l'homme vive en paix sur terre.
Nous sommes pacifistes et nous voulons que cesse la folie qui pousse l'homme blanc à entasser sur la planète cinquante fois "le Tonnerre-qui-tue-une-Ville".
L'homme blanc est si méchant qu'il se fait peur à soi-même et qu'il a honte de se baisser pour cueillir une fleur...
Alors il fabrique toujours "le Tonnerre-qui-tue-une-Ville" et trois cent mille hommes d'un coup; et pour cela, il affame vingt millions d'enfants qui meurent de faim sur les cinq continents. Il nous chasse des réserves qu'ils nous avait assignées pour arracher aux terres sacrées de notre peuple le caillou qui donne le tonnerre qui détruira la planète la Terre.
Alors moi, Black Fox, dernier homme-médecine des Iakotas, j'invoque le traité conclu en 1868 avec le Gouvernement fédédal par quoi ces terres nous ont été promises. Je réclame huit-cents âcres de ce pays pour mon peuple afin de fuir les villes qui puent de l'homme blanc. C'est le vent qui déjà nous donne la lumière et nous ne violerons pas notre mère la terre pour la faire avorter de son pétrole ni de son charbon... Nous trouverons sur place le bois de feu obtenu par régénération naturelle.
Le lac, les rivières et la pluie nous donneront de l'eau. 2-20
Toutes les fleurs, nos sœurs, pousseront chez nous pour nous combler de leurs médecines et tous les animaux, nos frères, pour y restaurer l'équilibre écologique dans ses métamorphoses millénaires.
Plus un écosystème est complexe, plus il est stable. Mais l'homme moderne réduit la Vie au seul système industriel urbain... Comme l'avait prédit Chef Seattle en 1854, l'homme blanc connaît désormais la fin de sa vie et le début de sa survivance. 2-21
Quand il fait surgir "le Tonnerre-qui-tue-une-Ville", le nuage tourne mille fois autour de la planète. La, pluie qui était jadis notre soeur, et les rivières, elles portent désormais jusque dans les os de nos enfants le poison invisible, indestructible, inodore qui naît de l'explosion. La matière circule et se retrouve toujours quelque part. 2-22
Cinq tonnes du poison éternel circulent désormais dans la biosphère, dont moins gros qu'un grain de pollen donne à l'homme le mal qui dévore par en-dedans. 2-23
Et l'homme, pour gaspiller toujours davantage de matière et d'énergie a édifié des montagnes d'homme qui engendrent chaque jour le poison éternel qui irradie de ses flèches invisibles le ventre des femmes qui engendrent nos enfants.
Et les plantes qui font des graines concentrent le poison.
Et les bêtes qui mangent les plantes pour mettre bas leurs petits, elles le reconcentrent à leur tour.
Et l'homme qui dévore bêtes et plantes, il le recontre encore en bout de chaîne.
Et tous, ils disparaissent ou deviennent monstrueux... 2-24
Chef SEATTLE a dit et moi, Black Fox, je répète: "En mourant, vous brillerez avec éclat."
Je prophétise. Je vois l'arc-en-ciel et sur lui le guerrier Crazy Horse qui sourit.
Il revient sur la terre le Combattant de l'Arc-en-ciel. Il ira chasser l'homme cupide qui a mis son coeur dans son pare-flèche bourré de pièces d'argent. Il revient le Rainbow Warrior. " Contaminez votre lit et vous suffoquerez une nuit dans vos propres détritus." 2-25
Je vois le Combattant de l'Arc-en-Ciel chasser l'orgueilleux qui commande à la terre de lui servir de paillasson et de dépotoir là où, pourtant, la Nature en sait plus.
Oui je crois que le combattant paisible va, par sa parole de bon sens, au milieu de l'Apocalypse qu'édifient la vanité et la paranoïa des Goinfres Dominants, nous montrer la voie.
Je prophétise. Oui, il va montrer aux plantes, aux bêtes et aux hommes l'absurdité de la VIOLENCE, de la PUISSANCE et de la GOINFRERIE; Il va démystifier l'escalade mimétique de la vengeance. 2-26
Il va nous apprendre la pacification de l'existence. 27 Je l'entends le RAINBOW WARRIOR qui chante accompagné de la flûte et du tambour-médecine.
Il sourit et il chante:
"Paix sur Terre aux Plantes, aux Bêtes, et aux Hommes de bonne volonté" 28.
Notes de Lecture de "Black Fox": Bréviaire d'écologisme rédigé le 27ème jour après le Jour du Muguet, dans la 37ème année après le "Tonnerre-qui-fait-Fondre-un-Ville" par Old Fox Chris Jodon, pour illustrer aux petits enfants incrédules (et qui ont tellement tort de l'être!) de Luzarches et des chaumières environnantes, la Légende du Rainbow Warrior, le "Combattant de l'Arc-en-Ciel".
© Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
"© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "
Notes section 2: ( Sauter les notes de section 2 )
2-1.-↑ Iakota: Sioux occidentaux, Dakota du Sud.
2-2.-↑ Editions Time Life: "Les Indiens" (abrégé: TL) p.139 et Bulletin de l'UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature) de mai 1980 p.I4
2-3.-↑ QUID p.358 et 133
2-4.-↑ Bulletin UICN ci-dessus, pages 1 et 42.
2-5.-↑ En 1520, 6 millions d'Aztèques meurent de la variole apportée par les conquistadores. En 1801-1802, le peuple DAKOTA fut ravagé par la petite vérole. En 1829 sur décision d'Andrew Jackson, Pdt, 60.000 indiens Cherokees d'Oklahoma, pourtant assimilés, furent déplacés. Décimés par la rougeole, la dysenterie et la coqueluche, 14.000 seulement survécurent à la migration qui leur fut imposée. (TL 20-164)
2-6.-↑ TL p.24
2-7.-↑ TL p.23-24
2-8.-↑ Encyclopédie de l'ECOLOGIE, Larousse p.122
2-9.-↑ TL p. ...
2-10.-↑ TL p.152-153
2-11.-↑ Flammarion: "L'EQUILIBRE de la NATURE" p.98
2-12.-↑ idem p.99
2-13.-↑ Description du DUST BOWL par Fairfield Osborn dans "La Planète au Pillage" (Payot) p.6I: d'immenses surfaces furent ainsi dévastées en 1934 dans le Kansas, le Texas, l'Oklahoma, le Colorado et le Nouveau-Mexique; selon le processus décrit ci-dessus par Black Fox.
2-14.-↑ "Encyclopédie de l'Ecologie" Larousse p.122-123
2-15.-↑ Barry COMMONER, "L'encerclement" (Une "Bible des écologistes; CJ"). Editions: Le Seuil.
2-16.-↑ Voir dans Téléstar du 22 au 28 mars 1982 comment les Inuits sont "assimilés" par les Canadiens.
2-17.-↑ TL p. ...
2-18.-↑ TL p.223 et 20: le 25 juin 1876, date de naissance de Crazy Horse; en fait: "entre 1840 et 1845".
2-19.-↑ Toute cette page est inspirée d'un fait actuel authentique décrit dans le "Forum du Développement" de l'UNESCO, de Novembre 1981 mais (suite au 20 ci-dessous), ...
2-20.-↑ en fait, c'est le chef Matthews King qui fait la démarche des 800 âcres.
2-21.-↑ Lettre de Chef SEATTLE au gouvernement des E.U. qui voulait acheter la terre indienne en 1854.
2-22.-↑ Une tranche électronucléaire engendre 300kg de plutonium par an soit environ 1 kg par jour de fonctionnement.
2-23.-↑ "LE PLUTONIUM" Document gratuit de l'EDF: cinq tonnes de plutonium dans l'hémisphère nord. Or, 7 microgrammes provoquent l'apparition d'un cancer chez l'homme. Faites le calcul; et après l'ensevelissement, que deviendront les 7 microgrammes pestiférés dont la période de demi-vie est de 24.700 ans?
2-24.-↑ Voir "L'Escroquerie Nucléaire" Stock p.46-47 et "ECOTOXICOLOGIE" de François Ramade, chez Masson
2-25.-↑ Lettre de Chef SEATTLE au gouvernement des E.U. qui voulait acheter la terre indienne en 1854.
2-26.-↑ Lire René GIRARD: "Des choses cachées depuis la fondation du monde".
2-27.-↑ Herbert MARCUSE, à lire "L'Homme Unidimensionnel", Editions de Minuit.
2-28.-↑ L'Evangile reformulé par l'écologisme, sauf le respect que j'ai pour Jésus et sa doctrine de la non-violence.
Polycopié, distribué gratuitement (1982 et années suivantes) par "Les Amis de la Terre du Val d'Ysieux" Editeur;Copyriht: ©Christian Jodon. V.2007. Reproduction possible avec la mention: "© Christian Jodon, 28 mai 1982; www.sos-valdysieux.fr "
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LES PAYSAGES DE NOTRE TERRE
LE PAYSAGE
Je montrerai plus tard, dans une autre page, à quel point le sentiment du Beau, faculté esthétique de l'homme, a pu naître non seulement comme l'expriment nos grands philosophes (Platon, Sigmund Freud) de la contemplation de l'objet sexuel idéal, mais encore de la contemplation d'un paysage où l'homme avait pu adapter son génome, au fil des millénaires au point de d'incorporer à son ADN la beauté de la planète…
Ci-dessous, j'évoquerai quelques écrits récents sur lesquels je suis tombé par hasard et qui me sembent marquer, au milieu de la débâcle des environnements ancestraux, la prise de conscience actuelle de l'importance du "paysage" pour l'équilibre psychologique de l'homme. CJ
Extraits:
Il y a quelques années, Alain Roger montrait,dans son Court traité du paysage , à quel point l'art a influencé notre conception et notre jugement de la beauté du monde - rappelons qu'avant de désigner un lieu matériel, "paysage" nommait jusqu'au XVIIIe siècle un genre pictural, né en Italie à la Renaissance puis développé par les Flamands (...)
Le paysage change de point de vue par Patrice Bollon [23 juin 2005] Le Figaro Littéraire
Préoccupations écologiques, souci du "cadre de vie", importance grandissante du tourisme dans notre économie, etc. : le paysage est devenu en France un enjeu majeur. Mais où va-t-il ? Comment s'est-il bâti ? Ingénieur des Ponts et Chaussées et urbaniste, Marc Desportes explique son évolution, dans Paysages en mouvement, par celle des grands moyens et des grandes infrastructures de transport. Avec une conclusion assez pessimiste : la perte de sens de notre actuel cadre urbain. Un des plus célèbres de nos paysagistes, Grand Prix de l'urbanisme en 2003, Michel Corajoud, lui répond indirectement, et dit quel est pour lui le sens profond de son métier : retisser justement les liens distendus entre les hommes. (…)
Paysages en mouvement, transports et perception de l'espace XVIIIe-XXe siècle
de Marc Desportes, Gallimard, 420 p., 45 €.
Patrice Bollon [23 juin 2005] Le Figaro Littéraire
Michel Corajoud, paysagiste. Extrait:
" On s'est replié sur l'objet architectural. Et l'on se préoccupe trop peu aujourd'hui encore des relations entre les objets. C'est ce qui amène certains à estimer que la modernité est la simple juxtaposition d'objets, placés côte à côte selon la demande. Or, nous, paysagistes, devons nous occuper d'abord des modes d'association entre les choses, comment tout cela forge un ensemble acceptable. " (...) " C'est, au demeurant, là une des grandes lignes de clivage qui divise les architectes. Il y a d'un côté ceux qui voudraient faire des choses sans se préoccuper de leur contexte et, de l'autre, ceux qui s'acharnent à penser que le contexte doit être considéré! Cette question me touche d'autant plus que je suis suffisamment âgé pour avoir connu l'époque, comme on dit, de la tabula rasa. Quand on ne se préoccupait ni de la géographie ni de l'histoire des sites sur lesquels on bâtissait. Ce qui, on le sait, fut l'une des grandes erreurs de ces temps. "
" Le paysage ne devrait, en ce sens, appartenir à personne en particulier, rester le bien de tous."
De l'un des plus importants de nos paysagistes,
Michel Corajoud
Grand Prix de l'urbanisme en 2003 - (A suivre)
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Nicolas le Bien-Aimé!
Non! Pas çui-là; le mien! Le tien! Le nôtre: le Vrai!
Le héros de la dernière campagne présidentielle! Et pour un temps, le vainqueur... Lui que j'ai admiré dans ses exploits sportifs, et pas seulement dans son jogging quotidien; mais aussi dans ses ascensions fulgurantes, ses plongeons et ses remontées victorieuses! Lui, l'annonciateur de temps nouveaux pour la France: la fin de la paresse, tant musculaire que cervicale (Au boulot! Feignants de Français! Il est temps de retrousser ses manches! Finies, les trente-cinq heures! Finie, la retraite à cinquante ans! Plus de retraite pour les braves! La retraite le jour de sa mort!) Ah! le voilà l'Archange Nicolas, il est là je l'entends et ce n'est plus le vent des Andes qui me crie: "Je suis toujours vivant!". Toujours aussi jeune! Toujours aussi beau!
Il est, paraît-il l'un des Français les plus populaire du pays, et pour une fois, un écologiste est populaire en France!
On'arrête pas le progrès... nous disait-on lorsqu'en 1976 et 77, les Amis de la Terre" manifestaient, à Malville, contre la construction du Super-Phénix. Aujourd'hui, "l'objet" dont l'économie aurait permis de construire ou réparer un millier de collèges est une ruine industrielle qu'il faudra payer encore plus cher à la démolition. Mais ça sera toujours mieux qu'éponger un Super-Tchernobyl français!
Nous restons radicalement opposés à la construction d'un surgénérateur de Plutonium car cette substance, quasiment inconnue de la nature, est le super-poison, le Poison Immortel par quoi l'Humanité rendra la planète inhabitable. Lew Kowarski, un des constructeurs de la B.A. (ça veut pas dire "Bonne Action", grand benêt!), revenu en France en 1976, nous l'avait rappelé, un seul millionième de gramme de Plutonium, poussière invisible, entité impalpable, suffit à provoquer le cancer chez l'homme. Ajoutons que la période de demi-vie du Pu étant de 24.700 ans (env), il faudrait attendre pendant 250.000 ans la dépollution de la Terre après une tchernobylisation du Super-Phénix et de son environnement immédiat: la Savoie, le Jura. La France. L'Europe. La planète: ma Terre que j'aime!
Et encore... Que passent 250.000 ans! Il en restera suffisamment pour les quelques privilégiés (?... Ah! ah! ah!) qui auraient survécu. Il en resterait, après l'explosion du Super-Phénix, pour l'éternité de la société humaine, véhiculé par les courants atmosphériques et marins, polluant ces deux milieux tant chers à l'homme qu'ils sont sa chair: l'eau, l'air.
A l'époque, aux manifs de Malville, Nicolas n'était pas auprès de nous, à ma connaissance. J'ai été l'admirateur fidèle de ses exploits sportifs; j'ai lu sa biographie, et je ris... Jaune, peut-être. Amer, c'est sûr! Lorsqu'à cette époque (les années 70/80) j'invitais par voie d'affichage, la nuit, en catimini, mes élèves, leurs parents, la population du département à venir manifester avec nous, nous comptions sur les doigts d'une main le résultat des affiches... Au fond de ma classe, lorsque j'exposais les dangers de l'effet de serre, de braves petits cancres disaient à voix haute: "Ah! Il va encore nous faire chier avec son écologie"...
Les mêmes, aujourd'hui, admirent à la télé le Groenland qui fond; et les voilà en adoration devant Nicolas devenu le grand écologiste par l'onction duquel doivent passer les présidents de la République française! Quelle révolution dans ces petites cervelles! Tant mieux!... S'il est temps encore!
Mais j'aimerais qu'on mesure ici, dans ce phénomène,à quel point la science, la morale, la société ont cessé d'être enseignés aux chères têtes blondes par l'instituteur de la République; à quel point c'est aujourd'hui la télé qui fabrique la science, la société, la morale... N'est-ce pas un jeu dangereux de la part de médias qui sont concentrés entre les mains de quelques potentats de l'industrie et de la finance et de leurs affidés? N'est-ce pas la fin de la République? Une inconscience du corps social!
Lorsque nous débarquions du train, le 1er août 1977, retour de la seconde manif de Malville, lendemain de la mort de notre ami Vital Michalon, tué par une grenade de guerre tirée à tir tendu dans sa poitrine par les soldats du Pouvoir, pressés de lire la presse, nous découvrions la manchette du plus grand quotidien, sous la plume d'un éminent chroniqueur, spécialisé depuis en écologie - sans jamais prononcer ce mot: ça restera la rubrique "Régions". C'était écrit: "Si c'est cela l'écologie, alors non! à l'écologie!"
En 2007, dans le déluge des inlandsis fondus, voilà les mêmes qui chantent l'adoubement des présidents de la République par l'Ecologiste! Mais c'est encore par l'Homme des Médias!
Moi? Je suis heureux! Mon Messie est arrivé! Pourvu qu'il ne se brise pas le cou dans un futur exploit! C'en serait fini de l'écologie française...
© Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
"© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "
"Le syndrome du Titanic"
Nicolas Hulot
Calmann-Lévy, Paris; Avril 2004
Extrait de son Livre
Nous nous mentons à nous-mêmes. Collectivement et individuellement. Dans le regard que nous portons sur les êtres et sur les choses, dans notre refus de faire allégeance à la nature, dans notre obstination à croire que les problèmes s'arrangeront tout seuls. Et notre solitude est à l'image de notre aveuglement. "L'homme n'est plus relié à la réalité" notait René Dubos. Tous ensemble mais sans même nous en rendre compte, nous faisons fausse route.
L'iceberg est là. Chaque heure que nous abandonnons au scepticisme ou à l'immobilisme nous rapproche. Il faut vite changer de cap. Mais ce combat pour la planète, nul ne peut le déléguer aux autres. Tout le monde doit s'y engager et y voir l'enjeu profondément humaniste du nouveau siècle. Les années qui passent sont précieuses. Moi qui ne suis ni impatient ni pessimiste de nature, je le suis devenu par raison. Et j'aimerais que tout le monde ouvre les yeux comme je les ai ouverts. Il nous faut rééquilibrer cette société de l'avoir et du paraître vers une société de l'être. De gauche ou de droite, athée ou croyant, jeune ou vieux, chacun doit retrousser ses manches et relever ce fantastique défi. Il ne suffit plus en effet de prendre postion en faveur de l'écologie, d'accepter quelques réformettes, de croire que de légers efforts ici ou là suffiront à arranger les choses; il faut opter pour une écologie d'urgence. La photo la plus vendue dans le monde représente la planète bleue. Image sympathique, mais image tout de même; apaisante, dépassée, quasi virtuelle. Car la planète est devenue sombre, terriblement sombre. Inutile de se le cacher. Si dérangeant que cela soit. (...)
Nicolas Hulot; extrait de son livre.
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Adam et Eve, nos grands parents africains
La Terre
Des datations au potassium/Argon auraient permis d'assigner à la planète un âge de 4,450 à 4,650 milliards d'années. Elle se serait formée, à température relativement basse, par accrétion d'astéroïdes de dimension kilométrique, secondairement agglomérés à tel point que la chaleur interne serait apparue.
Les premières formes de vie peuvent être évaluées à 3,3 milliards d'années; ce sont des traces de bactéries.
Les ères géologiques sont, après le Précambrien, l'ère Primaire ou Paléozoïque (-570 millions d'années); le Secondaire ou Mésozoïque: (-260 millions d'années); le Tertiaire ou Cénozoïque (-65 millions d'années); le Quaternaire (-1,5 million d'années): dates de début des ères. La dernière seulement a vu paraître les hominidés puis les hommes. Elle comporta quatre glaciations: Günz (-1,2/0,7 Md'A); Mindel (-0,65/0,35 Md'A); Riss (-0,3/0,12 Md'A); Würm (-80.000 / 9.800 ans).
L'homme moderne vient bien d'Afrique. Anthropologie: Une nouvelle étude porte un coup dur aux tenants d'une origine multiple d'« Homo sapiens ».
Le genre Homo est apparu il y a 2 à 2,5 millions d'années. Dans ce genre, la seule espèce à survivre aujourd'hui est Homo sapiens. On estime qu'elle est apparue il y a quelque 200.000 ans. Mais est-elle née en un seul endroit ou en plusieurs? Une nouvelle étude anglo-nippone met à mal les derniers arguments en faveur d'une origine multiple(*) et fixe le berceau de l'homme moderne en Afrique sub-saharienne. «L'étude est originale parce que les données de génétique des populations sont complétées par des données craniométriques assorties d'un test de scénario», explique Évelyne Heyer, professeur au Muséum et spécialiste de l'évolution génétique humaine.
Les auteurs ont en effet recueilli un nombre impressionnant de données. Dans leurs recherches, ils ont combiné l'étude de 800 marqueurs génétiques différent chez nos contemporains avec les données morphologiques de 6000 crânes de moins de 2000 ans venant de 105 populations à travers le monde et sur lesquels ils ont analysé 37 caractéristiques morphologiques différentes (taille du nez, de la bouche, etc...).
(... Extrait)
Les données recueillies montrent également que la colonisation de la Terre par l'homme s'est effectuée en moins de 100.000 ans
Le tableau chronologique final est donc qu'Homo sapiens serait apparu il y a 200.000 ans. Il aurait tout d'abord étendu son territoire africain pendant 80.000 ans avant de coloniser le Moyen-Orient il y a donc 120.000 ans. Puis il aurait colonisé l'Europe et l'Asie il y 60.000 ans. Le dernier continent colonisé par le détroit de Béring (*) aura été l'Amérique du Nord.
Isabelle Brisson. Le Figaro, 280707 (*) Nature,19 juillet 2007. (*) ou Behring
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AUX ARBRES
Victor Hugo
"©Poète, romancier, auteur de théâtre, critique, journaliste, historien, Victor Hugo est sans conteste l'un des géants de la littérature française. Pourtant les critiques à son égard ne manquent pas. André Gide lorsqu'on lui demandait quel était le plus grand poète français, répondait, mi-admiratif, mi-ironique : " Victor Hugo, hélas". Quant à Cocteau il n'hésitait pas, lui non plus, à se moquer : "Victor Hugo était un fou qui se prenait pour Victor Hugo".
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Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme!
Au gré des envieux la foule loue et blâme;
Vous me connaissez, vous! -- vous m'avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m'occupent tout un jour.6-1
La contemplation m'emplit le coeur d'amour.
Vous m'avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l'esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l'oeil dans l'herbe profonde,
L'étude d'un atome et l'étude du monde.6-2
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m'avez vu fuir l'homme et chercher Dieu!
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent sème au loin les plumes blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s'élance,
Je suis plein d'oubli comme vous de silence!
La haine sur mon nom répand en vain son fiel;6-3
Toujours, -- je vous atteste, ô bois aimés du ciel!
J'ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère!
Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,6-4
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des antres sourds,
Ravins où l'on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives!
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime!
Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêt! c'est dans votre ombre et dans votre mystère,
C'est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m'endormirai.
6-5. VictorHUGO; Juin 1843.
(Extrait: licence ABU déjà citée page Chroniques Actuelles)
Notes section 6: ( Sauter les notes de section 6 )
6-1.-↑ Loin d'Hernani (1830, hélas!). Le théâtre romantique a bousculé la règle classique des trois unités, ne gardant que l'unité d'action. Le langage s'est vulgarisé. D'où le scandale d'Hernani. Mais là où Stendhal préconisait la prose, Victor ne voulait que le vers. Le vers « miroir de concentration » qui amplifie l'effet des objets qu'il reflète, faisant « d'une lueur une lumière, d'une lumière une flamme » et qui « communique son relief à des choses qui, sans lui, passeraient pour insignifiantes et vulgaires » (Dans la "Préface de Cromwell").
6-2.-↑ Quoi de plus banal qu'un arbre ! Mais comme il nous emmène loin parmi les arbres grâce à ses vers, le Père Hugo !
6-3.-↑ L'article de Wikipedia sur la "Bataille d'Hernani, en 1830"
6-4-↑ Emile Verhaeren dira, dans "La Joie":
« Dans le vaste horizon où s’éblouit mon œil,
Arbres frissonnant d’or, vous êtes mon orgueil; »…
“La Joie, dans La Multiple Splendeur”- Mercure de France Editeurs -
6-5.-↑ Qui a dit: « Victor Hugo, hélas! »
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"Terre! Terre! Terre!..."
Ô ma planète bien-aimée
Mon beau vaisseau jamais ancré
Musardant en l'éternité...
Il faudra que ma vie finisse
Et que jamais plus je ne puisse,
Amant de tes féminités
Que je n'aurai pas visitées
Voir tes splendeurs qui me ravissent
Éclair trop bref que j'ai passé...
© Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
"© Christian Jodon - SGDL, mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "
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"Pour une poésie populaire française"; et une pétition contre l'autoroute et le TGV du Val d'Ysieux.
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